Les modèles d’affaires du Web évoluent et les médias tentent de s’adapter
Si la nécessité est la mère de toutes les inventions, la peur de l’extinction doit en être le père!
Le magazine Time n’échappe pas à la baisse des revenus publicitaires. Les conséquences apocalyptiques qui planent sur cette industrie semblent stimuler la créativité de survie (voir blogue Sagesse populaire en révolution). Ainsi, je viens d’apprendre que le groupe Time a décidé de tenter une expérience pour un temps limité avec un nouveau magazine intitulé « Mine » (pas dans le sens de bonne mine ou Ti-mine), mais dans le sens de « mien ». Le nouveau magazine se convertit, le temps du test de marché, en une édition qui sera personnalisée au goût des lecteurs qui pourront sélectionner cinq champs d’intérêts parmi les 8 différentes publications de la filiale de Time Warner, un géant aux pieds d’argile.
Basé sur le principe de la consommation à la carte, un lecteur pourra ainsi se bâtir un magazine sur mesure et se le faire livrer à sa porte. Il y a un total de 56 possibilités éditoriales et une fois la combinaison choisie, il n’est pas possible de les changer. Si nous pouvons comprendre comment l’idée est née, il est plus difficile de justifier de quelle façon les lecteurs, habitués à l’idée de l’information à la carte grâce à Internet, reviendront à un jour à un magazine payant simplement parce que Time l’imprime pour vous (le test de marché est actuellement gratuit). Au fond, l’idée est aussi axée sur le principe qu’un lecteur de la version en ligne pourra aussi l’imprimer lui-même. À moindre coût, osons-nous présumer. Je ne miserais pas ma chemise sur le potentiel de ce concept, mais quand le sol menace de s’écrouler sous nos pieds, j’imagine que nous sommes prêts à tenter n’importe quoi. Le Figaro fait une bonne analyse de ce concept. Voir article du Figaro.
La révolution dans les médias est définie par le chaos en ce moment. Tout le monde cherche des façons de tirer son épingle du jeu sans se tirer une balle dans le pied. Les modèles d’affaires oscillent entre la gratuité compensée par la publicité et l’abonnement à coût réduit complété par la publicité. Dans tous les modèles, la clé est toujours la publicité. Or, la tarte publicitaire rapetisse continuellement. Je ne sais pas comment le défi peut être relevé en demeurant dans nos vieux paradigmes. Je ne suis pas devin, mais j’ai la certitude que les solutions résident ailleurs. Je crois que nous reviendrons dans un avenir rapproché au concept du troc dans une forme moderne et évoluée. Avec les possibilités infinies des nouvelles technologies, j’imagine facilement un système d’échange ordonné et facile à gérer qui permettra d’échanger des valeurs entre les consommateurs. Loin de l’idée originaire du médecin payé en œufs de poule pour ses soins à domicile, l’idée de remplacer les banques dans ce défi commence à prendre racine dans notre monde en quête d’équité sociale. Je ne parle pas ici d’une pensée anti-capitaliste, mais bien d’une redéfinition des acteurs et des moyens d’échange de biens et de services.
Les systèmes monétaires virtuels ne suivent pas aussi vite
Ce qui freine toujours les modèles d’affaires dans le net, c’est l’échange d’argent. Pensez à tout ce qui a un coût réel dans Internet (journalistes, productions vidéo, webdiffusion etc.) et chaque fois c’est la publicité qui paie. Cette situation se présente systématiquement si la gratuité est la seule option possible étant donnée la complexité reliée aux paiements ou la valeur marginale du produit. Personne ne paiera 10 cents en ligne, même si le coût ne serait pas un frein en tant que tel. J’imagine mal sortir ma carte de crédit ou PayPal pour 10 cents. Même si PayPal est une solution géniale pour l’acheteur et le vendeur, sa valeur réside dans les transactions ayant une valeur significative. Enfin, mon idée du troc dans un tel contexte consiste à monnayer concrètement sa valeur en tant que client ou lecteur. Imaginez que vous cumuliez des dollars de troc en ligne contre tous achats effectués chez un marchand participant et que seuls ces points puissent être échangés contre des accès gratuits dans les magazines en ligne, les vidéos ou tous services sans véritables modèles d’affaires. Ainsi je pourrais utiliser mon pouvoir de consommateur pour échanger des services en ligne contre mes achats virtuels ou non. Un système basé sur un modèle de carte Air Miles ou Aéroplan en ligne, mais moins restrictif et plus fonctionnel. Une véritable banque en ligne capable de solutionner bien des maux de tête aux médias et sites qui n’auront pas d’autres options s’ils veulent survivre. Je me garde les détails d’une telle idée qui germe dans ma tête depuis un bon moment.
À l’heure où je tente de choisir entre vendre mon livre en ligne et/ou l’imprimer, j’avoue que ces initiatives m’interpellent beaucoup. D’autant plus que l’avenir du livrel (e-book) viendra certainement aider des stratégies comme celle proposée par « Mine ». En attendant, si le Time veut croire que ses idées relèvent de l’innovation que grand bien leur fasse. Mais je crois que l’innovation réside ailleurs que dans la modification de l’offre ou des moyens de la distribuer. Elle réside dans la façon de faire des affaires en ligne afin que tout le monde y trouve son compte. Que le grand cric me croque si quelqu’un trouve la solution ou me finance pour la mettre en marché!
It’s Time to change!
PS Pour faire suite à mon dernier blogue, je vous reviendrai sur mon expérience de voyage avec Sunwing, je me suis fait prendre pour une valise! Vous aurez aussi deviné que j’ai terminé mon livre. Un an après que l’idée ait germé dans ma tête, j’ai relevé le défi. Il me reste bien du travail d’édition, mais le plus difficile est fait. À suivre!
Ouais! Je trouve que c’est une excellente idée ce genre de troc « virtuel ». Je crois qu’il faut creuser l’idée!
Bravo Sylvie, excellent article… et bravo pour ton livre!
Je suis toujours émue devant un accomplissement.
à la prochaine xx