Et si le monde était à refaire?

Et si le monde était à refaire

Je n’ai pas écrit depuis un moment. Je crois que j’avais attrapé la « désillusion » de Nicolas Hulot à un autre niveau. Au fond, à quoi ça sert de partager nos convictions, notre savoir et notre engagement si personne ne semble réellement s’en soucier. Le temps est précieux, mais nous ne comprendrons jamais à quel point que le jour où nous aurons notre dernier souffle. Alors, débordée par le travail depuis un moment, j’ai laissé l’écriture pour respecter mes échéances, mais ce matin… je n’y arrive pas. La rage et le besoin de crier me sortent par les pores de la peau… en fait, depuis le début des élections provinciales au Québec et la démission de Nicolas Hulot hier en France. Je me sens comme l’ex-ministre de la transition écologique, mais mon transit a un blocage… alors je fais ce que plusieurs m’ont demandé : j’écris un nouveau blogue pour apaiser mes tensions intérieures et peut-être semer une graine dans cet océan d’insouciance et de je-m’en-foutisme collectif. Il est minuit moins cinq et la Présence exige un coup de fouet collectif.

La lucidité est un premier pas pour un éveil de conscience

Je travaille depuis longtemps dans un système économique qui analyse sa performance, comme la mienne, sur le RSI (ROI), le retour sur l’investissement en temps et en argent. Mon rôle est d’aider les entreprises, mais surtout les entrepreneurs (en qui je voue une admiration à bien des égards lorsqu’ils créent de la richesse collective) à mieux réussir dans la nouvelle réalité numérique. Je choisis mes clients pour leurs valeurs intrinsèques, au-delà de la richesse personnelle, font-ils une différence dans ce monde? Leurs produits et services ont-ils une valeur ajoutée réelle pour les gens et la planète? Si la réponse est non, mon cœur n’y est pas et donc mettre mon talent à leur service ne m’intéresse pas. Je fais du marketing de sens axé sur la Présence et après 10 ans, ma voix, et ma voie, semblent converger plus que jamais.

Il faut bien le dire, l’opinion publique pointe les marketeurs dans la liste des gros méchants dans une économie de croissance impitoyable. Les stratèges marketing (comme les stratèges politiques) ont quelque chose à vous vendre : des produits, des services, des idées, des chefs, des candidats et tutti quanti. Alors qui suis-je pour critiquer un système qui me permet de bien vivre, malgré mon choix risqué de me lancer à mon compte? J’ai un VUS (les hivers sont difficiles au Québec), mais pour le reste je suis une consommatrice très exigeante et je fais attention à mes achats et je garde mes biens longtemps. Je ne suis pas une acheteuse compulsive et si l’économie devait compter sur moi pour tourner à plein régime nous serions en récession. Je vis donc selon mes moyens, et probablement en dessous selon la lecture des uns ou des autres, et au-dessus selon mes crises existentielles face à une retraite qui ne viendra jamais comme celle que mes aînés m’ont laissée croire toute ma vie et dont j’ai été une fervente défenderesse lors mon passage dans l’industrie bancaire.

Je fais ma part dès que possible sur des choses simples, comme recycler (je ne composte pas, ça viendra, mais je ne me résigne pas à gérer mes déchets puants en plein cœur d’un quartier qui a bien d’autres soucis immédiats), je suis consciente que l’eau est une denrée limitée (je transporte des bouteilles d’eau chaque semaine à mon chalet… je me fais des muscles au passage), je fais la consigne si possible, j’essaie de ne pas jeter les restants du frigo, et comme bien d’autres, je pense que les petits gestes font une différence. Mais quels sont les gestes qui feraient une très grande différence pour arrêter la croissance à tout prix?

Un monde d’infinies bêtises dans un monde de ressources limitées

L’appât du gain infini est déjà en soi un premier geste pour arrêter cette débandade collective. Freinons la croissance à tout prix, arrêtons d’encenser les riches qui viennent nous donner des leçons sur la réussite. Redéfinissons la réussite, punissons l’obsolescence programmée et oui réduisons les impôts des riches avec des incitatifs si un pourcentage minimum des profits est réinvesti dans la collectivité et les employés.

Pensons à Sinorama et leurs dirigeants à l’appétit de gains inversement proportionnel à leurs sens éthique, moral et légal. Pensons aux Monsanto, Trump, Nestlé, Volkswagen, Doug Ford et j’en passe, qui croient régner sur un monde à leur service, bâti expressément pour répondre à leurs caprices en misant sur notre naïveté, notre léthargie voire notre apathie, notre résignation et notre propre propension collective à se faire acheter par des cadeaux ou des phrases rassurantes.

Le 1% des riches qui possèdent 99% des richesses ont causé ce tort irréparable à notre planète. Il suffit pour s’en convaincre de voir cette comparaison en temps qu’il a fallu pour faire tout ce tort. Il aura fallu une toute petite minute pour enrichir le 1% au coût de 50% des ressources de la planète. Nous sommes sur un emprunt écologique depuis 1er août, 1 jour plus tôt que l’an dernier. Donc, nous consommons plus que ce que la terre peut fournir. Pire le Canada a commencé son emprunt depuis le 18 mars!!!

 

Anormal que nous ne soyons pas en panique totale, comme Nicolas Hulot et bien d’autres. Nous ne sommes pas sur le bord du précipice, nous sommes en chute libre dans ce précipice sous la gouverne des climatosceptiques et des climato-sympathiques qui choisissent toujours l’économie au détriment du bon sens. Même notre Justin Trudeau, qui avait promis de faire mieux que Harper, est à la solde du lobby des sables bitumineux extrêmement polluants. Pourquoi gouverner est synonyme de courber l’échine devant les évidences?

Mais est-ce que je voudrais être gouvernée par un gauchiste extrême qui croit en la magie du Saint-Esprit lorsque vient le temps de prendre aux riches et redonner aux pauvres? Où est cet équilibre primordial entre se nourrir et s’enrichir? Entre écologie et économie? Faut-il avoir connu la faim pour la comprendre? Faut-il avoir été pauvre pour envier les riches? Faut-il être riche pour se penser au-dessus des pauvres? Si l’eau venait à manquer, ou si les récoltes ne suffisaient plus, ou si la couche d’ozone disparaissait complètement, qui aurait tort ou raison? Combien de catastrophes écologiques faut-il pour sonner l’alarme et évacuer ce système d’infinies bêtises et de solutions bonbon?

Comment pourrions-nous revoir notre mode de vie et nos systèmes économique et politique?

Imaginons le jour Zéro (il viendra à ce rythme… on ne connaît juste pas la date), on se réveille aux durs lendemains de la fin d’un monde. Il ne reste que les plus forts, et nous savons d’avance que seuls ceux qui pourront s’adapter survivront. Quelle personne prend les commandes pour gérer les survivants? La plus forte? La plus armée? La plus intelligente? La plus mobilisatrice? La plus aimée? La plus religieuse? Pour ma part, je choisirais la personne qui a un plan que je comprends et que j’endosse. Nous pourrions déjà commencer par choisir des personnes qui représenteront les intérêts des sous-groupes afin d’avoir une bonne représentativité des enjeux, mais je paris qu’au lendemain d’une catastrophe, la guerre des sexes, des couleurs, des religions, des convictions, etc. serait bien insignifiante en vue de notre survie. Nous aurions, je l’espère, grandi collectivement et notre seul but serait de survivre et de ne pas répéter les mêmes erreurs. Nous aurions à revoir nos modèles de vie en général, notre nourriture, nos critères de succès, et j’en passe. Aurions-nous tué l’égo au passage, le grand ennemi de tout ça? Rêvons, c’est permis.

J’ai fait des survies en forêt lorsque j’étais dans les cadets de l’air dans ma période adolescente. Des enseignements profonds sur la rareté des ressources et de la vie à l’état sauvage et de situation précaire. Dans toutes les conditions climatiques (hiver, été, automne, en pluie incessante, froid sibérien et chaleur intense) et chaque fois les objectifs communs étaient les mêmes, manger, dormir, avoir chaud et retrouver notre chemin à l’aide d’une boussole. Tous les enfants devraient vivre ça au moins un week-end dans leur vie, et les adultes aussi. Ces expériences changent notre rapport à l’environnement. Le souper du dimanche soir à la maison, la douche chaude et le lit douillet deviennent la plus grande richesse. La leçon première : on commence par savoir ce que nous avons comme ressources et on les distribue pour que chacun gère ce qu’il a en mains et assure sa propre survie ensuite, mettre les efforts collectifs pour construire les campements et finalement avoir un but commun : survivre et trouver des secours. Tout ça en essayant de ne pas rendre la vie des autres misérables et en priant que ça se termine au plus vite.  Parce que les plus affamés ont souvent la tentation de s’approprier les ressources des autres et les plus plaignards et paresseux sont un des ennemis de la survie, on n’en veut pas.

Après la fin, un nouveau début?

Donc, si on refait le monde après une fin symbolique ou tragique, quel serait le meilleur système économique, le plus viable? Le capitalisme? Le socialisme? Le communisme? Je ne connais pas la réponse exacte, mais le capitalisme serait la dernière chose dont nous aurions besoin. L’argent ne servirait à rien, mais les récoltes et les biens qui nourrissent et abreuvent seraient sur la liste des plus grandes richesses. La notion de démocratie serait basique, mais la notion du travail pour se nourrir encore plus fondamentale. Les personnes inaptes devraient être prises en charge par leurs pairs sinon laissées à elles-mêmes, elles mouraient. Un système de troc s’installerait fort probablement parce que les uns auraient plus de succès avec les patates et les autres avec les tomates ou les œufs. Tout ça sans la moindre technologie et encore moins les satellites, et le WiFi.

Chacun devrait contribuer selon ses talents, et personne ne pourrait se prendre pour le nombril du monde, car chacun serait un maillon important de la survie. Médecin ou pas, tous seraient responsables de leur santé et de la protéger, car fini les hôpitaux. Chose certaine, terminé les visites au supermarché, il faudrait assurer la nourriture par le travail de la terre qui serait sans doute appauvrie. Peut-être serions-nous transformés en cannibales? J’espère que non, mais on a déjà vu ça dans la récente histoire du monde simplement pour survivre. Mais une chose est certaine, fini les communications en temps réel branchées 24/7. Fini les écrans et les discours endormants, nous aurions tôt fait de se coucher avec le soleil pour recommencer notre dur labeur le lendemain. Fini la pollution, aucune possibilité d’en faire au-delà de nos capacités outre nos déchets humains. Fini les déplacements inutiles, nous garderions nos énergies à cultiver notre terre plutôt que conquérir celles des autres. Vu sous cet angle, cela ressemble à la vie que nos ancêtres avaient, ceux-là même qui ont défriché nos terres à la sueur de leur front dans des conditions pitoyables, il n’y a même pas 100 ans.

Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas envie d’un réveil tragique, mais un réveil orchestré par une mobilisation collective. Nous sommes une quantité phénoménale à vouloir ces changements, je dirais au bas mot 99% de la planète mondiale. Pourtant, nous sommes encore dans la chute libre… J’ai des connaissances et des amis qui se sont lancés dans l’arène politique. Je les salue haut et fort, mais sincèrement, je vous en supplie au nom des enfants à qui nous empruntons la terre, ajustez vos appareils. Proposez quelque chose de fort, de mobilisant, cessez de déshabiller Pierre pour habiller Paul, faites des choix écohérents, faites l’effort d’oser réparer le système qui déraille au lieu de vous en nourrir. Évitez la pensée magique qui pense que prendre aux riches (ici la définition de riche est bien risible) pour donner aux pauvres est la solution miracle, pas plus que prendre aux pauvres pour enrichir les riches soit le message entre vos lignes. Entourez-vous des meilleurs conseillers et président de campagne, pas de ceux qui sont devenus riches grâce au système et qui en abusent (vous voulez des noms?). Nous avons tout pour réussir un vrai projet de société écohérente, en doutez-vous?

Vous les journalistes faites votre travail en toute liberté et ne ménagez pas la chèvre et le chou, mais SVP mettez autant d’énergie à mettre les bonnes idées en lumière au lieu de chercher les poux dans les mauvaises idées… et les mauvais coups. Oui, nous voulons savoir, mais réalisez que votre éclairage est le seul qui abreuve les brebis égarées aux côtés des médias sociaux et des hurluberlus dont certains pourraient me taxer s’ils lisent jusqu’ici … de grâce, ne cessez pas de les éduquer et de les confronter à leurs contradictions.

Et toi, que me lit encore rendu ici, bravo, tu dois faire partie des 1% avec qui on va rebâtir ce monde, le 45% d’indécis, dont mes relations font partis en grande majorité, qui ne savent pas à qui donner les milliards à gérer pour aller dans la bonne direction. Sois rassuré, je suis avec toi.

Je ne pense pas qu’il faille un autre parti pour réaliser un projet de société écohérente. Il faut juste une mobilisation avec un projet commun, des règles qui incitent aux référendums pour toutes questions qui impliquent les générations à venir, et/ou qui dépassent des coûts (100 millions, 200 millions, 1 milliard?) pour s’élever au-dessus des lignes de partis et arrêter d’abuser du pouvoir qui n’est jamais octroyé par ailleurs avec plus de 40% de la population sinon moins.

Je vous laisse sur cet extrait d’Yves Lusignan prospectiviste et fondateur de Prospexia qui travaille sur le concept de l’écohérence depuis plus de 10 ans et qui un jour, m’a donné les frissons de la mobilisation, une première fois un projet mobilisateur:

D’autres parts, tant que l’on considérera le présent comme la suite du passé, nous ne pourrons pas définir la forme des sociétés durables. Pour le faire, il faut entreprendre de considérer le présent comme le début du futur, et pour réussir ce changement de paradigme il faut se mettre à suivre, décrire et favoriser l’émergence de ce futur.

Ce billet est un appel à la conscience collective, nécessaire tant dans les entreprises que dans toute la société. Les politiciens au pouvoir ont beaucoup de pouvoir, ils peuvent changer les choses, mais comme on dit encore faut-il savoir quelles choses ils veulent réellement changer. Pour moi, ce n’est pas très clair tout leur programme pour être honnête, on dit une chose et son contraire en moins de 24h et parfois une heure.

Dans tout ça, je n’ai même pas abordé les enjeux numériques qui sont au cœur de mon quotidien… imaginez! 😉 Moi, qui chaque jour, se demande comment on peut vivre déconnecté et ce, dans tous les sens du mot. Comment peut-on vivre dans la cité d’Utopie sans réaliser que tous les humains ne sont pas égaux sur terre? Nous sommes privilégiés et nous ne savons même pas en être dignes!

Bonne période électorale, et surtout va voter… même pour un gros X nulle part. C’est le seul moment pour nous faire entendre clairement.

Blogue La Présence des idées

7 commentaires sur « Et si le monde était à refaire? »

  1. Très sympa cet article Sylvie !
    Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une…
    A bientôt et belle journée à toi.
    Tony

      1. Je me doute bien Sylvie, Raphaëlle Giordano pour REF, j’ai beaucoup aimé…
        Belle soirée à toi. 😉
        PS/Sympa ce que tu écris aussi !

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