Le défi planétaire ESG : environnement, social et gouvernance

Nous sommes tous concernés par l‘urgence planétaire concernant l’environnement. Du moins, certains pays crient et agissent plus forts que d’autres, et certains devraient peut-être y songer un peu plus fort.

J’ai eu la chance de visiter la Grèce. Eh oui, je ne me targuerai pas d’avoir été écologique, car mon empreinte de carbone a malheureusement été honteuse avec tous ces vols, ces bateaux, l’auto et les autobus. Donc, ce billet ne se veut pas moralisateur, mais mobilisateur.

Mais, ce qui m’a frappé durant ce périple est la quantité de plastique utilisée partout, pour tout. Mais au-delà de tout, l’impossibilité de faire du recyclage. Tous les hébergements et les lieux publics n’avaient aucun tri de déchets. Zéro. Nada. Rien.

Nous nous évertuions à mettre les bouteilles, les cannes, le carton, le plastique, etc. bien rangés au côté de la poubelle. Inutilement malheureusement. Tout finissait dans le même sac. Je ne me souviens pas d’avoir ressenti autant de malaises… environnementaux. Preuve que nos habitudes sont dorénavant bien ancrées.

Ces comportements anti environnementaux m’ont fait réaliser que nous sommes maintenant bien éduqués et j’oserais dire bien entraînés à faire notre part pour la planète. Notre propension à faire de petits gestes collectifs est bien ancrée dans nos habitudes et le zéro déchet n’a jamais eu autant d’adeptes.

Le défi environnemental au-delà des frontières

Le voyage parmi des hordes de touristes, nous jettent aussi à la figure des comportements parfois sérieusement gênants qui pourraient entraîner un jugement sévère de nos pairs ici.

Je ne parle pas ici de gestes très héroïques, mais des habitudes qui sont maintenant acquises qui ne semblent n’avoir aucune résonnance dans des pays civilisés. Je ne parle pas de pays du tiers monde.

Si nous considérons que des pays civilisés avec un haut taux de tourisme, donc de pollution élevée, ne se joignent pas à la mobilisation environnementale, je crains bien que nous soyons ensevelis sous nos vidanges.

Je ne soulève même pas le défi de la réduction des gaz à effet de serre, nous sommes ici à la racine de la conscience environnementale, le b.a.-ba.

Que dire des gens qui fument encore partout, même dans les restos. Voir des mégots de cigarettes sur les planchers de marbre à Oia à Santorin est aussi enrageant que de voir, une tache de vin rouge sur une chemise blanche.

Et même si les centres de tri chez nous ne fournissent plus, tant en triage qu’en délestage et que nous avons de la difficulté à trouver des preneurs de nos matières recyclables : ce parfait déséquilibre entre les résultats et les efforts des citoyens qui trient leurs déchets ne freine en rien notre élan environnemental. Nul ne pourrait nous arrêter de faire quotidiennement notre tri, même en sachant que ces efforts sont plutôt inutiles.

Tout ça pour résumer : la maison brûle et ceux qui habitent du côté où les flammes sont imperceptibles se dandinent gaiement et insouciants du danger.

Que faire devant tant d’inconscience planétaire?

Tous les citoyens sont poussés vers des changements d’habitudes drastiques et permanents. Greta a beaucoup mobilisé la planète à cette urgence. Cependant pour réussir collectivement ce défi, les entreprises doivent se positionner comme des leaders et des exemples, des chefs de la Présence comme je les nomme depuis plus de 15 ans. Après tout, leurs actionnaires sont des citoyens qui vivent sur la même planète, du moins nous aimons le croire.

Pendant les vacances, j’ai pris connaissance de deux acronymes : B Corp et ESG. J’étais en « tracances » nouveau terme pour dire travail et vacances. Donc, à la demande d’une cliente concernée par son bilan environnemental, j’ai fait le tour de ces deux sujets pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est qu’à l’instar des nombreuses certifications existantes, par exemple les très connues normes ISO qui ne semblent plus signifier beaucoup, d’autres certifications ont vu le jour. La pression sur les marchés financiers avec le caractère obligatoire de la divulgation ESG incite les entreprises à choisir des normes de certifications telles que B Corp. Ces conformités sont déjà une nécessité pour plusieurs entreprises cotées en bourse à la recherche d’investisseurs, mais pour les autres entreprises non cotées à la bourse, une auto responsabilisation au-delà d’un atout pour le volet de la gouvernance sociétale des entreprises. Un effort demandé par les clients de plus en plus sensibles à cette responsabilisation.

En effet, ces normes de gouvernance s’appuient sur un consensus de plus en plus acquis parmi les investisseurs et clients conscients qui souhaitent investir leur argent, là où leur conscience les guide.

Ainsi, même pour obtenir un prêt ou obtenir des capitaux sous forme d’actions ou mise de fonds, les entreprises devront faire plus que du « greenwashing« . Nous arrivons à l’ère des entreprises conscientes et responsables de créer des profits durables et éthiques.

Nous avons déjà quelques investisseurs avant-gardistes qui ont eu l’idée de créer des fonds d’investissement éthiques. Ces innovateurs ont pavé la voie pour ce qui devient un peu plus chaque jour une norme corporative.

Les différences entre les normes de B Corp et ESG

La question de ma cliente était donc pertinente, parce que peu importe la norme, du travail doit être investi pour l’obtenir et s’y conformer. Aussi bien, investir son temps dans la meilleure direction possible. Il faut toutefois noter qu’il y a bien d’autres normes pour être certifiée entreprise écoresponsable. Il y a eu beaucoup d’intérêt par de nombreuses entreprises à accaparer cet espace d’affaires au cours des dernières années. Les deux acronymes présentés sont ceux les plus véhiculés et confondus.

Comprendre la ESG

Démêlons d’abord les faits. ESG (Environnement – Social – Gouvernance) et B Corp (Beneficial Corporation) ne devraient pas s’opposer comme normes puisque B Corp est un cadre qui s’inscrit dans la mise en œuvre de la philosophie ESG. En termes plus simples : c’est comme dire, vous devez maigrir (ESG) et voici comment y arriver et mesurer vos résultats (B Corp).

L’impact de la ESG est un mouvement pour responsabiliser les entreprises et de multiples cadres ont vu le jour pour soutenir les entreprises dans ces objectifs. Peu importe la norme choisie (soutenue par un cadre), elle devra couvrir ces trois lettres E – S – G. L’Europe notamment a donc plusieurs normes qui sont conformes aux objectifs de la finalité ESG qui se définit comme suit :

• Environnement : Empreinte carbone et compensations, utilisation de l’énergie et de l’eau, gestion et réduction des déchets, et pratiques de la chaîne d’approvisionnement.
• Sociale : Justice, équité, diversité et inclusion (JEDI), satisfaction des employés et rémunération équitable, conditions de travail et droits de l’homme, santé et sécurité, satisfaction des clients et engagement communautaire.
• Gouvernance : Engagement des actionnaires et des parties prenantes, codes de conduite et politiques internes, diversité du conseil d’administration, pratiques d’audit, investissement éthique et transparence.

Certains croient aussi que ESG est une norme européenne, et B Corp américaine.  Précisons que depuis une vingtaine d’années en Europe, les entreprises sont soumises à des obligations de reporting environnemental et social. En France, le reporting ESG est devenu obligatoire pour les entreprises cotées en bourse dès 2001. Cela explique pourquoi ESG est associé à l’Europe. B Corp est un cadre né en Amérique pour se conformer aux exigences du reporting ESG. Avec la ESG, le concept de finance durable est né, une réglementation pour assurer des investissements socialement responsables.

Toutefois, soyons honnêtes, peu importe la norme que l’entreprise choisira, gardez en tête que vous aurez des changements à apporter dans vos habitudes corporatives et, quelle que soit la norme, vous devrez respecter la philosophie du ESG. Il faut montrer patte blanche au niveau de la gouvernance éthique, sociale et environnementale.

B Corp comme cadre ESG

B Corp (Beneficial Corporation) est une certification octroyée aux entreprises à but lucratif qui répondent aux plus hauts standards d’impact social et environnemental, de gouvernance éthique et de transparence envers le public.

En utilisant le cadre B Corp, les entreprises motivées ont commencé à mesurer ce qui compte et à le démontrer par des actions et la transparence de leurs pratiques commerciales.

Aujourd’hui, avec plus de 4000 B Corps certifiés à travers le monde et des dizaines de milliers d’autres organisations utilisant le cadre, de plus en plus de ces entreprises apprennent à respecter et à démontrer les normes les plus élevées en matière de performance sociale et environnementale vérifiée, de transparence publique et de responsabilité légale afin d’équilibrer le profit et la finalité – la meilleure approche possible pour démontrer l’engagement envers les entreprises à finalité sociale et ESG. Patagonia est un modèle en ce sens. Et au-delà de la certification B Corp, c’est une véritable communauté qui partage ses meilleures idées et qui soutient les autres.

C’est la norme la plus reconnue et utilisée et la BDC a un excellent résumé dans son site.

Avant de vous investir avec l’évaluation d’une durée de 4h30, l’évaluation de 30 minutes (version abrégée) vous donnera une idée du potentiel de votre entreprise à devenir une B Corp. Tout à fait gratuitement. Aucune excuse pour ne pas amorcer le projet de vous certifier.

L’heure est à l’ère planétaire

Avec les mille et un défis qui nous assaillent chaque jour, les urgences des uns et le moindre souci des autres, j’entends les soupirs. Les seuls résultats électoraux du 3 octobre dernier au Québec démontrent clairement que les partis de l’opposition ont pris chacun des cases très pointues sur les priorités qui les préoccupent. Qui a tort ou raison? Le parti mis au pouvoir est l’édulcorant de toutes ces priorités et le seul qui faisait consensus de toute évidence. Un peu de ceci, un peu de cela, pas trop de ceci ni trop de cela. Comme les consciences collectives, oui l’environnement, oui la justice sociale, oui l’immigration… mais jamais au prix de nos sacrifices individuels.

Finalement, l’objectif est d’avancer constructivement dans la bonne direction. Les entreprises ont un grand rôle à jouer. D’abord pour montrer l’exemple, mais surtout pour créer des produits et des services qui ne viennent pas alourdir le bilan environnemental. L’obsolescence programmée devrait être un crime en cette ère critique pour la planète, tout comme bien des choix incohérents au nom des économies de bouts de chandelle.

Finalement, quelle que soit la norme que vous choisirez, soyez cohérent pour maintenir le cap et les objectifs de gouvernance. Nommer un champion interne qui aura la responsabilité de suivre les différents indicateurs, d’encourager les propriétaires de ces nouveaux processus à continuer leurs efforts ou redoubler d’ardeur en cas de recul et de ralentissement.

Oui, encore du travail en ces temps de pénurie de main-d’œuvre, chaque ajout ressemble au supplice de la goutte chinoise. Mais dites-vous que si nous ne faisons pas collectivement tous les efforts que l’urgence planétaire exige, je ne sais pas ce que nous léguerons aux générations futures outre des défis insurmontables.

Et vous savez quoi? C’est à nous citoyens et citoyennes du monde entier de choisir des entreprises qui font ces choix durables et intelligents. Recherchons les entreprises conscientes.

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Bon automne!