Plusieurs personnes de mon entourage, de près ou indirectement par le biais d’un ami, ont quitté ce monde au cours des derniers mois pour aller rejoindre l’au-delà. Des personnes qui partent un peu trop vite et qui nous rappelle la valeur du moment présent. Certaines de ces personnes étaient actives sur les médias sociaux et franchement, ça donne des frissons lorsque Facebook prétend que ces disparus aiment un tel produit ou un tel service. C’est aussi indécent lorsque nous cherchons leur nom pour voir apparaître leur profil figé dans le temps, suspendu à leur dernière publication sur le mur… de leurs souvenirs. Imaginez maintenant que c’est votre mur et demandez-vous, comment vos proches feraient pour effacer votre existence numérique? Sans vos accès, sachez que c’est une véritable odyssée aux mille obstacles. Facebook, Google, Apple et cie, jouent la carte de la confidentialité à l’extrême limite, alléguant que ces informations sont privées. Ces géants obligent donc moult étapes afin de rendre le processus rébarbatif dans le but de « nous » protéger. Ainsi vous devez prouver que la personne est décédée (certes), que vous êtes autorisés à faire cette demande spécifique (hum, moins évident) et que les documents soient traduits en anglais, etc. Le summum est que toutes ces procédures ne garantissent même pas que votre profil sera jeté aux oubliettes numériques. Lisez l’article de La Presse à sujet.
Une confidentialité à deux poids et deux mesures
Lorsqu’il s’agit de profiter de nos données, ces géants du Web ont tout prévu. Lorsque les autorités veulent nous surveiller, il n’y a aucune limite non plus. Pourquoi est-ce si difficile de pouvoir assurer des « funérailles numériques » en bonne et due forme? À qui profite le crime? Je me gratte la tête en me demandant, mais à quoi peut bien servir un tel entêtement à vouloir garder un mort « vivant » sur les médias sociaux?!?! Il me semble qu’un compte inactif est évident et que quelques documents légaux devraient suffirent à faire disparaître ledit compte, non? Oui, il y a les photos et les courriels, mais lorsque nous sommes vivants, ces photos sont déjà propriétés de ces réseaux, quel est le problème de les redonner à un liquidateur d’une succession? Quant au contenu des courriels ou de notre bibliothèque de musique , je pense que tout ce nous avons été de notre vivant n’est plus de notre ressort. Si nous ne souhaitons pas exposer nos secrets à qui que ce soit, je vous dirais n’utilisez surtout pas les outils « gratuits » de Google, Facebook, Yahoo ou autres. C’est comme utiliser une cabine d’essayage en verre à peine fumé. Quant à notre musique, il serait plus que nécessaire de vous faire des sauvegardes. Comme je l’ai déjà écrit, nos traces numériques sont vraiment éternelles et bien plus que nous de toute évidence.
Le syndrome de l’autruche à l’ère numérique
Depuis la nuit des temps, les gens naissent et meurent chaque jour et depuis toujours certains semblent surpris de constater que nous ne sommes pas éternels. Moi la première, je suis toujours sous l’état de choc d’apprendre qu’une amie est condamnée avec un diagnostic de cancer incurable, qu’un oncle, une cousine, un voisin, un parent est parti trop vite. C’est la vie! Triste constat, mais à l’ère numérique, il faut suivre le pas. En 2011, j’ai perdu une amie et je lui ai ouvert un compte dans memoria afin de lui rendre un hommage permanent. Un lieu où les amis ont pu aller dire quelques mots et faire leurs adieux. Facebook compte faire la même chose. Ils vont convertir votre page Facebook en page commémorative, un lieu de « recueillement » afin de permettre de vous rendre hommage. Si l’idée semble bonne, nous constatons ici encore, une volonté de nous garder mort « vivant » et surtout utile aux desseins publicitaires, à n’en pas douter! Pourquoi alors faire comme si nous étions éternels en refusant de prévoir l’inévitable? Un testament ne devrait-il pas prévoir des instructions quant à nos différentes propriétés numériques?
Des outils pour la gestion de la sécurité numérique
Même s’il est possible de contracter des services spécialisés en «nettoyage» des données numériques ou de coffre-fort virtuel (qui poussent comme des champignons) qui permettent de laisser des consignes concernant tous ses mots de passe, données bancaires, etc., nul besoin d’aller aussi loin. Je pense que si vous prévoyez un fichier spécifique sécurisé et que vous donnez votre mot de passe dans votre testament, vous pourrez sûrement permettre à la personne de votre choix de faire ce qu’il faut. En attendant, des lois se concoctent partout à travers le monde, car la dérive des données numériques commence à préoccuper tout le monde. Pourquoi la mort serait-elle épargnée dans cet encadrement? Déjà que des sites, comme Necrologia, s’en donnent à cœur joie pour préparer d’avance des textes à caractère funèbres afin de s’attirer du trafic le jour du décès de la personne célèbre. C’est bien connu, les journalistes le font, mais un peu plus discrètement. Nous, les petites gens ordinaires, nous demandons simplement à pouvoir effacer nos comptes numériques faute de pouvoir effacer nos traces numériques éternelles.
En espérant que votre conscience numérique a monté d’un pixel ou deux… dites-vous que la meilleure façon de guérir est encore de prévenir!
Qu’en pensez-vous? Avez-vous des idées, des commentaires ou des témoignages?