En cette période d’élection, le sujet d’actualité est PKP et sa décision de joindre les rangs du PQ. Lors de l’annonce, j’ai souri à l’idée que cette nouvelle mettrait du piquant dans l’échiquier politique et un zeste de fraîcheur dans les débats de fond. Jusqu’à maintenant, je crois que le mot piquant est faible. Je me suis donc posé la question qui tue: et si l’arrivée d’un magnat de la presse sonnait l’alerte d’un référendum? C’est alors que j’ai mieux compris pourquoi la panique était prise un peu partout et que la commotion était si forte dans le milieu d’affaires et de la presse. Nous ne parlons pas ici d’une élection, nous parlons du projet de société qui revient avec un gros coup de poing sur la table, comme seul M. Péladeau a la réputation d’en être capable. Ayoye! Un coup de poing au ventre pour d’autres, car voilà un spectre de pays qu’on croyait endormi et peu probable qui semble faire trembler les colonnes du temple! Remarquez que j’ai peut-être mal compris sa motivation profonde!
Une vision numérique aussi claire que de l’eau de boue!
Personnellement, ce qui m’inquiète c’est encore l’absence d’une vision numérique pour notre société. Nous sommes en pleine campagne électorale où l’économie vient de prendre la position de tête aux côtés de la santé et je n’entends rien de concret au sujet de ce Québec numérique. À l’heure où nos vêtements nous parleront, que les lunettes Google nous guideront et que le BIG DATA nous suit à la trace, je ne comprends pas ce syndrome de l’autruche. Je vous donne ici quelques exemples des enjeux de société sans véritable direction:
- L’accès aux services Internet pour tous les citoyens, éloignés des centres ou pas,
- Les priorités de développement informatique et la synchronisation des efforts entre les ministères
- Le cadre législatif de l’impact du numérique dans les entreprises, les familles, les citoyens, etc.
- L’utilisation des médias sociaux dans le cadre des fonctions officielles ( le comment et le qui)
- La frontière d’accès que l’on souhaite mettre avec l’utilisation des données numériques qui s’accumulent partout et par toutes les entreprises
- La compétitivité des entreprises et la dérive des ventes en ligne vers les voisins du sud et ailleurs
- La numérisation du savoir avec l’exode des compétences
- La sécurité des données de plus en plus détenues entre les mains de trop d’intérêts
- Bref… la liste est encore longue surtout si nous ajoutons la biométrie, mais j’arrête ici! (complétez-la dans les commentaires)
Qui prend en charge ce ou ces dossier(s)? À quand un ministère numérique? Je n’ai vu et entendu personne évoquer la moindre piste de projet en ce sens. J’en suis totalement déconfite. Corrigez-moi si j’ai tort!
La télémétrie, un bon exemple pour comprendre les enjeux
En septembre 2011, j’étais invitée par les médias à commenter l’arrivée d’un coach de conduite virtuel pour les jeunes. Nous avions publié un communiqué de presse et comme nous étions mandatés pour la commercialisation de ce produit de télémétrie, nous avons lancé un véritable débat sur les vertus ou les craintes d’être ainsi suivi à la trace dans sa voiture. Nous avons donc amorcé une tournée pour rencontrer plusieurs compagnies d’assurance. Chacune était loin d’en être là, elles commençaient à peine à faire de la veille sur le marché. Nous avons donc laissé notre projet bien ficelé sur leur table à dessin et nous sommes repartis avec notre belle vision. Aujourd’hui, elles y sont presque toutes (pas avec nous malheureusement et ceci est un autre dossier). Nous avons même une compagnie d’assurance réfractaire (ou incapable de se payer le système de télémétrie) qui se moque de la télémétrie avec sa campagne » je le note » où le message est clair: chez nous, on ne vous surveille pas! Ainsi, je commence une discussion avec une amie qui me dit: « Bien là! Trop c’est trop! Pas question de me faire suivre sur la route par ma compagnie d’assurance, y’a des limites à Big Brother! ». Voilà, justement! Quelles sont ces limites? Je pourrais lui dire qu’un jour, seuls les conducteurs avec la télémétrie auront des primes d’assurances raisonnables et les autres n’auront simplement plus la capacité d’être considéré un risque modéré, ils seront donc de facto un risque élevé. Qui mettra la limite?
Si Steve Jobs avait sauté dans l’arène politique?
Je ne peux m’empêcher de penser à Steve Jobs lorsque je pense à PKP, même si la comparaison est boiteuse, j’ose. Pour moi, le personnage intransigeant de Jobs est au numérique, ce que Péladeau, cette main de fer dans un gant de crin, est aux médias avec sa convergence. Des hommes d’idées, les leurs! Directif et impitoyable, mais toujours au fil d’arrivée peu importe l’obstacle sur la route! Mais qui peut les blâmer? Après tout, leur motivation a toujours été limpide et leur richesse assez convaincante. La réalité devrait être toutefois simple en politique. La démocratie est une question de leadership avant tout, un vrai leadership, un leadership visionnaire. Pourquoi choisir un chef plutôt qu’un autre? Il faut d’abord avoir envie de la destination (et la connaître) et croire que cette personne est la meilleure pour nous y conduire. Pour diriger les destinées d’un pays ou d’une entreprise, il faut aussi une équipe et un pacte avec les communautés pour aller ensemble dans la même direction. Il faut être rassembleur. Tout cela n’a rien à voir avec l’argent, mais disons que c’est le seul symbole de réussite en affaires et la valeur du leadership lui est souvent attribuée à tort ou à raison. Par contre, nous sommes pas mal de monde à se demander quel sera le chef ou le parti qui parlera du dossier du numérique comme un enjeu réel et qui mettra la table pour que le Québec soit un leader en matière d’affaires numériques, car le futur est déjà là! Nous perdons des tonnes d’argent en taxes et en revenus et aussi en productivité. Je parie que Steve Jobs aurait eu un méga plan numérique pour ses concitoyens et que nous l’aurions suivi les yeux fermés!
La numérisation à l’ère de la pénurie de la main-d’œuvre!
Je ne peux pas m’empêcher de mettre aussi l’emphase sur le défi de la rétention du savoir. Vous avez sans doute vu le reportage de Radio-Canada sur la pénurie de main-d’œuvre et ce défi est en étroite corrélation avec le numérique. D’une part, il faut alléger les tâches répétitives qu’une machine peut faire et d’autre part, il faut extraire le savoir de ces têtes grises qui s’en vont à une retraite tant attendue. Sans une vision claire sur les enjeux que cet exode soulève, nous pourrions bien avoir un pays qui ressemblera au Japon. Une pyramide inversée, trônant au sommet tous les politiciens et hommes d’affaires qui n’ont pas planifié la relève, et les baby-boomers. Tous trop vieux pour faire quelque chose de concret et plus assez de jeunes pour réaliser leurs caprices de bourgeois fatigués. La relève ce n’est pas un sujet, c’est une alarme! Je vous invite à lire le e-book « Gardez votre savoir à l’interne » si le sujet vous intéresse! C’est un guide tiré d’un fait vécu dans une grande imprimerie québécoise qui vous permettra de planifier la rétention de votre main-d’œuvre. Vous pouvez également faire une auto-évaluation pour connaître l’état de préparation de votre entreprise, une copie du e-book est offerte gratuitement à la fin du sondage.
Que le premier chef à me parler d’une vision numérique articulée et prometteuse se lève! Je lui donnerai mon vote, c’est promis!
Au fait, à quand les élections en ligne… pas celle où on attend debout?
Et toi, qu’en penses-tu? Suis la seule à m’inquiéter?
Une nouvelle fois un grand plaisir de lire votre article