Des réflexions en voulez-vous? En voilIA!

Une réflexion sur l’urgence de l’intelligence sociale pour relever les défis actuels et ceux de l’intelligence artificielle.

Envie de vous parler de mes rencontres marquantes pour moi ors d’une semaine particulièrement riche en rencontres. D’abord une rencontre avec Yves Lusignan pour discuter de communautés d’intelligence prospective et du projet ambitieux de la métamorphose sociale, mais au combien nécessaire.

Avec à son cœur un système d’intelligence organisationnelle qui nous permettrait de bifurquer vers un nouveau modèle de souveraineté de production avec comme objectifs de réduire de 80% nos émissions de GES (Gaz à Effet de Serre), d’améliorer notre indice de circularité et finalement de minimiser à son maximum la dépendance extérieure.

Ensuite, la participation à un colloque sur l’intelligence artificielle organisé par René Villemure, le député du BQ de Trois-Rivières. Un colloque ayant un titre fort évocateur : « L’intelligence artificielle volera-t-elle la nôtre? ».

Des experts touchant les sphères axées sur les aspects technique, éthique et légal ont permis des discussions fondamentales sur les enjeux poussés par l’IA. Et la cerise sur le sundae, une présentation de la directrice de l’intelligence artificielle et de l’industrie numérique à la Commission européenne, madame Lucilla Sioli qui partageait les éléments clés du nouveau projet loi « AI Act ». L’AI Act est une proposition du règlement du parlement européen et du conseil établissant des règles harmonisées en matière d’IA. Pierre-Yves Blanchet a rappelé à juste titre que ce débat doit s’élever au-dessus de la partisanerie (comme ma participation d’ailleurs).

Facile de conclure que j’ai la tête pleine de réflexions assez profondes. Comme on dit, ça « spin » dans cette tête-là mes ami.es.

Des constats à l’échelle planétaire, mais tout commence chez nous

Lorsque j’ai écrit mon livre « Souveraineté numérique : aux frontières du réel et du virtuel », je savais d’emblée que ce livre serait potentiellement obsolète rapidement. Pour contrer tout ça, j’ai tenté d’aborder les éléments dans une perspective à long terme en présentant les données à jour qui confirment la tendance. Je le mets également à jour régulièrement.

Comme le phénomène de l’IA est complexe et que le train roule déjà à très grande vitesse, la plupart des gens nourrissent l’idée de croire qu’il n’y a rien à faire pour arrêter le train en marche. Ou une autre expression populaire : le génie est sorti de la bouteille et impossible de le remettre dedans. Une approche assez défaitiste, s’il en est.

Je me permets ici de rappeler que les propos que j’aborde ne visent pas à museler le progrès, mais bien à lui donner une direction qui soit dans l’intérêt collectif et non exclusivement mercantile et malicieux. L’IA au service de l’intelligence sociale serait une bénédiction selon moi. Le problème est de savoir qui paie pour les avancées sociales ?

La motivation étant le profit à tout prix dans une société capitaliste, il n’est pas étonnant que les avis soient partagés et tendent à polariser le débat entre ceux qui veulent absolument qu’une intelligence dite artificielle acquière une longueur d’avance sur l’intelligence dite humaine comme une destinée inévitable dans un horizon de 20-30 ans et les autres qui vivaient très bien sans… et qui aimeraient avoir l’assurance que cesdites intelligences artificielles ne massacrent pas le tissu économique, social, la démocratie et l’équilibre planétaire des humains qui parfois manquent cruellement d’intelligence émotionnelle.

Les différents projets de loi en cours dans le monde pour encadrer l’IA et le GAFAM ne plaisent pas aux principaux intéressés et à d’autres fervents admirateurs du chaos numérique. L’ AI ACT est à ce jour, selon mes recherches, le projet de loi le plus audacieux, mais le plus proche de ma vision qui prône un encadrement préventif (pour le avant) et coercitif pour ceux qui enfreignent les principes (pour le après).

Mais force est de constater que la souveraineté numérique est une condition non négociable pour la liberté collective d’une société et des individus qui la composent. En d’autres mots, si nous voulons viser l’autodétermination, nous ne pouvons pas être soumis aux règles imposées par les tyrans numériques – ces nouveaux empereurs qui mènent le monde selon leurs propres règles.

C’est ici que les propos et le projet d’Yves Lusignan avec l’écohérence arrive à point nommé. Je vous explique.

Le réveil brutal postpandémique : oups, notre dépendance extérieure est trop grande!

Depuis le retour à la quasi-normalité, après une pandémie qui a permis de révéler nos fragilités économiques et sociales, chaque pays a fait ses constats. Entre ceux qui dépendent trop des autres pour leur approvisionnement et les autres qui ont un avantage économique, quel que soit le discours, un fait demeure : tout a changé.

Comme si cela n’était pas suffisant, la crise climatique et l’arrivée de l’IA accessible à tous s’ajoutent à l’ampleur des défis qui affectent certains pays plus que d’autres. Mais la situation actuelle, entre guerres, catastrophes écologiques, famines, flux migratoires, montée de la droite, etc. nous rappelle que le repli sur soi-même est peut-être le réflexe de survie le plus naturel. La posture du porc-épic qui se roule en boule et qui attend que son prédateur s’épuise en vain à se piquer le museau à répétition.

De l’apogée de la mondialisation, nous voilà confrontés à la décision de prendre le chemin de la « démondialisation » pour des raisons de plus en plus évidentes. La méthode de prospective collaborative est proposée par Yves Lusignan afin d’ajouter le facteur humain dans l’équation de nos décisions.

Je préfère vous laisser écouter sa conférence et tirer vos propres conclusions, mais une chose est claire : nous atteignons le point de bifurcation.

Il y a 10 ans, Yves avait l’air d’un prophète de malheur pour certains. Pour moi, il a toujours été un visionnaire, un prospectiviste qui faisait marcher ses bottines dans le même sens que ses babines. Aujourd’hui, les outils qu’il propose pourraient apporter un vent d’espoir dans la modélisation d’une société qui souhaite prendre sa destinée en mains. Ce qui m’interpelle particulièrement est cette notion d’intelligence sociale, organisationnelle, qui devient critique pour rééquilibrer les forces qui s’interposent entre nous, simples humains, et les robots en développement.

En abordant la proposition de souveraineté numérique, je souhaitais soulever l’importance que l’humain soit le maître d’œuvre ultime dans cette folie de l’IA qui avance dans un TGV sans conducteur. Un train qui avance plus vite que notre capacité à le maîtriser. Pour faire contre poids à l’IA qui ne fera que prendre du gallon au fil du temps, il apparaît urgent de modéliser la conscience collective et prendre le pouls en temps réel de nos priorités communes.

Un véritable système de veille qui permettrait à l’intelligence sociale d’être cartographiée et accessible afin d’orienter les décisions collectives : une démocratie participative. Il m’apparaît urgent que l’opinion des « humains » en cause et des organisations impliquées aient enfin une voix commune pour la planification de leur avenir.

Source : Ciblexpert

OK! Mais ça marche comment tout ça?

D’abord ça commence par un éveil de conscience individuel. Il faut absolument que tout le monde se sente concerné avec ce qui se produit en ce moment. Notre système économique est réellement en voie de s’effondrer (ben oui, seule la date est inconnue), le mur est de plus en plus probable et proche. Notre système est déréglé et la terre ne suffit plus pour nourrir les ambitions du capitalisme sauvage. (Écouter la vidéo)

La pression de l’IA sur le tissu économique et l’emploi commence déjà à créer des tonnes de chômeurs qui n’ont pas eu le temps de se recycler…. Encore moins d’y penser. La pression sur les chaînes d’approvisionnement touche notre portefeuille à chaque détour. Les catastrophes climatiques changent les règles du jeu chaque jour. Les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Une équation parfaite pour une révolution. Mais rassurons-nous, tout va bien, n’est-ce pas?

Nous avons dorénavant des outils « intelligents » pour niveler les compétences des plus cancres qui ne savent pas écrire, qui n’ont jamais d’idées et qui ne savent pas faire des résumés ou des calculs. Mais nul n’a pensé à élever la conscience collective, alors que nous avons besoin d’un éveil urgent face aux actions à prendre afin de se préparer à cette métamorphose sociale qui arrivera que nous l’ayons préparée ou subie.

Einstein a dit et plusieurs le répètent depuis : « On ne peut résoudre un problème en utilisant le même niveau de pensée que celui qui l’a créé. »

La métamorphose sociale expliquée par Yves : Nous devons donc aborder un changement de paradigme fondamental qui nous force à passer d’une société adolescente qui vit dans le présent à une société adulte qui vit pour le futur.

Une société basée sur un système de pouvoir, centrée sur l’individu, repliée sur elle-même, en croissance qui vit dans le présent en prônant ses capacités de mises en valeur vers une société basée sur un système de collaboration centrée sur la collectivité et ouverte sur son contexte, une société en consolidation qui mise sur son sens des responsabilités.

Tout un projet, mais une vision qui a toutes les chances de réussir avec la synergie des acteurs et actrices qui s’impliquent.

Le cadre de référence collectif est une approche dans laquelle personne ne prétend avoir la solution, mais où tout le monde est amené, via une démarche scientifique et participative, à s’entendre sur la nature du défi, et sur les paramètres fondamentaux qui guideront nos décisions collectives. Voir la proposition détaillée.

L’intelligence artificielle subordonnée à l’intelligence sociale

Hubert Reeves a marqué ma jeunesse et ma vie adulte et celles de plusieurs générations. Ce vulgarisateur, astrophysicien, nous a permis de comprendre le monde fascinant des étoiles, des planètes et de notre place sur cette planète que nous habitons : la terre. Il est un spécimen d’intelligence sociale et scientifique qui occupait la place de Google avant son arrivée comme les David Suzuki aussi.

La probabilité que d’autres vulgarisateurs intellectuels émergent dans différentes sphères m’apparaît plutôt utopique à l’ère des influenceurs et influenceuses axé.es sur la futilité. À l’heure où chaque question trouve sa réponse avec Siri ou Alexa, nous pouvons dire que l’IA sera bientôt, ou peut-être déjà, érigée au titre d’Oracle universel. Même si sa parole sera prise pour la vérité absolue en considérant que la vérité n’a plus de résonnances communes et que ses algorithmes hallucinent.

Je continue de croire, malgré cette soupe à l’analphabète, que l’intelligence sociale a un avenir crucial pour s’élever au-dessus de l’intelligence artificielle. Yves me faisait remarquer que le futur n’est pas nourri de faits, mais de perceptions. Il est donc crucial que la démocratie participative émerge pour éviter que les décisions affectant notre avenir ne soient prises que par une poignée d’élite politique qui ne représente jamais la population dans toutes ses couleurs. De la même manière que les programmeurs représentent un groupe quasi homogène d’hommes qui voient la société selon leurs perceptions et qui la programment ainsi.

La cohésion sociale est menacée dans tout ce chaos en cours. Suffit de lire les nouvelles pour savoir que ça ne tourne pas rond. Et je ne crois pas que l’IA va régler quoi que ce soit en ce sens. Bien au contraire, elle contribuera à accentuer ce chaos. Raison de plus pour organiser une intelligence sociale urgemment. Nous avons le devoir de modéliser le cadre de référence pour une démocratie participative afin de prendre des décisions basées sur les priorités des collectivités. Je parle de ce sujet depuis le début de ce blogue : la Présence est au coeur de ma motivation.

Bon, mes réflexions sont partagées… à vous d’avoir la tête qui « spin » lol.

Sylvie Bédard - Mind Drop

PS Si le projet de métamorphose sociale vous interpelle, visitez le site de Ciblexpert.

PPS Le BQ est sensé partager les actes du colloque si vous avez l’intérêt.

PPS : Tu n’as pas encore mon livre??? Il est grand temps d’y remédier ici.

6 commentaires sur « Des réflexions en voulez-vous? En voilIA! »

  1. Bonjour Sylvie,
    Premièrement merci pour ton appui indéfectible à mes projets qui semblent tellement impossibles, quoique tellement nécessaires.
    Nous sommes actuellement en train de lancer l’Institut d’Écohérence ainsi qu’une Communauté de l’Écohérence pour initier le processus de métamorphose.
    Je te tiendrai informé dès que ce sera chose faite, et c’est très bientôt.
    Au plaisir,
    Yves

Partager votre opinion permet d'élever la discussion!

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.