Après le dernier scandale de Facebook et la manipulation des données par Cambridge Analytica, à l’aube d’une nouvelle réglementation extrêmement sévère pour l’Union européenne avec la RGPD (Règlement Général de la Protection des Données), plus récemment la loi C-28 au Canada et toutes les initiatives en cours pour protéger les données clients contre les utilisations abusives et les vols faut-il s’étonner que les mots « gratuité et Web » soient de plus en plus un couple illusoire, voire même un piège coûteux pour les entreprises tentées de tourner les coins ronds? Une belle analogie avec la toile bien tissée dont on ne se méfie pas.
« C’est épuisant être en business maintenant! »
Voilà un cri du cœur qu’une entrepreneure très autonome me lançait dernièrement et qui allait ouvrir une discussion qui complétait bien le sujet de mon blogue. Cette entrepreneure qui gère ses affaires Web de manière assez autonome n’aurait pu choisir un meilleur cri du cœur avec la législation entourant le Web qui émerge partout dans le monde rendant les actions sur le Web de plus en plus complexes. Nous pouvons comprendre. Il y a 5 ans, je me suis fait voler mes informations sur le portable d’un conseiller hypothécaire de ma banque, et j’ai encore une note à mon dossier de crédit. Plus récemment, un parti politique municipal s’est fait voler la liste de ses donateurs, et je cherche encore à savoir si les informations de mon don étaient parmi les informations piratées. Pourtant, ces deux organisations se vantent de protéger nos données. Les entreprises doivent investir dans la protection des données et les frais juridiques associés à cette gestion. Mais au-delà de ces casse-têtes légaux, pouvons-nous croire encore à la gratuité du Web?
Le Web gratuit pour qui?
L’angle des entreprises : petites ou moyennes!
Faire des affaires avec le Web a rendu des rêves d’entrepreneurs bien plus accessibles étant donné que beaucoup d’outils sont gratuits notamment les médias sociaux. Avec ce « Web dream » est venue aussi l’illusion pour les entrepreneurs qu’ils pouvaient tout faire par eux-mêmes particulièrement les petites entreprises. Une toile qui attrape tous ceux qui lui touchent. Rédiger des textes optimisés pour le Web, faire des photos, des vidéos, animer des médias sociaux, faire de la publicité dans les moteurs de recherche et les médias sociaux, même construire leur propre site Internet et j’en passe. Alors mine de rien le patron ajoute une petite tâche ici, une autre là, et nous voilà PDG d’une petite entreprise qui fait tout de A à Z sans embaucher la moindre ressource pour gérer l’ère numérique dans son entreprise. Généralement, il en est même très fier, mais il ne sait pas répondre à deux questions fondamentales: combien vaut un client dans le temps et combien suis-je prêt à payer pour acquérir un nouveau client?
Un jour, une autre entrepreneure m’a dit : j’en sais juste assez pour être un danger pour moi-même, et pas assez pour savoir pourquoi! Une entreprise vue sous cet angle, oui c’est épuisant. Une autre entrepreneure en affaires depuis 27 ans rechigne encore à mettre de l’argent pour de la publicité sur le Web préférant se plaindre que ses publications sur sa page Facebook ne servent à rien. Lorsque nous connaissons les règles de l’algorithme de Facebook, aussi bien dire en effet qu’elle perd son temps. Nul besoin de préciser qu’elle refuse aussi de payer de l’aide pour la guider, tout est si facile à apprendre sans rien payer sur le Web.
L’angle des internautes
Chaque jour, nous entendons des amis parler de leur lassitude des médias sociaux et de leurs craintes justifiées de l’invasion dans leur vie privée continuellement épiée et nos données manipulées pour le compte d’intérêts contraires aux nôtres. Des événements qui leur donnent raison avec la baisse de participation de Facebook depuis le scandale et la nouvelle loi européenne RGPD (en vigueur le 25 mai) qui inonde nos boîtes de courriel de messages des médias sociaux pour nous présenter leurs nouvelles conditions conformes à ladite loi. Un marathon pour faire un pas de plus pour le respect de nos vies privées, sauf que le grand public est confus, et les entreprises encore plus. Avez-vous tenté de lire ces nouvelles conditions? Voici en gros la nouvelle loi et ses points clés. Entreprises canadiennes, cette loi s’applique à vous aussi si vous traitez avec des clients qui vivent dans l’Union européenne.
Bref! Après deux décennies à profiter de notre naïveté collective, les géants du Nouveau Monde doivent faire quelques pas de côté pour continuer d’avancer. Pourtant, l’expérience nous a bien démontré que lorsque c’est gratuit, c’est nous le produit. C’est comme ça depuis les journaux, la radio et la télé, les annonceurs financent les médias en échange de notre attention. La différence est que les médias traditionnels n’avaient que peu d’informations pointues sur notre vie et nos relations. Maintenant, les rideaux du salon sont ouverts et on écoute nos conversations privées. J’en parle depuis la première édition de mon livre de ce danger. Les versions payantes apparaîtront pour nous éviter d’être le produit pour vendre de la publicité. Payeriez-vous pour utiliser Facebook? Twitter? LinkedIn? Instagram? Pinterest? YouTube? Préparez-vous à l’idée, car ça pourrait bien arriver un jour si votre « intimité publique » est non négociable.
Le Web n’a jamais été gratuit et ne le sera jamais!
Si j’avais à réécrire mon livre, j’insisterais sur deux choses avec encore plus d’emphase. D’abord pour les entreprises, je dirais haut et fort ne mettez surtout pas tous vos efforts sur Facebook ou autres médias sociaux en apparence gratuits. Je l’ai dit et répété, mais ce message, même martelé, a passé un peu comme un bruit de fond dans l’effervescence des meilleures années Facebook et compagnie. Les succès paraissaient si beaux et alléchants. Plusieurs entreprises en apparence futées se frottaient les mains. Aujourd’hui, le réveil est brutal. Imaginez que vous avez 10 000 ou 100 000 fans à qui vous pensez pouvoir parler gratuitement, alors que vous devez payer pour leur parler sous peine d’en atteindre qu’une infime partie (moins de 16%). La réussite est de plus en plus, tout sauf, une question de gratuité sur le Web. Imaginez maintenant que vous ayez pris le temps de convertir vos fans dans votre base de données et non celle de Facebook?
L’autre message pour les internautes est sans doute relié à mon obsession pour les paramétrages de sécurité et les différents groupes pour les publications entre public, amis, amis sauf connaissances, amis proches ou groupes ciblés dont je fais un usage depuis le premier jour. Soyons honnêtes, tous nos amis Facebook ne sont pas égaux, et les classer au fur et à mesure selon leur degré de proximité est un « must » absolu. Vous évitez ainsi d’entraîner vos amis avec vos propres propensions à étaler vos vies sur Facebook.
Personnellement, je ne fais jamais de tests sur Facebook pour savoir à quel animal je ressemble ou quelle divinité j’incarne ni de jeux où il faut inviter ses amis pour cumuler des crédits, et encore moins de concours qui semblent trop beaux pour être vrais avec des entreprises inconnues et des produits hyper connus. Les plus vulnérables seront toujours les internautes qui ne lisent pas les avis ou qui ne se méfient jamais de rien. Les fausses nouvelles sont d’ailleurs colportées par ce type d’internautes qui partagent tout sans valider si l’information est véridique, ces mêmes qui nous inondent de chaînes de messages pour qu’un vœu qui se réalise si nous faisons suivre le message à 10 personnes. Voilà comment les intrus entrent dans nos profils et font des ravages. Ici, je ne parle pas de ceux qui possèdent la clé de nos données légalement.
S’il y a une chose de gratuit dans le Web, c’est l’illusion! L’illusion que nous pouvons prendre des raccourcis pour gagner des clients, croire que l’accès est gratuit lorsque nous fournissons nos informations personnelles, imaginer que notre temps est gratuit et continuer d’en mettre même lorsque les résultats ne sont pas là.
Comme ce blogue est avant tout destiné à faire de meilleures affaires sur le Web grâce à la Présence, je vous invite à faire le petit exercice suivant si vous êtes le genre d’entrepreneur qui croit que tout faire par lui-même est la façon la plus économique de faire, et peut-être l’est-ce, mais le valider ne fera aucun mal.
Faites un tableau du style proposé ici-bas.
- Faites l’inventaire des nouvelles tâches numériques qui se sont ajoutées à votre assiette depuis l’avènement du Web.
- Comptabilisez le temps requis pour acquitter de cette tâche (soyez honnête) avec votre taux horaire théorique et les frais associés aux outils nécessaires
- Quelles compétences sont requises pour cette tâche (sentez-vous que vous êtes totalement compétent pour obtenir la meilleure qualité?) Essayez de distinguer les compétences reliées à l’expertise de votre domaine vs les compétences en communication ou autre.
- Est-ce la qualité de vos tâches est critique pour le succès de votre entreprise? (Implicitement vous en connaissez la valeur optimale pour la réussite)
- Que laissez-vous tomber pour acquitter cette tâche? Que pourriez-vous faire avec ce temps? Quelle en est la valeur?
Tâches numériques | Mon coût interne | Compétences requises | Résultats critiques |
Sacrifices valeur |
Préparer une publication Facebook |
temps * taux = x + coûts outils | Savoir rédiger, savoir publier |
Selon période |
je pourrais faire A ou B ce qui vaut X $ |
|
Total 1 |
Total 2 |
Lorsque ce tableau est complété, commencez par calculer la valeur totale de votre temps (total 1) moins la valeur totale de vos sacrifices (total 2) et si le solde est positif, vous êtes déjà sur une bonne voie. Maintenant, tentez d’obtenir des propositions pour établir combien il vous en coûterait pour sous-traiter chaque tâche critique d’abord, et pour les autres ensuite. Il ne vous restera qu’à décider où votre temps serait mieux investi. N’oubliez pas le facteur « intérêt » pour ladite tâche, car il est rare qu’une tâche qui ne nous inspire pas soit bien faite et que nous ayons l’intérêt de se maintenir à jour. J’ai trouvé cet aide-mémoire pour aider un consultant à établir son taux horaire, mais la logique est identique pour un entrepreneur qui veut calculer le coût réel d’une tâche.
Le but ici est de vous ramener dans vos tâches les plus importantes et là où vos compétences sont les mieux utilisées pour éviter de vous épuiser dans l’accomplissement de tâches qui ne semblent plus avoir de fins… mais que des débuts. N’oubliez pas que le Web est conçu pour être chronophage.
Alors, le Web n’est pas gratuit pour personne. Ou vous y investissez du temps au détriment d’autres tâches importantes, ou vous donnez vos informations personnelles pour utiliser des outils en apparence gratuits.
Prenons conscience que Google, Facebook et autres géants n’ont pas détourné les dollars publicitaires des médias traditionnels avec la gratuité du Web!
Besoin d’aide pour analyser, décider ou trouver des propositions ou simplement investir votre temps à la bonne place?
4 commentaires sur « Entre piège ou opportunité, la gratuité Web et ses impacts! »