Si tu me lis (je parle au « tu » volontairement), je doute que cet article te surprenne énormément. Par contre, j’espère de tout cœur qu’il provoquera une envie de faire partie de l’ensemble des traces positives qui seront laissées dans les années à venir. Tu conviendras que nous sommes plus que jamais acculés au pied du mur quant à l’avenir de notre humanité.
Laisser une trace positive dans l’humanité, voilà un sujet qui mérite réflexion. En effet, chacun d’entre nous laissera un jour une trace de son passage sur cette terre, mais la question est de savoir de quoi aura-t-elle l’air. Allons-nous laisser derrière nous une empreinte bénéfique pour les générations futures ou serons-nous simplement une trace de trop dans les pas de l’ignorance? Une trace de carbone amplifiée par le manque de considération des autres au nom de notre sacro-saint droit à la liberté? Notre liberté de polluer sans en assumer les conséquences. Notre droit à cautionner les algorithmes de l’ignorance.
J’ai énormément de questionnements depuis très longtemps sur la direction que prend notre évolution, ou notre régression ai-je souvent l’impression. Il y a tellement de sphères de notre société qui oscillent entre apocalypse et promesses qu’il est facile pour une personne munie d’un minimum d’ancrage dans cette vie d’y voir un environnement anxiogène. Toutes les nouvelles sont anxiogènes. Une fois de temps en temps, nous avons l’impression qu’une bonne nouvelle se glisse dans cet océan de négativisme dans lequel nous flottons, pour ne pas dire dans lequel nous coulons lentement, mais sûrement.
Mon dernier article sur l’ouverture de la boîte de Pandore qu’est l’intelligence artificielle « IA » a été perçu très anxiogène pour plusieurs. Au point que certaines personnes pensent que je ne dors pas la nuit à cause de leur perception que j’ai développé une anxiété technologique. Je souhaite rassurer mes lecteurs et mes lectrices : je dors…et très bien d’ailleurs. Je préfère laisser l’impression bien véridique que je fais de l’éveil technologique plutôt qu’une quelconque forme de stress ou d’anxiété face à l’évolution incontrôlée de l’intelligence artificielle. Mais oui, je ne suis pas capable de fermer les yeux le jour ni mon clavier d’ailleurs. Je suis fascinée et extrêmement concernée par tout ça. Depuis le début de l’ère technologique que je parle de Présence, avec un grand « P » pour soulever l’importance de mettre les technologies au service de l’humanité et non à son asservissement.
Pourquoi certaines personnes se « Foutent » de la suite des choses?
Peut-être à cause de ma sagesse que trahissent mes rides et mes cheveux blancs, mais clairement mon cercle familial et d’ami.es n’y échappe pas. Nous vieillissons en chœur. En fait, c’est la seule justice sur cette terre, même les plus riches ne peuvent acheter du temps. J’ai encore reçu des nouvelles tristes sur quelques connaissances qui ont reçu leur date approximative de fin de vie. Une autre qui a vécu un AVC sur la ligne entre 2022 et 2023. Sans compter le nombre croissant de retraité.es autour de moi. Tout cela me rappelle que je ne fais plus partie des générations montantes, mais bien descendantes. Le sommet de la montagne a été atteint, il faut commencer la descente malheureusement. J’aime croire toutefois que j’ascensionne un autre sommet, celui de la conscience universelle.
Vu sous cet angle, je comprends le « je-m’en-foutisme » de certaines personnes autour de moi qui tiennent le discours; ce n’est pas mon problème la suite des choses. Cette posture mentale qui ne laisse aucun doute sur la paralysie humanitaire qui habite ces esprits. Mon nombril à m’occuper, c’est assez. Je veux vivre mes dernières années en paix et que les autres s’occupent de la suite. C’est légitime et triste à la fois. L’objectif prioritaire est d’assurer leur confort, leur bonheur, leurs plaisirs et leurs besoins primaires. Tant que tout cela n’est pas touché, prière de ne pas les déranger. Nous sommes collectivement coupables à différents degrés.
S’il est vrai que l’impression de n’avoir aucun pouvoir de changer les choses n’est guère stimulante à tenter le moindre petit geste, il est pourtant impératif que toutes les générations agissent en ces temps critiques pour la suite. J’imagine que Greta Thunberg n’a sûrement pas réalisé que son petit geste de militantisme allait toucher autant de monde un jour. J’imagine que l’effet papillon qu’elle a créé a déjà été considéré futile par la majorité du monde qui la regardait assise seule face au parlement suédois à protester.
Je pense que nous sommes à l’heure de réaliser que si des camions lourds peuvent devenir un symbole de résistance et causer autant de troubles malgré un nombre somme toute insignifiant, nos limites peuvent aussi s’exprimer à chaque occasion autour de nous. Les politiciens fonctionnent au son. Plus le bruit que nous faisons au-delà des klaxons de la bêtise est consistant et généralisé et plus les politiciens ajoutent les enjeux sur leur programme électoral. Si vous avez un médecin de famille, vous êtes sans doute indifférent au problème de ceux qui courent après un médecin. Et s’il n’y avait pas une masse critique de patients orphelins, sans doute que le ministre de la Santé aurait d’autres priorités. C’est le nombre de personnes affectées, concernées qui dictent les agendas politiques. Le bruit des frustrations ou inquiétudes résonnent plus fort en groupe. Pour ma part, je galère depuis au moins huit ans pour un simple rendez-vous occasionnel chez un médecin et cela fait à peine 2-3 ans que le sujet des patients orphelins est à l’actualité.
Alors, faisons du bruit sur les enjeux numériques, car TOUTE l’humanité est concernée. Cela fait au moins dix ans que je répète ad nauseam que nous n’avons aucune orientation sur l’avenir du numérique et la place que nous voulons lui donner dans notre vie de citoyen. Pas plus au Québec qu’au Canada. Un ministre du numérique avec du pouvoir serait déjà une grande avancée. Pas un simple gestionnaire de projets bien payé pour coordonner quelques économies d’échelle avec les services informatiques. Non, un.e ministre avec une vision pour la suite des enjeux numériques.
Sur quelle planète vivons-nous?
Nous avons créé les COP (Conference of Parties) pour les enjeux climatiques et les enjeux de biodiversité. Les pays membres des Nations Unies se rencontrent une fois par année et tentent de contribuer à régler des problèmes communs. Clairement, c’est imparfait, mais c’est un point de rassemblement mondial vers lequel tous les projecteurs sont braqués. Une manifestation sans équivoque que nous sommes tous habitants de la seule planète et que nous partageons au gré des malgré.
À quand une nouvelle COP IA ou technologique? Il faudra bien un jour très prochain que l’humanité statue sur la place qu’elle souhaite donner aux intelligences artificielles et les encadrements juridiques internationaux, le droit à la vie privée, les enjeux de cybersécurité, l’envahissement de l’espace avec les satellites, etc.
Bien sûr que tout cela semble utopique, j’en conviens. Nous sommes encore à faire respecter les traités sur l’armement nucléaire avec les dictateurs qui se croient au-dessus de tout. Nous espérons toujours que le règne des mégalomanes soit un jour de l’histoire, même si la racine du mal semble impossible à détruire. Un meurt, le prochain est pire. Imaginons maintenant le cyberespace qui profite largement aux pays dominants et aux dictateurs. Comment ne pas lâcher la serviette avant de l’avoir utilisée?
Les films de science-fiction qui projettent des futurs imaginés semblent souvent dépeindre un futur dans lequel un seul gouvernement mondial fait autorité auprès de la population survivante.
L’humanité est en profonde mutation et d’ici 2037 nous serons près de 9 milliards d’humains sur terre. Un milliard de plus en moins de 15 ans. Le Japon est en mode urgence face à sa pyramide démographique inversée. Le gouvernement chinois s’inquiète de sa baisse de population et élimine la politique de l’enfant unique. Comme si la planète avait besoin de plus d’humains. Imaginez nourrir tout ce monde avec moins d’emplois et une dépendance de chaque instant à toutes les technologies?!
Les flux migratoires ne cessent leur cadence accentuée par la famine ou les guerres qui ne montrent pas de signes d’essoufflement. Imagine maintenant que l’intelligence artificielle soit utilisée pour trouver des solutions. Quels seraient les critères objectifs? La souveraineté territoriale ou la vie des humains ? Voilà pourquoi les ententes entre pays deviennent critiques avec l’intelligence artificielle. Il faudra des codes éthiques internationaux qui soient cohérents.
Le droit international aussi devra aussi s’ajuster. Nous ne pourrons pas dire « ton IA est plus fort que le mien »… ou peut-être le pourrons-nous? Assez fondamentale comme question! Quel algorithme aura préséance sur l’autre et en vertu de quoi?
L’IA a un potentiel énorme à tous les niveaux. Mais son potentiel va de pair avec l’ampleur des enjeux sociaux. Voilà peut-être une piste pour mettre la table sur ces enjeux : si les Nations-Unies s’entendaient pour que l’octroi de subventions gouvernementales soient exclusivement réservées à l’intelligence artificielle axée sur les enjeux climatiques, les enjeux de la faim et de la santé et que les connaissances soient considérées patrimoine de l’UNESCO? Je sais, c’est vivre au pays des licornes. Mais si on ne peut plus rêver, que nous reste-t-il outre à jouer aux autruches et faire semblant que tout va bien?
Pousser et subventionner l’intelligence artificielle dans le seul but de remplacer les humains et éliminer des emplois deviendrait aussi grave que de ne pas respecter les accords sur l’armement nucléaire. Du moins, laisser ce pouvoir sans garde-fou entre les mains des hommes les plus riches de la planète m’apparaît un pacte avec le diable. Les deux dernières décennies ne nous ont-elles pas appris avec le GAFAM et les oligopoles numériques qui dictent les règles du jeu et qui ont mis à mal des milliers d’entreprises et tué des industries complètes? Ce n’est pas de l’évolution, c’est du sabotage cautionné par l’inertie des gouvernements. Pouvons-nous feindre l’ignorance face à ces enjeux qui s’accélèrent et sont plus menaçants que jamais?
La trace que je veux laisser?
Je dois bien admettre que la tentation de laisser tomber la serviette et m’assoir avec un sac de popcorn pour regarder passivement la prochaine série du millénaire « Qui a piqué mon humanité? » est grandissante. Si tu as vu le film « La ligne verte », j’aurais le goût de dire « Je suis fatiguée patron… ».
Lorsque des personnes que tu considères intelligentes s’avouent vaincues avant de s’être senties concernées, je suis consternée. Je sais assurément que le cancer de l’humanité ne guérira pas avec les doses de « je-m’en-foutisme ». Je pense aux cousins français qui hallucinent sur la menace des retraites reportées de 62 ans à 64 ans et moi qui ai bien failli me faire reléguer à une retraite à 67 ans et qui conserve pour l’instant, le droit à 65 ans. Je ris de leurs doléances. Pourtant, c’est la fin du monde pour eux. C’est vrai que tout est relatif. Mais de grâce, il faut réaliser que ce sont les gestes que nous posons maintenant qui feront foi de notre avenir, quelle que soit ta définition du mot avenir et la grandeur de ton nombril.
Que diras-tu à tes enfants, petits-enfants, aux générations futures lorsqu’ils demanderont : pourquoi personne n’a rien fait pour arrêter la déshumanisation au profit des robots et des intelligences en canne? Ça me soulage, personne ne me demandera ça à moi… mais toi?
Alors, un simple conseil pour le clan des « éveillés technologiques » : ne cessez pas les discussions sur les enjeux de l’IA, parlez de vos craintes, manifestez votre besoin d’encadrement et la nécessité absolue que l’IA soit un outil au service d’une meilleure humanité et non d’une autre façon de la tuer à petits feux. Ne faites pas l’erreur de croire que nous n’avons aucun pouvoir. C’est à nous de montrer que l’intelligence collective est plus puissante que l’intelligence artificielle!
Bonne réflexion ! 😊

PS Écrire tous ces articles ne m’apporte qu’un seul bénéfice : éveiller les consciences. SVP Partage pour que l’éveil soit amplifié.
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