Voguons urgemment en toute conscience sur les flots du futur

Inondation de changements climatiques et technologiques

Sans vouloir échauffer les esprits en cette période d’inondation au Québec, je me permets de soulever ici des questions qui nous rappellent la nécessité de penser plus loin en ces périodes de turbulences environnementales et économiques. Plusieurs aiment croire que la catastrophe des inondations est due aux changements climatiques. Même si ce facteur peut jouer dans la balance, les médias ont pointé assez justement les cascades de laxisme et de décisions erronées par les gouvernements qui ont mené à nos catastrophes d’inondations répétitives. Notamment, en octroyant des permis pour construire à des endroits considérés à très haut risque et en ayant tué des milieux humides avec du remblaiement. Cette façon de prendre des décisions à courte vue et motivées par la cupidité des municipalités à la recherche de revenus de taxes importantes est non seulement inacceptable, mais totalement irresponsable. Personne ne doutera de cela avec les 10 000 maisons touchées par les inondations. Justement, le but de mon billet est de rappeler l’importance des décisions pérennes qui doivent être prises dans l’intérêt collectif pour les générations à venir. Ce billet se veut surtout un écho à un article paru dans le journal Les Affaires intitulé : « Voici pourquoi le Québec a besoin d’un vrai ministre du numérique, ça presse»

Des ressources naturelles et virtuelles pour la richesse collective

Nous avons au Canada, et particulièrement au Québec, des richesses naturelles extraordinaires. La principale étant dorénavant associée à l’or bleu que nous exploitons grâce à notre réseau hydrique qui s’appelle l’hydroélectricité. J’ai eu l’occasion de survoler le Québec au fin fond de ses limites avec le Labrador jusqu’à Blanc-Sablon. Je ne vous dis pas à quel point c’est grand. J’ai parcouru 1000 km entre Montréal et ce point limite, ponctué de plusieurs arrêts en avion taxi. Et qu’est-ce que j’ai vu de là-haut? De l’eau, de l’eau et encore de l’eau.

Alors merci à M. René Lévesque si nous pouvons aujourd’hui s’autosuffire en énergie propre au point de même en revendre aux New-Yorkais. Nous avons créé l’économie de l’eau parce qu’un jour, un homme et un gouvernement ont créé Hydro-Québec au bénéfice du Québec. Pas toujours une route facile, mais un grand chantier soutenu par une vision d’un réseau hydroélectrique pour tirer profit d’une ressource naturelle. Mission accomplie. Nous sommes un modèle pour nombre de pays qui nous consultent pour faire de même.

Aujourd’hui, nous sommes devant une sacrée croisée de chemin et nous devons savoir ce que nous ferons avec nos ressources virtuelles. Elles sont virtuelles, mais pourtant bien réelles à voir l’enrichissement du GAFAM qui en dérivent tous les profits. Tous nos réseaux virtuels où circule un flot de données que l’imagination ne peut même pas concevoir débordent comme nos rivières et nos lacs. Ces milliards de données (à propos de nous, par nous et dans la majorité des cas contre nous ) s’accumulent chaque jour. Or nous avons laissé le grand oligopole du GAFAM en prendre possession dans un laxisme et un manque de vision collective. Une économie qui nous échappe depuis ses débuts. Non seulement l’avons-nous échappé pour en tirer profit, mais encore plus tristement pour perdre des milliards en revenus et en taxes pour notre économie fondamentale. Une décroissance absolue. La récente taxe TVQ sur Netflix va engendrer au bas mot 62 millions dans les coffres de l’état cette année seulement … imaginez ce que nous avons perdu sur tous les plans depuis 20 ans.

Des digues et des barrages virtuels pour canaliser nos données

Ceux qui me lisent depuis un certain temps le savent, je dis haut et fort que nos gouvernements dorment littéralement au gaz en matière de vision numérique. Nous avons quasiment anéanti l’économie des médias de chez nous avec les NetFlix de ce monde. Nous avons cédé aux iTunes et Spotify de ce monde le marché de la musique en laissant l’industrie à elle-même. Nous avons regardé AirBnB créer une crise du logement locatif sans précédent dans les grandes villes, dont Montréal. Une crise d’une telle ampleur que les locataires ont inventé le « swap locatif » pour ne pas risquer de se ramasser le bec à l’eau en cédant leur bail trop hâtivement. Nous avons laissé UBER et cie détruire sous nos yeux l’industrie du taxi. Nous sommes des spécialistes de la réactivité, des pompiers décisionnels qui ont vu tous les foyers d’incendie, mais qui attendaient que le brasier soit hors de contrôle avant d’agir. Et qu’avons-nous appris de nos erreurs en matière de laxisme de toutes sortes? Avons-nous construit les digues et les barrages pour notre or virtuel afin d’en contrôler le débit et le flux contre les inondations du GAFAM? NON! Et vous savez quoi? Nous en rajoutons un peu plus chaque jour de cette bêtise.

Un moment charnière dans l’histoire de l’humanité

Nous avons perdu le sens de la vision périphérique et nous ne voyons plus la forêt parce que les arbres nous cachent. Or, nous acceptons cela comme citoyen et nous avons les politiciens qu’on mérite.  À faire des programmes électoraux à la saveur du jour, nous avons que des plats du jour. Notre nouveau gouvernement ne parlait à peu près pas d’environnement pendant la campagne jusqu’à ce que les sondages disent haut et fort que les citoyens en faisaient une priorité. Selon la couleur du parti, les enjeux économiques priment sur l’environnement et vice versa. Chacun y va de sa recette pour obtenir les votes nécessaires à leur élection. Mais qui parle des enjeux numériques?

Notre nouvel or virtuel, une ressource cruciale dans une économie numérique est dans un bateau à la dérive faute de capitaine. Nous sommes à la traîne et à la merci des géants qui en tirent au moins 80% des profits. Dans plusieurs pays, il y a un ministre numérique parce que les enjeux dépassent la capacité d’imaginer à quel point le futur est déterminé par notre façon de gérer proactivement, et non réactivement, ces décisions critiques à prendre aujourd’hui pour demain. Il y a même des pays avec des ministres du bonheur… rions un peu. L’indice du bonheur est loin d’être une priorité et pourtant lorsque je commençais mon université, on nous promettait une société de loisir. Or, nous n’avons jamais autant travaillé. Pour dire que les prédictions sont difficiles, surtout celles du futur comme le dirait le Dr Machio Kaku!

Que promet-on aux jeunes d’aujourd’hui outre d’avoir huit grands-parents, 4 parents et 3 demi-sœurs et frères? Quel est leur avenir? Va-t-on leur assurer un futur reluisant en récupérant et remplaçant les pailles de plastique par des pailles en bambou, des couches jetables par des lavables pendant que maman et papa ont chacun leur voiture VUS, une motomarine, une motoneige, une moto et j’en passe. Ou pire pendant qu’on laisse les gouvernements endosser des projets inacceptables pour l’environnement au nom de l’économie? Nous sommes incohérents d’un bout à l’autre. Je vous le dis, les enjeux sont au-delà de ces petits gestes, importants certes, mais nettement insuffisants. Nous sommes à l’heure des choix qui demandent de la lucidité et de la prospective. L’environnement et l’économie doivent être en écohérence.

Comment peut-on laisser un gouvernement élu pour 4 ans par à peine 38% de la population décider pour les générations à venir? Sachant que le prochain gouvernement défera fort probablement tout ce que le précédent aura fait. Trump est un bon exemple, dans le sens de mauvais on s’entend. Nous avons un fonds des générations, mais nous devrions avoir un parlement des générations pour les décisions pérennes. Et les questions sont nombreuses et urgentes, l’avenir c’est maintenant! Nous avons créé un système pour gérer les collectivités pour une époque qui n’existe plus, il faudrait que le système s’adapte. C’est à nous de l’exiger. Un jeune parti semblait montrer une voie en ce sens, mais avec des positions qui changent selon l’humeur du moment, nous pouvons difficilement parler de vision, mais d’improvisation. Les questions importantes devraient être traitées au-delà d’un parti. Le projet de la laïcité en ce moment est un exemple de la difficulté à imposer des lois chatouilleuses…et pourtant combien de lois sont votées et passées sous silence? Il faut revoir notre « décider ensemble » pour l’avenir!

L’intelligence artificielle une roue de secours ou une roue de fortune?

Si vous parlez aux politiciens, ils vous diront fièrement que le Québec attire dorénavant l’économie numérique avec leurs subventions en matière d’intelligence artificielle. Oui, comme si on se disait cette fois-ci, nous ne manquerons pas le train… embarquons! J’ai parlé de ce sujet et j’en parlerai encore parce que les choix que nous avons à faire, c’est maintenant!

Le GAFAM obtient donc des subventions pour travailler sur des projets d’intelligence artificielle à caractère commercial pour leurs bénéfices entiers et exclusifs. Si nous prenons l’intelligence artificielle pour photographier des trous noirs, déterminer les prévisions météorologiques, trouver des solutions à des maladies ou à nos problèmes environnementaux et créer un monde meilleur, je dis oui haut et fort. Mais qui peut baliser ces recherches, les fondements moraux, le cadre législatif, les droits d’utilisation des données, les critères décisionnels, les utilités permises ou interdites et j’en passe? Un ministre numérique pourrait déjà assurer que ces enjeux soient adressés. À qui appartiennent « nos » données? Faut-il une taxe d’utilisation de la donnée privée? Comment endiguer le flot de bêtises qui se déverse chaque jour sous notre regard ahuri et notre contribution aveugle? Lisez l’article qui fait parler Frédéric Lalonde président fondateur de Hopper, vous serez convaincu que notre discours fait écho.

Je vous le dis, le Québec a peut-être les pieds dans l’eau en ce moment, mais le déluge numérique en cours est une menace pour faire couler l’économie si nous prenons nos deniers publics pour créer des monstres sans pitié. Je vous partage une histoire vraie. Le cas Loomis vs Wisconsin, son histoire est la pointe de l’iceberg dans la bêtise de l’intelligence artificielle. Les sentences criminelles calculées avec Compas, une IA payée au privé pour aider les juges à calculer les risques de récidives et ainsi appliquer des sentences dites appropriées. Ce qui est révoltant c’est que l’avocat de Loomis a été débouté en cours Suprême parce que la cause pouvait soulever une remise en question de trop de cas similaires avec ce logiciel et remettre en cause le système de justice! IA = 1 ; humain = 0!!!

Oui, il y a urgence pour un ministre numérique et du gros bon sens

Non, mais il faut réaliser l’ampleur de cette cause et des effets dévastateurs sur notre économie mise à mal et notre vie privée exploitée pour comprendre l’importance d’un ministre numérique. Il faudra bien évoluer certes, mais il serait important que ce soit le chien qui brasse la queue et non la queue qui brasse le chien. Si nous avions inventé la bombe nucléaire sans en prévoir les motifs et circonstances d’usage, n’importe quel Trump, ou Kim Jong Un, auraient le loisir de peser sur le bouton de la bêtise selon leur humeur. Je ne parle pas ici de tous les risques bien réels avec les cyberattaques sur nos institutions. Qui s’occupe de ça concrètement?

Soyons conséquent du pouvoir que nous avons pour agir avant que l’intelligence artificielle soit rendue partout dans nos vies sans que nous puissions revenir en arrière. Pouvez-vous imaginer vivre sans Internet, sans Netflix, sans votre iPhone, sans Facebook etc.? Ce sont dorénavant des commodités bien incrustées dans nos vies. Vous les voyez, mais l’intelligence artificielle est, et sera, invisible, mais omniprésente et débilitante.  Un exemple frappant : Facebook. J’ai plus de 250 amis choisis…et je vois à peine toujours les mêmes 10… pourquoi? Parce que l’IA de Facebook détermine ce qui me plaît et me présente que des choses avec lesquelles je suis d’accord. Lisez mon article à ce sujet… belle façon de développer l’esprit critique. J’ai changé ma photo de profil la semaine dernière… j’ai eu 41 likes et 15 commentaires. Ce billet avec un peu de chances aura 10 likes et 2 commentaires. Pourquoi? Parce qu’un billet de blogue dérive l’attention trop longtemps et n’apporte rien à Facebook. Le but du jeu est de vous faire réagir. Si j’avais le même enthousiasme de votre part que pour ma photo de profil, l’algorithme de Facebook serait confondu… mais c’est l’œuf ou la poule.

En conclusion, il vaut mieux prévenir que guérir et franchement je ne sais plus exactement à qui il faut s’adresser pour que nous soyons proactifs. Ce que je sais par contre, ces petites graines que je sème dans la réflexion germeront sans doute. Je nous le souhaite! En attendant, je veille et je cherche la voie pour canaliser nos richesses… pour endiguer la richesse virtuelle et en profiter chez nous pour nous! La Présence c’est aussi ça… être branché sur les enjeux importants et tenter de faire la différence!

Bon printemps, les pieds au sec j’espère!

PS GAFAM pour ceux et celles qui se demandent… C’est l’acronyme à retenir pour Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft
Blogue La Présence des idées

11 commentaires sur « Voguons urgemment en toute conscience sur les flots du futur »

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