Au moment d’écrire ces lignes, le grand concert en l’honneur de Barack Obama est sur le point de commencer et l’assermentation du 44ème président des États-Unis (et 1er à titre de président Afro-américain) aura lieu dans 2 jours. La planète retient son souffle alors que finalement nous attendons tous l’assermentation du 1er « espoir mondial ». Un signe incontestable que la sagesse populaire est en révolution!
Aujourd’hui dans Google nous retrouvons :
· 275 000 000 liens pour Obama et 110 000 000 pour Barack Obama
· 22 934 000 liens pour les mots crise alimentaire et « food crisis »
· 56 450 000 liens pour les mots « crise économique et « economic crisis »
Les deux crises les plus importantes ne totalisent pas ensemble la moitié de l’intérêt global pour Obama lui-même. C’est dire à quel point notre nouvel ami suscite beaucoup d’attention. Il y a à peine quelques années, je n’aurais pas pu partager ces informations avec vous parce que je n’en aurais pas eu la moindre idée. C’est dire à quel point la révolution sur l’accès à l’information et sur la diffusion de l’information a changé à jamais le contrôle de l’information dans notre société. Les pseudos experts ont la vie difficile depuis que la richesse de l’information est partagée plus équitablement.
En lisant le livre « Freakonomics » pendant mes vacances (faut bien accompagner les margaritas!), j’ai découvert des vérités que je soupçonnais, mais, outre mon intuition, elle ne tenait pas à grand-chose. Les découvertes sont nombreuses et je ne veux pas en faire l’objet de mon blogue. Par contre, une fois de plus j’ai réalisé à quel point la sagesse populaire que les auteurs analysent et assassinent dans le livre est dictée par des perceptions et des informations biaisées et colportées par les médias. Grâce à l’étude approfondie et originale des données économiques, l’économiste atypique Steven D. Levitt nous démontre pourquoi une piscine est plus dangereuse pour vos enfants qu’une arme feu et pourquoi les agents d’immeubles vendent leur propre maison plus cher que la vôtre. Autant de découvertes à priori insignifiantes, mais absolument révélatrices sur l’importance du pouvoir de l’expert quant il s’agit de partager et manipuler les informations, pouvoir largement menacé par de tels livres et par le pouvoir viral de l’Internet évidemment.
La bonne nouvelle (et aussi la raison principale pour laquelle j’ai aussi accroché sur le pouvoir de l’Internet) c’est que nous pouvons individuellement se responsabiliser et trouver les réponses à nos questions sans pour autant négliger les compétences de certains experts fiables et réputés. Nous pouvons à tout le moins, trouver les bonnes questions à poser et en cela réside le véritable pouvoir de l’information : oser critiquer et questionner. Il ne s’agit pas de devenir expert ou même journaliste, mais plutôt de sortir de notre état léthargique et participer plus intelligemment au partage du pouvoir. Ces experts ont du pouvoir tant et aussi longtemps que personne ne le remet en question ou que nul souhaite comprendre et protéger leurs propres intérêts.
Que notre agent immobilier souhaite nous convaincre que la première offre est la meilleure ou omettre certains détails concernant des informations susceptibles de faire balancer notre décision, à la fin c’est à nous de prendre les moyens pour valider les balivernes que nous entendons de toute part. La sagesse populaire est loin d’être un bon guide individuel. Demandez à mon amie qui à 50 ans est nouvellement adepte de l’Internet et nouvelle propriétaire d’un ordinateur pour la 1ère fois de sa vie. Elle ne sait pas comment se servir de tous les outils sur son nouvel ordinateur, mais elle sait comment naviguer sur Internet. Tous les jours un peu mieux d’ailleurs. Il y a à peine quelques années, elle passait plusieurs heures à la bibliothèque pour chercher dans des registres des informations cruciales pour ses recherches. Aujourd’hui, elle pourrait refaire la même chose assise dans le confort de son foyer. Mais plus encore, elle ne veut rien prendre pour acquis avec les professionnels qui l’entourent pour ses nombreuses décisions. Maintenant branchée, elle est l’exemple parfait du cauchemar que les agents d’immeubles vivent à présent : des clients mieux informés que jamais.
Une cliente apparemment naïve qui se transforme en véritable détecteur de mensonges et qui peut mettre fin à la relation de confiance en un rien de temps si l’ampleur des balivernes dépassent le seuil de tolérance. N’eût été d’Internet et de sa curiosité, elle n’aurait jamais prouvé que son agent d’immeuble la prenait pour une « tarte » en abusant de son pouvoir d’expert! Elle n’a jamais aussi bien compris que la sagesse populaire colportée par son expert est le symbole de la manipulation à son extrême.
Il est phénoménal de voir à quelle vitesse les nouveaux adeptes de l’Internet changent leurs propres habitudes et leur vision du monde. À peine quelques jours suffisent pour réaliser à quel point leur accès sur le monde et l’information leur donne un nouveau pouvoir. Ce qui me rassure le plus, c’est qu’au fur et à mesure que les néophytes de ce monde joignent le réseau Internet, ils le façonnent et contribuent à l’humaniser encore plus. Le vrai visage d’Internet ne ressemble plus à un jeune « tekkie », mais de plus en plus à monsieur et madame tout le monde. Signe que la sagesse populaire est en profonde mutation.
La crise de confiance que nous vivons en ce moment est créée par une véritable redéfinition de la sagesse populaire. Sagesse populaire que les politiciens d’expérience savaient traditionnellement manipuler habilement grâce à leurs conseillers politiques. Sagesse populaire que les experts ont toujours alimentée grâce à leur cabinet de relation publiques passionné du contrôle média et aux médias assoiffés de sensationnalisme. Émissions d’intérêt public qui reprennent les nouvelles du jour pour les faire vivre encore un peu plus longtemps.
À la fin du jour, tout le monde se demande pourquoi de très grands journaux sont à l’agonie comme le Chigaco Tribune, le Los Angeles Times et New York Times. Peut-être que tous ces médias qui se battent pour ne pas mourir n’ont simplement pas su quoi faire pour survivre dans un monde où le pouvoir change de main. Peut-être ont-ils sous-estimé ce que serait l’information du 21ème siècle? Un nouveau partage de la richesse de l’information.
Nous pouvons tous changer les choses en mesurant toujours la part des choses : Qui dit les choses? Pourquoi les dit-il? Qu’en disent les autres? Donc la crédibilité de la source, l’objectif du message et la nature du débat. En devenant un citoyen participatif, vous élèverez la sagesse populaire à un autre niveau. Vous donnerez vie à un nouveau contrat social basé sur la responsabilisation individuelle qui ne remet pas ses décisions dans les mains des experts, des politiciens et des médias en fermant les yeux.
Allez commentez et critiquez, c’est vous la sagesse populaire en révolution!
PS N’oubliez pas le défi Participe-Action, mon amie Louyse a maintenant plus de 440 visites. Visitez et commentez.
Bonjour Sylvie,
J’aime beaucoup cet article. Je suis bien d’accord avec toi. Ici, on a une expression qui dit beaucoup : si tu as une question, un problème ou quelque chose qui te stress : « google-it ! ». Ce n’est pas directement relié à ce moteur de recherche mais bien dans l’idée de « cherche des réponses, des vérités ou des solutions sur Internet » donc, dans la sagesse populaire, partageons notre expérience dans la résolution de nos problèmes. Bien sûr, on y trouve de tout, du bon et du mauvais, mais sur le nombre, on dirait qu’une certaine vérité des choses immerge. Moi, qui était un rat de bibliothèque (et qui l’est encore parce que j’adore l’objet « livre »), je suis aussi devenue « rat du web ». Je me forme, je m’informe et je me déforme sur Internet. Des recherches qui me prenaient des mois et des années avant, me prennent que quelques jours. C’est phénoménal.
Merci pour cette réflexion.
J’ai également beaucoup apprécié l’article pour la réflexion qu’il apporte
Tu parles dedans d’une « véritable redéfinition de la sagesse populaire. »
J’aimerais savoir comment la définis- tu ? Sur quel critères on peut affirmer que telle ou telle pensée relève de la sagesse populaire , comment la reconnais t-on ou pas au niveau de la société?
Pour moi, la sagesse populaire d’antan était strictement reliée à l’influence que les médias insufflaient dans la société et des messages que chacun retenait et colportait à leur tour. Le téléphone arabe comme nous l’appelons. Nous finissions tous par croire aux balivernes teintées de militantisme ou d’influence commerciale. En fait, la sagesse populaire était le résultat de l’effort médiatique de tous les influenceurs.
Aujourd’hui, cette sagesse populaire participe aux médias et devient le média. Elle alimente les sondages, les critiques, les opinions, les revendications etc. Elle ne se nourrit plus exclusivement de ce qu’on lui sert dans les médias, mais elle s’abreuve de plusieurs sources. Elle devient aussi son propre cultivateur d’opinions et donne le ton. Elle peut changer les choses et son influence change les comportements. Elle peut se valider et interagir de façon active.
Bref la sagesse populaire est en train de devenir ce qu’elle aurait dû être depuis toujours: une véritable connaissance collective!
Merci Sessi pour cette question!
Merci pour tes précisions Sylvie. C’est toujours intéressant de constater qu’à travers un mot, une expression semblable, chacun de nous peut y apporter des interprétations et des visions différentes.
Selon moi, ce que représentent la ou les sagesses populaires, sont ces proverbes, maximes, dictons ( phrases courtes pleines d’humour et de bon sens, parfois un peu moralisatrices !) ou encore ces contes, mythes, légendes et autres histoires universelles qui nous enseignent sur nos vies quotidiennes et nos comportements. Toutes ces sagesses quelles que soient leur origine nous renvoient à nous-mêmes en tant qu’êtres humains et nous invitent à une réflexion, qui dépasse les frontières.
Sylvie,
Tu m’inspires de plus en plus avec la sagesse que tu nous apportes à chaque semaine. Mardi est devenu ma journée de respire grace à toi.
Merci …. J