Il ne se passe pas une semaine sans que Facebook ou autres situations catastrophiques de vols de données personnelles à la « Desjardins » ne viennent nous rappeler que l’ère numérique a apporté son lot de défis de sécurité et de protection de notre vie privée. Je pense qu’il faut vivre sur une autre planète pour ne pas réaliser que nous sommes devenus un « produit » pour les réseaux sociaux qu’on vend à qui mieux mieux. Il faut être encore plus déconnectés pour ne pas réaliser que nous sommes aussi devenus des cibles pour les pirates informatiques qui sont les nouveaux bandits modernes qui n’ont rien à faire de notre télé 60 pouces ou nos bijoux vrai ou faux, car nos données personnelles valent bien plus cher que n’importe quoi d’autre. L’employé chez Desjardins l’avait compris lorsqu’il a décidé de voler les informations de près de trois millions de membres. Mais comme le chimiste Antoine Lavoisier l’avait si bien dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Une loi de la nature qui trouve son écho aussi dans le numérique. Autres temps, autres crimes, pourrions-nous aussi adapter.
La théorie de Darwin à l’ère numérique : pour survivre, il faut s’adapter!
Lorsque nous avons grandi dans une ville ou un village aux grandeurs humaines, il ne nous vient pas à l’idée de verrouiller les portes de l’auto, ou de la maison pour aller au commerce du coin. Personne ne vit l’anxiété et les angoisses d’être cambriolé ou de voir son véhicule disparaître en clignant les yeux. J’ai attrapé cette maladie à Montréal à mon arrivée, après quelques vols dans ma voiture et ma maison… la paranoïa amplement justifiée s’est emparée de moi. J’ai dû m’adapter et modifier mes habitudes. Aucun objet de valeur à la vue dans la voiture, verrouiller les portes de la voiture, de la maison, du cabanon et j’en passe. Ce fut un brutal réveil que le monde peut être hostile et qu’il vaut mieux prévenir que guérir.
Le numérique c’est la même chose. C’est vivre comme dans les grandes capitales ou métropoles du monde et comprendre que les cambrioleurs nous épient et cherchent les failles de sécurité. Il faut « verrouiller » ses comptes, changer ses mots de passe enfantin et trop facile à découvrir et ne pas les partager avec quiconque. Il ne faut pas non plus ouvrir la porte aux étrangers sans d’abord les identifier. L’analogie est la même pour un message virtuel parce qu’un courriel ou un texto de la part d’une personne inconnue aux intentions malhonnêtes peut causer beaucoup de torts. En effet, c’est devenu encore plus dangereux si on ne prend pas les précautions pour identifier clairement l’expéditeur et la légitimité d’un courriel potentiellement frauduleux. Aucune entreprise sérieuse ne vous ne demandera de fournir des infos personnelles ou un mot de passe par courriel. Il faut donc développer le réflexe de la grande ville, villageois du monde, méfiez-vous des étrangers virtuels sans visages et pleins de ressources. Ils sont tellement habiles et rapides que même les entreprises usurpées ne peuvent pas suivre les tentatives de fraudes faites en leur nom. Si nous sommes imprudents, nous laissons la place aux vols et aux fraudes. Même la prudence ne nous met pas à l’abri complètement, mais ce n’est pas une excuse pour ne pas prendre des précautions.
Notre sécurité c’est aussi au-delà du vol, c’est aussi le viol moral
J’ai parlé de sécurité, car je crois que c’est important de se rappeler que nous avons notre grande part de responsabilité dans les comportements de prudence numérique à adopter. Et tout ça va encore plus loin. Vous avez sûrement entendu parler de l’enquête sur la manipulation des votes par les Russes lors de la campagne présidentielle aux É.-U.? Ici, les Américains ont été victimes d’un viol moral collectif et ils en paient le prix encore et pour longtemps. La très grande part de responsabilité revient à chacun de nous de valider et vérifier la véracité des faits. Bien sûr, cela exige un minimum d’efforts et je concède que ce n’est pas toujours évident. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’écris ce billet.
Mais chaque jour les médias sociaux nous servent sur un plateau d’argent des balivernes et des tentatives de nous exposer à de la manipulation extrême. Ce sujet je l’ai abordé très souvent dans ce blogue au cours des onze dernières années, mais j’aimerais vous partager des outils et des trucs pour développer votre esprit critique. Et il faut le dire, pour certaines personnes, si c’est Google qui le dit, c’est donc vrai. Commençons donc par comprendre que toutes les informations sur Google ne sont pas un gage de vérité. Ensuite, utilisons plutôt Google pour trouver les outils qui permettent de voir si c’est vrai ou faux. Soyons plus intelligents que l’intelligence artificielle et les algorithmes qui utilisent notre propension à aimer ou suivre certains sujets pour nous servir des messages publicitaires qui visent nos failles ou des appâts à clics.
Les élections fédérales au Canada vont envahir les médias sociaux d’ici le jour du vote. J’ai déjà commencé à voir des vidéos de Justin Trudeau qui fait le pitre lors de ses apparitions à travers le monde. Qui a préparé ces montages? Le parti conservateur lui-même évidemment. Est-ce des images réelles de Justin Trudeau? Bien sûr, mais avec ces images rassemblées en un montage décontextualisé, il faut admettre que notre premier ministre a l’air dangereusement peu crédible. À qui revient de faire la part des choses? À nous. Je ne sais pas pour vous, mais si le parti conservateur souhaite utiliser l’argument de la crédibilité pour nous convaincre d’élire l’héritage de Stephan Harper, je pense que nous irons dans une campagne « sale » où nous serons manipulés à chaque détour. Les pro conservateurs seront visés pour salir les libéraux, et vice-versa. Lisez cet article pour comprendre l’effet pervers de la manipulation de la vérité avec des algorithmes qui nous font perdre notre jugement en renforçant simplement nos convictions.
Des trucs pour valider la véracité des informations
Récemment, je partageais une publication qui semblait vraie, et surtout stupéfiante, de palmiers en feu allumés par combustion spontanée apparemment causée par un record de température extrême de 63 degrés à Dubaï. Très crédible la vidéo avec ses images filmées par une caméra amateur, nous entendions une voix en arabe commenter ce qu’il voyait. Or, je dois admettre que je me suis fait avoir comme une débutante. J’ai trouvé des informations qui disaient clairement les faits et l’origine de la vidéo qui est devenue un canular durable. Oui, le feu était pris dans les palmiers, mais la foudre était la cause et la température maximale atteinte à Dubaï est 51 degrés. Mais savez-vous qui m’a prévenu que cette vidéo était remise en question? Facebook lui-même (voir image ci-contre) qui me disait de valider, car deux sources crédibles semblaient démentir la véracité de ladite vidéo. Il faut souligner ici les efforts de Facebook pour la chasse aux fausses nouvelles, et il était temps.
J’ai donc fait des recherches sur Google, et j’ai trouvé assez vite un lien qui appuyait le démenti avec des explications crédibles. Au fond, je voulais y croire, même si c’était horrible de penser qu’à Dubaï une température de 63 degrés avait été atteinte causant de la combustion spontanée d’arbres. Nous appelons cela exploiter les failles de notre jugement. C’est un nouveau jeu que plusieurs adorent jouer. Parfois pour absolument rien d’autre que le simple plaisir de cumuler des réactions et des partages ou des commentaires et nous faire perdre notre temps.
Il importe de développer un jugement critique avant de partager ou contribuer à la propagation d’une arnaque ou d’une rumeur. Vous pouvez déjà consulter le lien d’origine et aller à la section « À propos » ou « Qui sommes-nous? » si c’est flou ou volontairement omis, c’est mauvais signe. Vérifier les sources mentionnées dans ledit article s’il y en a. Vous pouvez aussi chercher dans les moteurs de recherche avec le titre ou l’info à valider pour voir ce qu’on dit ailleurs sur cette nouvelle. À qui sert le propos est aussi une bonne question à se poser pour découvrir qui a avantage à nous manipuler. Nous pouvons remercier Donald Trump pour avoir compris que certaines personnes sont plus crédibles que d’autres lorsque vient le temps de vérifier une fausse nouvelle (rions un peu). Et pourquoi ne pas demander à votre réseau si quelqu’un a validé la véracité d’une information. Enfin, voici des outils pour valider l’authenticité d’une nouvelle, des vidéos et des publications photo ainsi que leur origine :
- Validation d’une source fiable ou pas
- Les tentatives d’arnaques ou canulars : détecteur.
- Vérifier les fausses rumeurs sur le Web – Hoaxbuster.com
- Valider la véracité d’une photo et s’assurer qu’elle n’a pas été modifiée.
- Comment vérifier l’authenticité d’une vidéo
Notre jugement est plus que jamais nécessaire pour la prochaine étape du Web
Avec l’intelligence artificielle qui dicte déjà l’évolution du Web, il est urgent de réaliser que nous sommes les seuls responsables de notre laxisme individuel et collectif. Il est vrai que les vols d’identité numérique sont parfois difficiles à arrêter, mais c’est aussi ça le problème, la quantité d’informations que les entreprises exigent de nous. Toutes entreprises qui détiennent tout de nous devraient avoir des mesures draconiennes de protection des données et pourquoi pas des coffres-forts numériques différents pour des informations hyper sensibles. Quoi qu’il en soit, rien ne remplacera jamais notre prudence individuelle, notre jugement individuel et collectif lorsque vient le temps de se protéger de vols et de tentatives de manipulation.
Mais il semble temps pour nos gouvernements (qui nous doivent aussi la sécurité informatique) de renforcer les exigences de sécurité et de limiter l’utilisation de nos données personnelles à tout vent pour des raisons insignifiantes. Vous souhaitez des données, dites pourquoi c’est nécessaire. Pour les fausses nouvelles, ici aussi, je pense que l’enseignement doit commencer dans les écoles avec nos enfants qui auront et ont déjà le réflexe « Dieu Google » afin de les initier au jugement et l’esprit critique.
Mais une chose est certaine, le vieil adage : « Vaut mieux prévenir que guérir » est aussi applicable ici. Validation et prudence exigent un peu de temps, mais si nous évitons des complications pour la suite, ça vaut la peine non? La Présence, c’est aussi se questionner pour mieux jauger une situation et agir conséquemment.
Bon été dans la prudence… le jugement et le sens critique! 🙂
Excellent billet ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️
Envoyé de mon iPhone
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