Ce titre est un extrait d’un article à propos des prédictions d’Amy Webb. Une espèce de Michio Kaku pour le marketing numérique. Elle est prospectiviste. Une posture mentale que je pratique qui nous permet de se projeter dans l’avenir. Évidemment, cela évite les « je-ne-savais-pas » et permet d’anticiper les coups, les bons, comme les mauvais.
Ce qui m’inspire ce billet est ce titre d’une cruelle vérité qui termine ses prédictions pour les 5-8 prochaines années. Un peu comme le travail à la chaîne, je démarre mon billet avec sa conclusion : nous allons devoir redéfinir la réalité!
Si elle parle du marketing numérique et de toutes les implications du phénomène métavers, du Web3, de l’IA et la biologie de synthèse, sa lecture demeure bien encadrée dans l’univers virtuel. Mais la réalité est encore plus à redéfinir que jamais compte tenu de l’état de la planète et des perturbations économiques qui nous frappent de plein fouet, pas juste « à cause » de Poutine, mais aussi de l’après-pandémie.
Des citoyens à bout de nerfs et à bout de ressources
Cela fait des années que nous parlons du point de bascule. Et la pandémie représente cette dernière poussée sur le dessus du point, le pic, qui nous a fait irrémédiablement basculer de l’autre côté du spectre au point où la nouvelle réalité est une incertitude constante. Où les repères d’antan ne tiennent plus.
Si la gestion du changement est une « réalité » depuis des années, il faut bien se dire qu’isoler au point de vue individuel, cette indigestion du changement est devenue une angoisse ingérable pour plusieurs. La théorie d’adaptation de Darwin semble suivre une nouvelle évolution et plusieurs ne pourront pas traverser cette nouvelle « réalité ».
Il faut bien le dire, ceux et celles qui n’ont rien à perdre ont toujours mieux géré les changements, surtout si cesdits changements leur apportent des bénéfices. Je me souviens à mon arrivée dans le 1er emploi de ma carrière, à 21 ans, pleines d’idéaux.
Le changement, je le provoquais au grand damne de ceux qui tenaient mordicus au statu quo. J’étais un « paradigme shaker » ambulant. On m’adorait pour ça, et on me détestait pour ça aussi. Je remettais tout en question continuellement. Je voyais l’avenir comme un grand changement et je souriais à l’idée qu’un jour, nous allions enfin vivre à Utopie ou en Théorie. La vie m’aura enseigné qu’entre le rêve et la réalité, il y a d’abord la volonté et ensuite le pouvoir.
Avec le dernier rapport du GIEC, il appert que changer ne sera pas une lubie de quelques « paradigmes shakers », ce sera un « do or die » (fais-le ou meurt) pour la planète qui est au bord du gouffre. Si tu as vu le film « Don’t look up : déni cosmique », je dirais que nous sommes en train de parodier une parodie. C’est triste, mais c’est ça.
Même si j’arrête de manger de la viande ou que je veux un véhicule électrique, il faudra bien que j’en trouve d’abord un à vendre et que je puisse me payer les alternatives de viande sans viande et les légumineuses à fort prix. Et quelles sont les chances que ces gestes collectifs aient la moindre chance de faire bouger l’aiguille de l’inertie passée? Oui, la somme des petits gestes est l’effet cumulé, mais soyons honnêtes, nous avons dépassé cette pensée magique.
Avec l’inflation actuelle, il est clair que nous allons tous forcément réduire notre consommation au point où l’essentiel risque même d’être inaccessible aux plus démunis. et le superflus aux plus nantis. Le changement volontaire est une chose, le changement involontaire en est une autre.
La réalité dépasse la fiction

J’ai récemment fait l’acquisition d’un casque de réalité virtuelle Oculus. Je dois dire que je suis encore à la découverte pour mon usage personnel, mais surtout pour y détecter les usages constructifs et peut-être mercantiles au passage. Des idées marketing pour les plus innovateurs comme le restaurant Chipotle.
À ce titre, Meta est activement orientée vers la création de nouvelles sources de revenus et cet univers se dessine clairement vers de nouvelles dépenses numériques (voir article) pour les usagers, donc de profits pour les plus innovateurs. Simplement acquérir les différentes applications pour mon entraînement, mon yoga et ma méditation est une dépense supplémentaire assez grande. En voyageant dans cette réalité virtuelle, mon objectif est de comprendre de quelle façon notre réalité sera modifiée. Alors, j’expérimente pour continuer mon rôle d’éclaireuse de prospectiviste.
Avec environ 300 000 voyageurs dans la réalité augmentée ou pour dire dans les métavers, nous sommes aux balbutiements de cette nouvelle fracture numérique. Tout est possible.
Je veux surtout m’assurer que le Far Web d’il y a 20 ans, le Web 2.0 d’il y a 15 ans et le Web 3.0 qui se dessine ne sera pas déterminé par les Américains ou autres « geeks » ailleurs que chez nous. Il y a des opportunités immenses de devenir créateur de contenus de chez nous ou d’ailleurs en 360 degrés (immersion) ou de solutions en réalité virtuelle sans compter tout ce qui touche l’intelligence artificielle et les « blockchains » tant vénérés par le fameux monde décentralisé. Vous êtes peut-être déjà étourdis, mais attendez! Ce futur se dessine avec ou sans nous…
La matrice pourrait bien devenir un film de réalité au rythme où vont les choses. Mais sérieusement, j’ h a l l u c i n e ! Si vous n’avez jamais expérimenté cette réalité virtuelle, vous ne pouvez pas saisir son pouvoir addictif. Et sûrement lever les yeux en l’air, comme le faisait les bien-pensants au début du Web.
Le fait est qu’au moment où j’enlève mon casque, je me retrouve dans une réalité tellement banale, que je ne peux même pas imaginer comment les enfants de demain et d’aujourd’hui vont accrocher à la réalité bien terre à terre.
Il y a peu de mots pour décrire ce qui se dessine devant nous et autour de nous. Les pensées qui défilent dans ma tête bousculent mon clavier qui ne fournit pas. Moi qui rêve chaque nuit comme si j’étais dans une réalité parallèle, Oculus s’est déjà infiltré dans mes rêves en les imprimant de ma mémoire résiduelle virtuelle. Imaginez tout cette pollution dans les cerveaux en formation.
Je me dis que notre vieillesse avec ces casques sur la tête n’aura rien à voir avec celles de nos aïeux. J’ai visité Tokyo, le mont Everest comme si j’étais un sherpa, Dubai, la Chine, le Caire et j’en passe. Chaque fois ébloui par l’expérience immersive. Je vous garantis que personne ne peut rester indifférent à ces opportunités de voyager, bien assis.
Pour sauver la planète, difficile de faire mieux. Pour sauver l’essence des êtres humains, difficile de faire pire.
Pour sauver la planète, difficile de faire mieux. Pour sauver l’essence des êtres humains, difficile de faire pire.
Une réalité virtuellement hallucinante
J’ai aussi essayé les spectacles dans Horizon Venues, j’étais carrément placée sur le bord de la scène. Tu vois les musiciens jouer tellement proche que tu pourrais refaire la partition et que dire du chanteur et ses postillons! Le monde du spectacle devra s’ajuster parce qu’après avoir vu Billie Eilish de si près, je peine à croire que je pourrais payer une fortune pour la voir grosse comme un timbre, et entourée de timbrés qui me gâchent la vue et l’ambiance. Bon, ça frappe sur vos convictions, j’en suis sûre. Moi, les miennes en ont pris tout un coup. Surtout dans une foule d’avatars animés sans jambes qui me parlaient et qui prenaient des « selfies » avec moi. Oui, vous avez bien lu, ils me parlaient!!!!
Vous parlez de changements de paradigmes? En voici tout un! Faire du « social » avec du monde de partout qui peuvent te parler, te voir et t’inviter. Bien sûr, tu peux sortir dans ta zone de sécurité, tu peux refuser les invitations, mais vous me voyez venir j’espère!
Moi, ma bulle est très large et je me sens vite envahie. J’ai aussi une conscience de la réalité. Mais qu’en est-il des jeunes qui cherchent à socialiser et qui peuvent le faire dans un contexte tellement expérientiel et sans limites ou presque?
Personnellement, je ne voudrais pas avoir à gérer des enfants avec ces engins de tous les possibles et encore moins des ados naïfs et irresponsables. Que disent toutes ces nouvelles possibilités sur la définition de la réalité? Nous allons tout droit vers de multiples réalités. Laquelle choisirons-nous, voilà la question qui tue!
Laquelle choisirons-nous, voilà la question qui tue!
Une réalité pour chacun : exit les bases communes
Une fois dans l’univers de la réalité virtuelle et des métavers, il est impossible de voir le monde comme avant. Il y a quelque chose de très troublant de découvrir cette « autre » réalité. Pour le moment, le casque doit être rechargé à chaque 1h30 maximum selon l’usage, mais un jour, ce très lourd casque trouvera sa version miniature et avec une autonomie très longue. Nous avions déjà vu les lunettes Google qui sont arrivées trop tôt, mais les rebonds sont possibles à tous moments. Mais imaginons que nous avons notre propre espace créé de toutes pièces dans cet univers.
Ces amis que nous ne voyons plus parce que toutes les raisons sont dorénavant bonnes de rester chez soi; la pandémie a planté le dernier clou de l’effort social pour plusieurs. Tristement, dois-je ajouter.
Oui, ces amis, ou ces autres amis que nous avons découverts dans notre monde en 3D et en 360 degrés, ils n’hésiteront pas à se joindre au party organisé dans la section « Horizon Venues » ou « Horizon World » proposée par Meta. Il y aura autant de mondes virtuels que de créateurs déjà 10 000 selon les statistiques. Chacun choisira le monde qui lui convient, c’est écrit dans le ciel ou dans les pixels!
Ce monde parfait où la chambre d’écho sera faite sur mesure pour nourrir nos convictions. Nous allons continuer de devenir hermétique aux idées contraires aux nôtres et surtout, nous allons trouver un terroir parfait pour alimenter nos idées, vraies ou fausses.
Avec la guerre en Ukraine, la série Netflix « Occupied » me donne des frissons de réalisme à cause des Russes, mais surtout le bout où les rebelles se servent d’un jeu vidéo pour communiquer. Ces jeux qui ont pavé le chemin pour la réalité virtuelle hyper addictive dont des centaines de jeunes sont tellement accrocs que certains doivent être traités tels des cocaïnomanes ou des alcooliques parce qu’ils ne fonctionnent plus dans la « plate » réalité. Certains se suicident aussi. Voilà, une réalité qui va nous frapper de plein fouet si non ne s’entend plus sur la réalité, une réalité construite sur des faits et des vérités.
Notre monde s’égare et nous avons besoin de balises. Urgemment. La gouvernance de la 5G (énergie essentielle à la vélocité du métavers) est déjà une urgence pour son encadrement. Et que dire de celle de l’intelligence artificielle et des applications dans notre vie bien réelle! Nous avons un ministre du numérique au Québec qui a falsifié son CV qui gère ce dossier en ce moment. Permettez-moi d’émettre des questionnements sur les priorités qui sont sur la table actuellement concernant l’urgence de gouvernance. Il s’agit de notre culture, notre langue, notre information, notre avenir et surtout des enjeux de démocratie qui se sont révélés bien secoués depuis quelque temps.
Un moment faudrait peut-être que le GIEC du numérique, le GIEI (Groupe d’experts en intervention numérique) se crée et unissent les forces pour assurer que notre avenir ne sera pas laissé aux périlleux sens de la réalité de certains fous furieux qui gèrent 90% des richesses du monde. Surtout lorsque l’enthousiasme mal éclairé s’empare des politiciens qui veulent profiter de la cryptomonnaie, de l’intelligence artificielle ou autres eldorados numériques sans y mettre de l’intelligence réelle et émotionnelle, juste parce que les « buzzwords » sont tendances.
Bon, je pense que je vais remettre mon casque de réalité virtuelle. Je sens qu’un petit voyage immersif en Afrique me changerait les idées!
Allez, faisons de notre réalité un endroit plus agréable à vivre que la réalité virtuelle. Mais pour ça, ne détournons pas le regard de ces enjeux fondamentaux pour l’avenir de notre humanité sur une planète qui peine à la soutenir.
Il est impératif de gérer cette prochaine réalité virtuelle et prendre le contrôle avant de le perdre! Moi qui fait l’apologie de la Présence depuis une décennie, je ne sais pas comment nous serons présents dans autant de réalités… c’est l’ubiquité qu’il faudra maîtriser!

Excellent et donnant à réfléchir… après les réseaux sociaux, un nouveau fléau ?
Un même fléau augmenté, je dirais.. la suite d’une cascade vers un monde virtuel!