Il y a quelques jours j’entendais à la radio que Stephen King avait eu un pseudonyme et même deux. Ce fameux pseudonyme ou « alias » ou nom d’usager en langage Internet existait depuis fort longtemps et bien avant l’arrivée d’Internet. Ce qui est drôle, c’est que Richard Bachman n’était nullement associé à Stephen King. En tout cas, pas par moi et bien d’autres de toute évidence. Un écrivain secret qui pouvait avoir une 2ème carrière, un 2ème style d’écriture et toute la folie nécessaire pour sortir du traditionnel Stephen King. Lorsqu’un nom personnel devient une marque, il faut inventer un autre nom.
C’est là que tout cela devient drôle. Stephen King prétend que Richard Bachman est mort d’un cancer du pseudonyme lorsqu’interviewé sur le retour de celui-ci pour son dernier livre « Blaze ». Un roman oublié dans un fond de tiroir écrit bien avant l’inoubliable Carie. La notion de mort du pseudonyme est plus profonde que l’on croit.
Je dis souvent que le phénomène social qu’est Internet n’est qu’une reproduction à grande échelle de tout ce qui était réservé à une élite à une époque où les moyens technologiques n’existaient pas. Lorsque les premiers balbutiements de réseaux sociaux apparurent, le Net avait déjà réussi à faire une percée basée sur le phénomène de l’anonymat. Tout le monde s’inventait des pseudonymes et des vies sur mesure. Le même phénomène incroyable qui en a fait reculer plus d’un sur la valeur de cet outil : les usurpateurs d’identité. Même si certains prennent encore leurs pieds avec ces fausses vies, il y a le courant inverse qui est né avec les Facebook de ce monde et les MySpace, Youtube et compagnie.
Imaginez que maintenant, il faut surveiller nos enfants et même notre tendance à l’exhibitionnisme dans ces vies à ciel ouvert fièrement affichée dans le Net. Nous assistons à une inconscience collective dans le désir d’être quelqu’un et d’avoir sa minute de gloire ou son propre « Hall of Fame ». Faire des affaires dans le web c’est une chose, mais montrer sa vie en est une autre. La nuance tient dans le dévoilement d’information personnelle susceptible de tisser une toile autour de nous.
Prenez cet exemple tiré du bimestriel français le Tigre qui fait une campagne sur des portraits Google dont un certain « Marc L ». Une idée géniale pour démontrer à quel point certains internautes ne mesurent pas l’ampleur de leur naïveté. Un débat web sur la vie privée versus publique qui suscite bien des discussions. Si cela fait réfléchir, cela est aussi un signe incontestable que le cancer du pseudonyme a fait mourir plus d’un Richard Bachman depuis quelques années. Les pseudonymes criant au besoin d’une personnalité sur mesure font place aux identités plus assumées de monsieur et madame tout le monde, trop heureux de nous parler de leur vie et de l’étendre sur la place publique. La paranoïa suscitée par le débat de Marc L. ne doit pas servir à creuser la fracture numérique entre les « trads et branchés« , mais au contraire à se responsabiliser comme citoyen numérique. Le désir de socialiser ne doit suppasser le besoin de diligence dans nos relations numérique ou pas. À ce compte là, vérifiez vos vidanges si vous voulez pousser la paranoïa à l’extrême. J’ai eu droit à une contravention salée de 169 $ pour avoir mis mes poubelles trop tôt, billet expédié par courrier recommandé à mon attention grâce à mon adresse inscrite en toutes lettres dans mes déchets?!?!
Il y a plus. J’ai rencontré André Sauvé par hasard dans un spa dernièrement, il ne savait même pas qu’il avait un fan club dans Facebook . Pas plus que Louis-José Houde lors de son passage à l’émission « Tout le monde en parle spécial fin d’année » qui décriait l’usurpation d’identité dans Facebook dont il était victime. Il semblerait que son nom et sa vie soit utilisés pour attirer des fans. Rien de méchant, mais franchement inquiétant quand nous y réfléchissons un peu. Dire que j’ai accepté d’être fan d’André Sauvé sans vérifier plus en détail.
Quels sont les mots d’ordre ? Prudence et jugement, je dirais. Il ne faut pas revenir à l’usage exclusif des pseudonymes, car bien honnêtement ce n’est pas la solution, même si parfois ils sont bien utiles. Par contre, avant de donner trop de détails de votre vie, comme des dates, des adresses, des téléphones, etc. Demandez-vous qui en fera usage. Si un inconnu pourrait le faire incluant les marketeurs, la réponse est claire et nette : ne mettez pas l’info. Vos amies qui sont assez proche de vous, auront bien d’autres moyens de vous parler. J’ai déjà écrit sur les trucs du réseautage. L’idée c’est de reconnaître que vous seul pouvez gérer votre vie privée dans le Net. Soyez honnête, mais discret. Après tout, vous ne feriez pas entrer des étrangers dans votre maison, gardez-vous un peu de pudeur. D’ailleurs vous seriez surpris de savoir la valeur que votre information vaut pour les sites de réseaux sociaux qui vous hébergent. Mais à l’inverse, pourquoi les autres entretiendraient des relations avec vous si vous êtes anonyme et masqué? Avez-vous quelque chose à cacher?
Votre devoir cette semaine : vérifiez vos inscriptions dans vos réseaux sociaux…sans devenir paranoïaque ou menteur, ajoutez une couche de mystère dans vos profils personnels. D’ailleurs je vous invite à répondre à mon nouveau sondage, outil que je teste qui est totalement anonyme et si vous cliquez sur « view results » vous verrez les résultats.
P.S. Mon amie Louyse a créé son Facebook et continue son ascension dans le palmarès de Participe-Action. Depuis ce temps, elle a retrouvé des amies perdues depuis des années et elle a fait une nouvelle rencontre fort prometteuse. Raison de plus, pour continuer à sortir le nez de votre cachette sans vous montrez toute nue pour autant!
PPS. Vous pouvez voir mon nouvel extrait de conférence dans l’onglet conférence.
Bonjour Sylvie,
Très bon Blog.
Je n’ai pas pu répondre au sondage, parce que mon option n’y est pas.
Dans mon cas, comme bien des artistes, j’utilise un Pseudonyme, mais pas pour être anonyme, au contraire, pour être distinguée. Un peu comme un acteur de cinéma, j’utilise un nom que j’ai créé à mon goût. D’autant plus, qu’il existe à Montréal, une artiste qui porte le même nom exactement que moi, et qui a plus de notoriété… dans un domaine assez semblable au mien. D’ailleurs, dernièrement il y a eu méprise sur Facebook à cause de notre homonymie. Cocasse ! Ça me confirme que j’ai besoin d’être distinguée. Mon pseudonyme est utilisé conjointement à mon nom, j’ai même des amies qui m’appèle par mon pseudo…
Alors mon pseudo est en pleine santé, il mange des aliments antioxydants autant que possible…
Merci pour cette réflexion.
Sylvie alias Belcanto ;-))