10 ans d’histoires branchées : que réservent les 10 prochaines?

Temps de lecture estimé : 10 minutes pour ce spécial 10 ans

COVER-10 ANS - Blogue Sylvie Bédard

Tout un moment pour moi : DIX ANS cette année que j’écris pour vous. Et quelle dernière décennie, faut-il le préciser? Je souhaite donc partager mon aventure à titre de blogueuse, débutée le 7 décembre 2007. Voilà une chose dont je suis fière : j’ai écrit et publié pas moins de 328 articles et plus de 150 000 lectures par plus de 65 000 lecteurs même si je dois admettre que ma dernière année a été plutôt au ralenti. J’ai voulu construire un livre avec ces articles, ça donnait une brique de 798 pages!!! Il en faut de l’énergie pour nourrir un blogue, au-delà de la recherche d’idées et des sujets, j’ai investi au moins mille heures dans ce projet un peu fou, mais nécessaire pour faire de la place dans ma tête. Chaque fois que je partageais mon savoir et mes opinions, je pouvais continuer de me nourrir sans souffrir d’infobésité, comme une purge sur mon disque dur interne. Cet article est une belle occasion de faire le point sur la dernière décennie et sur ma vision de la prochaine. Prenez un bon café, et puis voyagez avec moi… j’ai besoin de vous pour continuer ce périple au cœur de la complicité que j’établis avec vous et tous les autres humains qui regardent passivement la vie qui change devant nous. Il faut prendre position, et ce blogue travaille fort pour éveiller les consciences et améliorer les connaissances et la compréhension du Web. Allons-y pour une petite autopsie de la dernière décennie et les perspectives pour la prochaine.

Des débuts prudents et timides à l’égard du Web

Je me souviens dès le départ de ce blogue en 2007, je venais de terminer une aventure coûteuse en argent et émotions dans le nouvel univers naissant de la Web télé, la vidéo sur IP, la webdiffusion en direct et en différé… que de noms pour exprimer une chose : diffuser du contenu vidéo en direct et différé sur le Web. J’avais tellement investi à évangéliser les dirigeants d’entreprise aux bienfaits d’une telle pratique pour leur entreprise que je sentais que je devais continuer à partager cette connaissance naissante du Web et ses milles potentiels avec cette profonde conviction que l’avenir était numérique. Imaginez en 2006, personne ne pouvait réellement imaginer regarder une vidéo sur son ordinateur sans une connexion Internet digne de ce nom (ce qui était rare à l’époque, surtout dans les entreprises), un ordinateur avec une carte graphique de bonne qualité et un processeur assez puissant ainsi qu’une mémoire vive assez grande pour pouvoir diffuser des dizaines d’images sans heurts. Imaginez maintenant quand je disais que nous allions regarder la télé dans le creux de la main, tout le monde trouvait ça bien drôle et surréaliste. Surtout avec un mobile de type flip dans le fond de la poche… et pourtant?!

J’avais tellement à dire que je ne pouvais pas passer à côté de la création de ce blogue. Je me suis investie de la mission d’éduquer le public et les entreprises à mieux saisir les opportunités du Web. LinkedIn, Facebook, Twitter, YouTube, Google… que de noms étrangers et insignifiants à l’époque. Le « Far Web » comme j’aimais le résumer. Tant de choses à comprendre, à apprendre et surtout à intégrer pour la survie des affaires. Je me sentais comme une éclaireuse… et je l’étais. Je voulais tellement que tout l’aspect positif de l’interconnexion entre humains dans une petite planète soit accessible pour tous. Je lisais, et je lis encore des tonnes d’infos. Je suis branchée continuellement et j’avoue que je suis très sélective dorénavant. Le temps n’est pas élastique, enfin presque. Il faut tout de même trier. Si vous me lisez, vous voulez que ça soit constructif pour vous. Vous voulez que votre temps soit bien investi. Moi aussi, j’évite donc la chronophagie.

Une toile tissée sur un système économique dépassé

Je peux dire que j’ai largement contribué à faire passer les frileux de l’autre côté dans le monde virtuel avec mes écrits. J’ai invité tant de monde dans cet univers en leur tenant la main. J’ai été la plus fervente défenderesse des bienfaits du numérique. Comme j’aime le dire : la pluie fait pousser aussi bien les tomates que la mauvaise herbe. J’ai investi en argent et en temps dans des dizaines de projets à caractère numérique. J’ai inventé des modèles d’affaires, j’ai jonglé avec les difficultés de vivre dans un pays décalé par rapport au monde de l’univers virtuel. D’excellentes idées bousillées, trop tard pour être les premiers faute de financement, faute de gens pour y croire. Faute d’accès aux plateformes de sociofinancement aussi à l’époque. J’aurais aimé être Américaine à cette époque. J’ai plutôt regardé passer le succès des autres après avoir été millionnaire sur papier pendant 3 mois. Je le dis parce qu’à l’époque Skype, WebEx et d’autres chanceux de la loterie des capitaux étaient sur la même ligne de départ. C’était ça vivre dans un Canada et un Québec déconnectés qui collectivement ont regardé passivement passer les Amazon, E-Bay, et I-tunes de ce monde au détriment des Archambault ou Renaud-Bray à l’époque. Je l’avoue, j’ai encouragé ce phénomène d’achat en ligne sans frontière. Criant chaque fois : réveillez-vous, je veux acheter mes chansons sur le Web au Québec, mais en vain… me tournant en dépit vers I-Tunes qui révolutionnait la consommation de la musique. On l’a vu le train passé, et même si tout le monde le voyait filer à vive allure, on dormait sur l’illusion que tout ça passerait. C’était une mode au mieux, et au pire, un simple réseau de distribution parallèle! À cette époque, et récemment encore, j’entendais encore des gens d’affaires dire : je ne crois pas à ça le Web, comme si c’était un acte de foi. Alors, nous sommes dorénavant à la remorque des É.-U. en matière de commerce électronique, et même de l’Europe, parce que notre balance de gestionnaires et investisseurs visionnaires locaux a penché trop longtemps en faveur du statu quo. Il n’y a qu’à regarder les grandes surfaces qui peinent à survivre et dont les morts se cumulent dans le cimetière des « Maman, j’ai raté le train! ».

Nul besoin d’être un génie pour savoir que lorsque nous perdons de l’avance, le simple fait de ne pas bouger, nous fait reculer. Nous pédalons depuis pour rattraper des années d’inertie. Tout coûte plus cher, et les meilleures ressources sont accaparées par les premiers. Il y a trois ans à peine aider un client à être premier dans les moteurs de recherche de façon organique (SEO) prenait environ 3 à 6 mois. Aujourd’hui, il en faut le double et le triple en temps et en efforts. Faut-il abandonner pour autant? Pour Google la réponse est simple : payer des espaces publicitaires. Voilà pourquoi la bataille est si difficile, Google est le metteur en scène, l’acteur, le théâtre et le producteur… nous sommes les spectateurs!

Une catastrophe chaque jour sous nos yeux de voyeurs

Chaque semaine, j’ai écrit un nouvel article pour dire tout haut, ce que beaucoup pensent tout bas… et parfois pour dire tout simplement à ceux qui ne voient pas. Toujours axée sur la seule volonté que nous prenions l’avenir numérique en main et que nos collectivités se branchent pour mieux saisir le plein potentiel du Web. Ainsi, petit à petit, Facebook a conquis le cœur des jeunes d’abord, puis des autres ensuite. Ils ont fui vers Instagram pendant que maman et grand-maman voulaient devenir amies avec ses enfants et petits-enfants sur Facebook. Le public se branchait petit à petit sur les plateformes de réseaux sociaux et pendant ce temps, les entreprises regardaient ébahies le phénomène de masse qui se produisait tout en se demandant comment profiter de tout ça. Évidemment, la mutation de l’attention vers les téléphones intelligents a grugé peu à peu les parts de la télévision, les journaux imprimés, et même les discussions en famille.

Depuis dix ans, j’ai donné des formations aux entrepreneurs, aux gestionnaires d’entreprises et aux élus pour comprendre et saisir ce nouvel échiquier virtuel. Dans les débuts, je vivais des situations à faire dresser le poil sur les bras lorsque j’entendais les balivernes des uns et des autres. Le pire était d’entendre, encore aujourd’hui, tels des Rock stars du Web, des conseils sur comment « exploiter » les publics, comment les manipuler pour acheter davantage chez vous. Vous me direz que pour une marketeure, c’est le métier depuis la nuit des temps : exploiter le consommateur. Mais non, pas lorsque l’on fait du marketing de sens. L’expérience client prime, et servir devient vendre. Le Web, c’est le summum pour améliorer sa Présence. Je me suis donc mise à l’écriture dès 2008 sur un livre que j’ai réédité une fois en 2014 et toujours d’actualité : Le nouveau P du marketing : la Présence, ou comment redéfinir les relations avec les clients et les employés à l’ère numérique. Un livre qui est d’actualité plus que jamais, puisque nous sommes plus conscients des dérives actuelles en matière de relations clients et employés.

L’ascension et la démocratisation du Web

Le jour est vite venu où la majorité du monde s’est connectée sur Facebook. Facebook est devenu le plus grand pays du monde avec 2 milliards d’usagers en juin 2017. Tout ça en une décennie. Il y a 7 milliards d’humains sur terre, facile de comprendre qu’une présence sur Facebook c’est de l’or pour les annonceurs, et encore plus pour Facebook. Ainsi, toutes les gratuités (comprendre règles favorisant l’évitement de la publicité) pour les entreprises que j’avais fortement encouragées à faire leur page commerciale sont parties peu à peu. Parallèlement, les algorithmes de diffusion sur nos murs personnels ont commencé à décider pour nous, ce qui pourrait avoir de l’intérêt, mais surtout des publications payantes ont peu à peu polluées notre espace personnel. Un peu pour nous rappeler que nous sommes des invités dans le réseau de Facebook, nous ne sommes pas chez nous. Ce matin, je suis allée sur Facebook, j’en suis à un volume de publicités parfois supérieur à mes publications d’amis. En fait, encore pire, certains amis sont disparus de mon mur. Si je n’interagis pas avec leurs publications, Facebook en conclut que je n’ai pas d’intérêt. Ils disparaissent et pourtant plusieurs d’entre eux publient chaque jour à mon insu. Nous sommes pris dans les mailles du filet. Facebook et Google ont dérivé la majorité des revenus publicitaires. Les journaux meurent, comme notre intérêt pour la télé traditionnelle. Tout s’écoute sur le Web, et à chaque facture du câble télé je me pose la question : pourquoi je paie pour ça? Plusieurs ont arrêté de se poser la question. Comme le téléphone fixe pour moi, il y a au moins 7 ans. Notre paysage économique a été métamorphosé par le Web. L’appât a été parfait. Tel que c’était prévisible, toutes les gratuités ont eu gain de cause sur notre jugement collectif. Un piège tellement enfantin, on se demande comment a-t-on pu mordre aussi naïvement. Des dizaines de blogues en parlaient et en parlent encore, mais aujourd’hui, c’est normal. Nous préférons nous faire dicter ce qu’on voit, plutôt que perdre le privilège de voir ce qui se passe près de nous, et surtout consommer la gratuité à outrance. Nous préférons les petites nouvelles de notre monde que les grandes nouvelles du monde. Le métier de journaliste est à la portée de tous. Le métier de photographe presque devenu désuet. Même être marketeur professionnel, ou autres métiers connexes, est devenu accessible à tout le monde avec des formations pour copier des recettes miracles toutes faites et désuètes. En matière de Web, si tu arrives deuxième, c’est déjà trop tard. Pourtant, ça marche la formule « recette ». Je me suis toujours abstenue de cette méthode, comme celle de rentabiliser mon blogue avec de la publicité. En fait, je paie WordPress pour ne pas en diffuser. Je me trouve un peu pathétique parfois, mais mon intégrité le commande, même si je sais que je serais  pardonnée de vouloir rentabiliser mon temps. Je déteste qu’on veuille me vendre des lunettes ou des croquettes pour chien pendant que je lis un article, je ne le fais pas aux autres. C’est ma façon de garder mon indépendance.

Oui, cher(ère) complice, nous en sommes là. Le Web à la portée de tous, la connaissance et la pseudo information à chaque détour, le n’importe quoi pour n’importe qui en quelques clics. La vérité déguisée, manipulée, le mensonge maquillé, les faits sans fondement, les balises décidées par les algorithmes, le fief des manipulateurs, menteurs et hackers. Mais aussi l’eldorado des révolutionnaires qui veulent changer le monde positivement, les rassembleurs, les influenceurs, les écologistes, les scientifiques, les altruistes, les collaborateurs et les éveilleurs de conscience. Les dernières semaines ont aussi prouvé le pouvoir de la mobilisation avec #metoo et #moiaussi. Mais attendez, l’histoire continue. Vous pouvez réchauffer votre café.

La mutation de l’espèce humaine au fil des générations

Pour la plupart des parents qui élèvent des enfants nés après l’an 2000, la vie au quotidien est un véritable défi. Certes, on peut tout faire sur notre portable, enfin tout faire pour se simplifier la vie. Mais, le problème est aussi que ce piège habite tous les foyers du monde munis de connectivité cellulaire et Internet. Nous développons de la cyberdépendance de plus en plus jeunes, et à cet effet, même les adultes ne sont pas épargnés. Je n’ose pas calculer le temps que je passe sur mes propres écrans, mais je me soulage en me disant que je travaille avec ces outils… donc, je travaille tout le temps!!! Et je ne suis pas la seule. Il faut passer une soirée avec moi ou quelques amis en affaires, ou cyberdépendants pour voir à quel point les mobiles devraient être greffés aux mains… la nomophobie à l’état pur. Les alarmes de toutes sortes qui sonnent pour un « j’aime » ou un « je veux » auxquels nous nous empressons de répondre comme si nous étions les esclaves volontaires de tout le monde. Il n’y a plus de frontières entre travail et loisir, privé et public, et franchement, il faut tirer des lignes. Moi, la fervente défenderesse de la Présence, je dois dire que le message semble en dissonance sans un peu de clarifications.

Prenons les gens d’affaires qui gagnent leur vie en vendant des produits et des services. Facebook notamment, calcule le temps de réponse moyen à vos demandes et le partage à vos prospects/clients. Toujours sur le pied d’alerte, difficile de résister de répondre à de petites questions toutes simples qui conduiront à un achat probablement. Le nouvel entrepreneur branché sera donc continuellement en réaction à ces demandes qui surgissent à toute heure. D’autant qu’il sait que Facebook dévoile ses performances au niveau du service. C’est devenu une quasi-dictature et il faut être détaché du résultat final pour en être épargné. Bref! C’est le paroxysme de la Présence et je pense que les clients (nous) sont dorénavant plus « déconnectés » de la réalité que jamais. Les exigences ne cessent de croître et ce n’est pas ces derniers qui vont changer leurs attentes. Ils demandent, ils reçoivent, ou ils vont ailleurs. Je parle du client Empereur.

Pas étonnant qu’une cliente à moi ne veuille plus ouvrir son compte Messenger, on dirait des vautours qui attendent de la voir en ligne pour lui poser des questions. Mais comment résister et demeurer Présent? Comment être parent et mettre des limites? Comment gérer ce manque de civisme collectif qui monte en flèche au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans ce cyber fléau? Comment arrêter de texter à tout moment, partout, pour un oui ou un non? Ce ne sont pas les lois qui freineront les plus accrocs. De toute façon texter au volant est certes dangereux, mais vous n’avez jamais été assis à côté d’une amie à moi qui se met du rouge à lèvres en conduisant ou un autre qui mange en conduisant… on ne peut pas arrêter tout avec le bâton. Il faut enseigner le jugement, les espaces libres à la communication et les autres au silence régénérateur.

Il faut aussi enseigner aux jeunes la patience, l’attente, et les désintoxiquer de l’immédiateté où il suffit de demander pour recevoir. Il faut vivre près des jeunes pour voir à quel point leur santé physique et mentale se dégrade avec la cyberdépendance. C’est la loi du moindre effort qui prime et surtout la fuite de ce qui est sain pour eux avec en prime un déficit d’attention et une hyperactivité inquiétante. Tous les vices accessibles (sexe, drogue, jeux de hasard, et j’en passe) rendent aussi les plus vulnérables à des niveaux de plus en plus inquiétants dans leur dépendance. Vous voulez des exemples? Lisez les nouvelles, chaque jour un drame humain. Le Dieu des jeunes est devenu Google, Apple, Androïd, Nintendo Switch. Au passage, les cas de maladies rares et de cancer parmi les enfants ont augmenté drastiquement. Nous nageons dans les ondes. On se fait frire la cervelle avec nos cellulaires, et les compagnies de télécom minimisent le fléau. S’il fallait voir les ondes qui nous entourent, nous ne pourrions plus voir ce qui est devant nous. Nous vivons dans une grosse onde amalgamée de Wi-Fi et cellulaire et en milieu urbain, c’est juste au-delà de l’entendement.

Il n’y a pas à dire : l’humain est en mutation sur tous les plans. L’ADN se modifie, et je ne crois pas que ce soit pour le mieux. Dans quelques années nous ressemblerons à des têtes enflées et des corps de muscles atrophiés. Vu sous cet angle, les extraterrestres ça sera nous. Ils sont peut-être ce nous du futur, qui sait?

Une prochaine décennie en quête d’humanité

Après avoir prêché pour l’adoption des nouvelles technologies, et surtout pour avoir crié l’urgence de s’adapter ou mourir, particulièrement pour les entreprises, je m’attarde à un autre combat qui me tient à cœur. Un combat contre le cannibalisme menaçant de l’intelligence artificielle sur la hiérarchie de l’espère humaine et au passage la réalité augmentée qui apporte son lot de préoccupations pour déterminer jusqu’où irons-nous avec l’humain alternatif. Vous trouverez sans doute alarmiste mon propos, mais je suis réellement inquiète. Je regarde les humains se déshumaniser petit à petit en perdant la vision périphérique au profit de la vision à courte vue. Malgré un livre, 328 articles pour soulever les dangers de ne pas avoir de Présence, des conférences, des formations et j’en passe sur l’importance de faire des technologies un excellent serviteur, et non, un maître, force est de constater que je suis une goutte d’eau dans un océan de pixels négatifs, voire cancérigènes. La nature intrinsèque de l’Homme est multipliée, exacerbée par l’effet de levier du Web, qu’Il soit bienfaiteur ou malfaiteur. Le bien collectif prend des allures de prétexte pour enrichir quelques futés au nom de l’économie collaborative. Des Uber, AirBnB et j’en passe en sont quelques exemples. Pourtant, il y a tant de belles histoires qui auraient été impossible sans la connexion Internet. Le succès est devenu plus accessible pour plus de monde, et c’est tant mieux. Les entreprises ont dû plonger dans une période d’humilité avant de rebondir dans une période d’ajustement et de créativité. Pour certains avec succès, et pour d’autres, trop tard.

Pendant ce temps, Montréal annonce fièrement l’arrivée massive de laboratoires de recherches sur l’intelligence artificielle, un nouvel eldorado des géants des TI qui veulent tous s’approprier la plus grande part du gâteau pour gouverner et contrôler encore mieux ce Nouveau Monde déjà sous leur emprise.

Je dis bravo à toutes ces technologies dites d’intelligence artificielle qui promettent des bras pour ceux qui n’en ont pas, des yeux à ceux qui ne voient pas, des solutions aux entreprises qui manquent cruellement de main-d’œuvre à petits salaires pour faire des tâches répétitives, ingrates et dangereuses. Je pense que nous avons besoin toutefois de bien encadrer le développement de ces technologies qui pourraient bien rétrograder les humains comme des citoyens de seconde classe. Faut-il le dire, ces machines capables de penser, d’apprendre, d’évoluer et plus encore seront 1000 fois plus rapide et intelligent que nous pauvres humains. Dotés d’une intelligence artificielle, n’importe lequel tas de ferraille pourrait bien développer des sentiments de supériorité particulièrement si son intelligence est programmée par les divas du Nouveau Monde. Des chercheurs qui se croiront très brillants de doter leur « machine » de facultés supérieures à l’Homme et capable d’apprendre et digérer des milliards d’octets de données à chaque instant.

Vous avez tous été témoin et acteurs de la dernière décennie, de la vitesse à laquelle notre environnement social a muté sous notre regard ahuri et empreint d’une certaine dose d’inconscience face aux conséquences désastreuses de l’invasion de la connectivité et du multiécrans. La cocaïne électronique littéralement, la drogue des temps modernes où personne ne peut imaginer revenir en arrière. Pas moi, c’est certain. En moins de dix ans, voilà ce qui est arrivé avec des moyens modestes, une accessibilité déconcertante pour monsieur et madame tout-le-monde.  Imaginez maintenant, avec des moyens qui dépassent l’entendement, récoltés à même notre propre laxisme et propension à consommer la drogue électronique fournie gratuitement (ou presque si on exclut les appareils pour la consommer), une accessibilité impossible et à la portée seule de nos « pushers » électroniques? Voilà, ce qu’est l’intelligence artificielle à moyen terme. Une arme contre les humains qui pourra tantôt les défendre pour le bien des subventions, et tantôt les dominer pour le bien de quelques mégalomanes… à la Trump. Ce n’est pas de la fiction, merci à Donald pour cette expérience en direct du pouvoir entre les mains d’un homme déphasé. Comme le Dr Michio Kaku le dit si bien : les prédictions sont difficiles surtout celles du futur!

Finalement qui déterminera ce qui est éthique, souhaitable et moral? Qui déterminera les choix, les limites, les contrôles, les sphères réservées 100% aux humains au fur et à mesure qu’on devra faire des choix entre une belle machine habillée en femme, comme Sophia (1re citoyenne androïde) et une personne réelle? Qui veillera à ce que les machines restent au service de l’Homme et qu’elles ne soient pas munies de programmes invisibles contrôlés par leur fabricant? J’écoute trop de films de science-fiction me direz-vous? Mais si c’est cela qu’il faut pour éveiller vos consciences, mettez-vous-y dès maintenant. Des films comme Gattaca pour comprendre la sélection génétique qui nous guette, comme Ex Machina pour comprendre le potentiel revers du robot, Walle pour comprendre où pourrait aller notre propension aux habitudes malsaines, Blade Runner 2049 pour imaginer un monde où même  l’amour sera virtuel et la révolte des machines qui voudront être égaux aux humains… Il y a tant de films où les méchants sont en mal de pouvoir en prenant le contrôle de nos téléphones, nos ordinateurs, notre eau, la manipulation de l’opinion publique et j’en passe.

Voulons-nous laisser les gouvernements décider de notre sort en tant qu’humains non artificiels? Il faut déjà investir dans des comités de gouvernance qui auront comme mandat de décider collectivement, si la voiture automatisée de Google doit choisir qui entre frapper une dame âgée qui traverse à droite, ou un jeune cycliste qui arrive dans l’autre sens? Et si la fabrication de robots doit rester de formes androïdes et non humaines et se limiter à des fonctions physiques de soutien. Si une intelligence artificielle aura le droit d’avoir un corps de forme humanoïde? Et qui contrôlera cette intelligence capable de s’auto défendre comme dans 2001, l’odyssée de l’espace? Nous ne sommes plus dans la science-fiction. La réalité est là. Nos cerveaux imaginent déjà comment construire l’apocalypse de demain sous notre regard passif.

J’attends encore un plan numérique de nos gouvernements pour nous aider à rattraper le retard accumulé au cours de la dernière décennie. Nous parlons de l’industrie 4.0 et comme si tout n’était pas assez compliqué, pendant que les plus en retard pensent au commerce électronique ou à l’installation d’une solution de gestion d’entreprise (ERP) ou pire à continuer la gestion du développement des ventes avec un fichier Excel, et nous voilà aux portes de l’intelligence artificielle pour ajouter aux défis devant. Engager R2D2 ou Samantha pour emballer les boîtes…ou les clients?

Je dois admettre que je ne sais guère par où commencer avec ce défi qui je crois devrait recevoir des investissements massifs pour la réflexion collective avant qu’il ne soit trop tard. Pour chaque dollar en recherche, il devrait y en avoir un en gouvernance. Sophia a déjà fait son entrée à l’ONU, et l’Arabie Saoudite lui a décerné le 1er certificat de citoyenneté pour un robot. Maintenant Harmony, la nouvelle poupée gonflée…. d’assurance et de capacités de vous faire jouir, car elle connaîtra vos désirs!!! C’est par la voie du sexe que le commerce en ligne s’est développé en passant, Blade Runner 2017!  L’IA s’immiscera de la même manière, après on acceptera Honey la serveuse automate. Je ne suis pas contre l’avancement des technologies, mais lorsque je vois ce que la dernière décennie a laissé comme traces sur les humains, ce que nous devons déjà réparer comme conséquences sociales, en santé, en environnement, en révolution économique, ce que nous avons à redéfinir dans nos rapports entre humains, sans parler des défis environnementaux. Je me dis agissons maintenant. Ne faisons pas la même erreur, car les conséquences pourraient être le renversement du pouvoir et de la hiérarchie, un peu comme George Orwell nous l’avait prédit dans son livre 1984, dont le film sorti en 1984.

Et cette fois-ci, nous ne sommes pas face à une menace de cyberdépendance telle que léguée par la dernière décennie, mais bien de cyber ingérence et d’omnipotence prévisible. Le phénomène sera irréversible une fois que nous emprunterons ce chemin et les balises doivent être placées avant, et non après. Cela inclut aussi les débats éthiques sur la génomique. La dernière décennie devrait au moins nous aider à prévenir que guérir. Cette une vague d’avancées technologiques plus pernicieuse et dangereuse que jamais et probablement la dernière étape d’une période critique de l’humanité tant au niveau environnementale que sociale.

Du pain sur la planche d’ici 2027

Vu sous cet angle, je dirais que j’en aurai long à dire au cours des prochaines années. J’ai aussi un projet en démarrage, un site de formation en ligne pour aider à contrer l’analphabétisme technologique pour le grand public et pour les entrepreneurs en quête de savoir et d’autonomie. J’aurais dû le faire bien plus tôt, mais j’étais trop occupée à faire des formations, des conférences, de la consultation, du coaching, du bénévolat, écrire un livre, des articles de blogue… Je vais continuer de veiller à ce que nous soyons maîtres des technologies et non ses esclaves.

Au fond, je souhaite que nous ayons assez de Présence collectivement pour mettre l’humain en priorité à chaque instant et les technologies au service d’une meilleure qualité de vie et non de la détérioration de notre capital humain.

Merci de partager ce 329e article, de me suivre, de m’avoir lu pendant ces 10 années….et surtout de vous joindre à moi pour ne pas se laisser déshumaniser.

C’est un cri du cœur… pour les générations qui suivent! Quel héritage souhaitons-nous laisser à nos enfants? Un proverbe amérindien le résume bien : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous empruntons celle de nos enfants! »

SVP Partagez encore et encore pour que le débat commence dans les chaumières… pour que nous soyons éveillés collectivement. N’oubliez pas de me partager votre vision des prochaines années et/ou opinions sur le chemin parcouru de la dernière décennie. J’ai une surprise pour vous. Vous pouvez également me donner les sujets de formations en ligne qui vous intéressent.

Blogue La Présence des idées

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