À chacun sa réalité augmentée: quelle est la vôtre?

Impossible de résister à l’envie de parler de la réalité augmentée, en cette date historique de la sortie grand public aux É.-U. des lunettes Google, ou les Google Glass.  À un coût exorbitant de 1 250 $ US, il est évident que l’objectif ici est de séduire un segment de la population que nous appelons les utilisateurs précoces (early adopters), et de toute façon, la quantité limitée et l’unique journée de ventes, fait foi de cette stratégie qui imite un peu les tactiques de mise en marché du défunt Steve Jobs. En effet, Google a toujours eu dans ses cartons, une foule de projets hyper révolutionnaires, mais celui des Google Glass n’était pas destiné à une commercialisation à ses débuts. Du moins, c’est ce que Nicolas Darveau-Garneau, directeur général de Google Québec avait affirmé lors d’une conférence aux membres de l’APCM à l’automne 2012. Il semble que la pression était forte des internautes pour expérimenter ce nouveau concept, sensé nous libérer les mains de nos appareils mobiles. Un autre pas vers la réalité augmentée, qui permettez-moi d’en douter, n’était pas une pression des internautes, mais une tactique délibérée, depuis au moins quatre ans (voir mon article à ce sujet), dans le but de stimuler la demande. Une approche de développement itérative appliquée à la réalité…du marché!

La technologie de prêt-à-porter à prêt-à-augmenter

Mes lecteurs ont sûrement lu l’article au sujet des technologies prêt-à-porter, inutile de m’étendre davantage sur ce sujet. Par contre, ce dont j’aimerais parler, c’est ce phénomène de la réalité augmentée que les technologies propulsent à une vitesse hallucinante dans nos vies. La réalité augmentée a simplement pour but de faciliter notre vie de simple humain, en proposant des outils technologies qui ajoutent une dimension 2D ou 3D à une réalité unidimensionnelle d’humain, et ce, en temps réel. Les applications sont nombreuses, et je dirais que le monde médical est très certainement le plus prometteur avec les humains bioniques reconstitués de toutes pièces par les miracles de la technologie (voir un article à ce sujet), ça vous rappelle une série télévisée? Il est fort à parier que l’informatique corporelle pourrait tous nous rendre immortel, du moins selon la vision de plusieurs, dont Atlantico. Mais, collectivement, nous devrions tous nous poser les bonnes questions quant aux limites et au cadre à mettre dans cette évolution inévitable et souhaitable. À quel point, la vie d’un humain doit-elle être augmentée grâce aux technologies?

Augmenter nos capacités humaines, bien sûr : mais lesquelles?

Ce qui me turlupine, c’est la priorité des actions que nous prenons dans cette quête d’augmenter les capacités de nous, pauvres humains limités. Nous avons décrié à la déconnexion humaine avec la venue des oreillettes pour les mobiles, encore pire, avec le phénomène de la nomophobie. Que réserve l’avenir avec cette perte de connectivité du regard qu’imposent les Google Glass? (Voir la vidéo). Se connecter au monde virtuel pour échapper à la réalité qui nous entoure? Qui mettra les limites dans l’utilisation de ce frein à la connexion avec les autres? Nous avons perdu le droit d’utiliser les mobiles en voiture, combien de temps faudra-t-il pour gagner le droit de voir les autres droit dans les yeux lorsqu’ils conduisent, marchent, parlent, travaillent et mangent (j’arrête ici…)? D’autant plus, que le principe de ces bidules est basé sur les technologies de reconnaissance vocale, qui selon mon expérience, ne fonctionnent pas très bien pour les langues autres que l’anglais. Mais, il faut tout de même parler pour activer les fonctions, j’imagine la cacophonie dans les restos, après les conversations cellulaires, préparez-vous au phénomène des Google Glass : « Glass, adresse resto SVP? ». Inventerons-nous un bidule pour augmenter la conscience humaine au passage? Un bidule qui pourrait rappeler à chaque égo qu’il ne vit pas seul dans cette société? J’imagine un petit choc électrique destiné à ceux qui oublient les autres… lol!

La vision numérique de nos gouvernements analphabètes technologiques

J’ai parlé, comme bien d’autres, de cette absence de vision numérique au Québec. Le Gouvernement canadien a fait une tentative avec son plan numérique, très timide, mais au moins rassurante sur le fait que nos dirigeants ont réfléchi à ces enjeux numériques pour le futur. En France, une jeune secrétaire d’État à l’économie numérique, Axelle Lemaire (franco-Canadiennne d’origine), assumera la responsabilité de la vision numérique dans le nouveau Gouvernement français. Ce défi collectif est bien compris en France, et dans bien des pays industrialisés aussi, chez nous c’est l’enfant pauvre de l’économie. Mais, lorsque les technologies évoluent si vite, et impactent autant la vie des gens, il est préoccupant de voir la lenteur des politiciens à tenir la cadence. Le nouveau Maire de Montréal a mis sur pieds le bureau de la ville intelligente, et il souhaite que Montréal devienne la ville la plus intelligente au monde, bravo! Que d’ambitions, j’adore! Mais, il passe pour un visionnaire en ce moment, d’où mon inquiétude étant donné que les priorités gouvernementales sont souvent déconnectées de la réalité, imaginez la réalité augmentée. Je ne parle pas ici des enjeux commerciaux de ces technologies pour les entreprises, alors qu’elles peinent, en majorité, à maintenir la cadence avec les défis associés aux stratégies numériques multicanaux. Non vraiment, je crois que notre société n’est pas organisée pour digérer autant de nouveautés en même temps. La vitesse de di-gestion de nos institutions publiques est dépassée depuis longtemps, et franchement, j’aimerais bien qu’ils augmentent leur réalité avant que la nôtre soit dépassée! Lorsque je vois l’âge moyen des politiciens, il n’est pas étonnant que cet analphabétisme technologique soit la norme. Un projet de société, indépendante, associée ou fédérée, ne devrait-il pas prévoir dans quelle réalité nous allons évoluer dans 5, 10, 20 ou 25 ans? Inspirez-vous du Dr Michio Kaku, même si les prédictions les plus difficiles, sont celles du futur, je vous parie que notre futur sera augmenté… espérons qu’il sera augmenté d’humanisation, et non d’aberrations!

Et vous, quelle est votre réalité augmentée?

 

Sylvie Bédard - Mind Drop

7 commentaires sur « À chacun sa réalité augmentée: quelle est la vôtre? »

  1. Le réel glisse vers le virtuel.
    Le virtuel glisse vers les datas.
    Demain, nos miroirs nous retourneront nos données personnelles.

  2. Merci Pour cet article Sylvie. Tu soulèves un point crucial pour la RA (et pour d’autres technologies numériques) : Nous parlons d’outils formidables auxquels nous devons trouver des usages … et parfois nous restons un peu feignants la dessus 🙂 Mais bon, je reste optimiste et continue de sensibiliser !

    1. Oui, je suis bien en selle sur cette notion de sensibilisation. Après 7 ans, ce blogue en a vu bien des révolutions numériques qui sont déjà incrustées dans nos vies, comme si elles y avaient toujours été!

      Merci pour cette participation qui, au fait, le seul salaire que je puisse espérer!

      Sylvie

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