Qui n’aimerait pas voyager dans le temps… de le dire?

Depuis le début officiel de la pandémie, le monde a bien changé. Entre les entreprises et les individus qui composent la société se retrouve une avalanche de nouveaux paradigmes qui ont remis beaucoup de choses en question.

Au départ, plusieurs avaient prédit qu’il faudrait au moins deux ans pour revenir à une certaine normalité et je ne crois pas qu’en début d’année 2022 nous y serons. Rupture de stock à cause des nombreuses failles dans les chaînes d’approvisionnement et de fabrication, pénurie de main-d’œuvre, systèmes de santé surchargés partout dans le monde, non rien n’est « normal ». Sans compter que l’Europe frappe une 5e vague et qu’un nouveau variant arrive en Afrique. Selon ce que je vois et entends un peu partout autour et auprès de mes clients, ça fait presque deux ans que tout le monde gère en mode « Plan B » et il faudra en faire une habitude.

Tout le monde fait du mieux qu’il peut et franchement, nos attentes et nos standards en tant que consommateurs ont été aussi nivelés par le bas depuis le début de cette période sombre. Être répondu en deçà de 15 minutes chez le câblodistributeur ou chez votre banque est presque jouissif. Se faire servir en deçà de 30 minutes au resto, une véritable bénédiction. J’avais écrit un article sur l’excuse prête à servir de la covid et la lecture de l’époque est encore d’actualité.

Évidemment, les entreprises déjà très précaires dans leur capacité de servir leur clientèle ont subi le même sort que les hôpitaux, toujours au bord du gouffre. Et pour certaines entreprises, si la catastrophe des CHSLD était appliquée en pertes de client, nous pourrions qualifier le tout d’une autre forme d’hécatombe et avec elles seules à blâmer pour leur piètre qualité de service. Normal lorsque l’on gère toujours sur la corde raide avec un minimum de ressources. Il suffit d’une variable incontrôlable comme la pandémie pour rompre le fragile équilibre. Qui pouvait prévoir ça? Notre premier ministre l’a si bien dit : personne! (Sic)

Mais avec toute cette expérience de navigation en eaux troubles depuis presque deux ans, que font les entreprises pour reprendre le contrôle? Que font les gouvernements pour reprendre le contrôle? Une question qui alimente les médias depuis bientôt deux ans et dont les réponses sont à géométrie variable. À cela s’ajoute les gérants d’estrade munis d’une majeur en complotisme de l’université Google. Force est de constater qu’on navigue encore en eaux troubles et pour longtemps.

Avoir un plan B, est-ce suffisant?

Vous connaissez sans doute la série Plan B, celle qui nous fait rêver que sur un simple appel au service de l’agence Plan B vous pouvez retourner en arrière afin de corriger des actions erronées que vous avez prises? Si vous ne connaissez pas, laissez-moi vous dire que cette fantaisie est une utopie. Au pays des licornes, les fantaisies sont reines. Mais avouons que cela fait rêver d’imaginer que si nous avions su, que nous aurions pris des décisions différentes. Vraiment? Du moins, on l’espère. Et si vous aviez le loisir de voyager dans le temps? Si cette capacité était vôtre, sauriez-vous comment corriger vos erreurs du passé?

Regardons les choses sous un autre angle pour un instant. Et si prévoir l’imprévisible était possible?

Les plans de contingence et de continuité des affaires existent depuis des lunes. Mais force est de constater que les gouvernements et la majorité des entreprises ont encore beaucoup à apprendre et à faire en matière de plans B. D’ailleurs avec le nombre de diplômés à l’ENAP et d’autres universités qui gèrent des fonds publics et privés, il y a de quoi se poser moult questions devant ces lacunes bien au-delà de l’inacceptable, voire meurtrières comme nous l’avons constaté dans les CHSLD.

Les hauts dirigeants ne sont-ils pas payés à fort salaire pour prévoir l’imprévisible et justifier leur imputabilité? On dirait bien que non! S’ils pouvaient appeler l’agence Plan B, je parie qu’ils chercheraient tous à éviter le problème à l’origine de la transmission du virus ou à changer de chaise avant d’être responsables de ce merdier à venir.

Quoi qu’il en soit, si cette pandémie nous fait tirer des leçons, c’est bien celle que tout peut arriver, même les pires scénarios. Que faire à partir de maintenant?

La prospective est une véritable machine à voyager dans le temps

Et si on se donnait les capacités pour réaliser un véritable plan B non pas en retournant en arrière, mais en se projetant vers l’avant? Oui, la prospective est cette discipline qui me fascine parce que le jour où l’on découvre que l’important n’est pas de deviner ce qui va arriver dans le futur, mais bien de planifier ce futur et de l’anticiper en agissant sur le présent, et bien disons que ça change les perspectives.

Prenons un exemple que j’aime bien. Il y a une décennie, le pétrole montait en flèche. Les données semblaient démontrer que la courbe allait continuer de grimper indéfiniment au point où le coût de l’essence allait devenir un enjeu social. Selon ces prévisions, l’apocalypse du pétrole était annoncée. Or, qu’est-il arrivé concrètement?

Les solutions d’extraction plus coûteuses ont commencé à émerger et parallèlement les voitures électriques ont de plus en plus attiré l’attention du marché. Les gouvernements ont commencé à mettre des incitatifs pour l’acquisition des voitures électriques et maintenant, le futur s’annonce électrique. Et comme par magie, le prix du pétrole est retombé dans des prix plus normaux. Le même scénario semble se redessiner depuis quelques semaines, mais cette fois-ci les règles du jeu ont changé et les causes également.

Ici, c’est un exemple parfait de voyage dans le temps. Imaginons toujours dans cinq ans avec les données en mains et les tendances du marché et tentons d’élaborer des scénarios. Créons un futur qui soit contrôlé dans le présent parce que nous savons lire les indicateurs, leur donner un sens holistique et non simplement mathématique ou statistique. C’est possible et c’est la manière de voyager dans le passé… se projeter en avant pour agir dans le présent qui sera le passé du futur. Euh! Facile à suivre non? 😉

Revenons à une réalité bien présente, la pénurie de main-d’œuvre et le télétravail. Il y a plus de dix ans, j’en parlais et l’un de mes travaux de maîtrise portait sur le télétravail en 1999!!! Il aura fallu une pandémie pour briser les paradigmes non fondés des dirigeants plus de 20 ans plus tard. Dorénavant, c’est un enjeu majeure puisque retourner en arrière ne semble plus une option. Tous les employés envisagent une formule hybride ou 100% télétravail.

Du côté de la prévision des besoins de main-d’œuvre, c’est dit et répété depuis plus d’une décennie. Les employeurs les plus avancés étaient bien préparés à cette réalité. Ceux-là mêmes qui ont établi de nouveaux standards d’avantages sociaux, le GAFAM notamment.

La résistance dans les hautes directions à cet égard n’a pas servi leurs intérêts, et aujourd’hui ressembler aux autres n’est plus une option, c’est une absolue nécessité dans cette mare de compétition pour attirer les talents.

Se distinguer est dorénavant un véritable parcours du combattant. Les entreprises les plus innovantes songent même à offrir les semaines de 4 jours comme en Islande, en Nouvelle-Zélande et au Japon de manière officielle et permanente. Tout est considéré pour un employeur qui souhaite s’arracher les meilleures ressources. Tout ça pour dire qu’une direction bien renseignée et bien proactive pouvait dès 2010 préparer le terrain. Je faisais des conférences sur l’expérience client et l’expérience employé pour expliquer l’importance de se préparer face à cette rareté des ressources qui pointaient déjà le nez.

Il suffisait d’instaurer un système de veille complet (voir formation en veille et gestion de réputation) et confier le mandat de prévoir le futur et agir sur le présent à chaque responsable sectoriel. C’est comme ça que nous voyageons dans le temps, en nous projetant dans l’avenir et agissant sur le présent. N’est-ce pas là l’essentiel de la Présence, prendre conscience que nos actions du moment détermine le futur de demain?

Mais la prospective n’est pas l’apanage des directions sclérosées qui misent sur les profits à court terme. Encore moins les bureaucrates qui sont dirigés par les politiciens. Généralement, elles préfèrent pelleter les problèmes anticipés vers l’avant. Les gouvernements font la même chose, ils gèrent pour des mandats de quatre ans. Ils présentent un plan en campagne et l’oublient généralement durant le mandat. La prospective est l’antithèse de la gestion de crise, c’est la prévention. C’est influencer le cours de son futur. C’est paver la voie au prévisible imprévisible.

Que dire des environnementalistes qui font de la prospective depuis des décennies? Maintenant que le feu est pris dans notre maison, les gouvernements discutent des cibles de réduction à atteindre. Pour certains voir une tendance négative, c’est être alarmiste. Pour d’autres, c’est agir avant qu’il ne soit trop tard. De quel côté êtes-vous?

Le GAFAM des prospectivistes redoutables

J’arrive à l’étape de ma vie où parfois j’ai un peu de regrets d’avoir incité tant de personnes à sauter dans l’univers numérique avec le grand sourire. J’avais anticipé le danger de sombrer tels des zombies aspirés dans nos écrans, mais sérieusement, jamais je n’aurais cru que les nouveaux maîtres du monde mettraient tant d’efforts pour nous manipuler et nous soumettre à leur agenda.


Les récentes révélations sur les plans machiavéliques de Facebook avec la lanceuse d’alerte, Frances Haugen ex-ingénieure du réseau social, donnent des frissons dans le dos.

Aujourd’hui, c’est le nouveau combat des gouvernements : récupérer les pertes fiscales et sauver des industries en déclin à cause de leur laxisme. Allo!!!!! Ça fait au moins vingt ans que le ciel le prédit et que les dommages s’accumulent. Méchante prospective les amis! Ils vivaient sur quelle planète? J’ai mal au ventre de penser que nous allons tout droit vers un scénario encore pire. Lequel? Le métavers!!!!

Métavers : si jeunesse savait et si vieillesse pouvait!

Je ne sais pas si vous connaissez le Dr. Michio Kaku, mais j’en avais fait un billet disponible ici. Un véritable prospectiviste qui a bien décrit un futur potentiel à la lumière des percées scientifiques connues et imaginées. Je vous recommande la lecture fascinante de ses livres. Il était prévisible que la prochaine guerre des « stars » milliardaires serait le métavers. La machine à voyager dans le temps… de le dire! Décidez de votre destination et vous y serez dans le temps de cliquer!

Et franchement, nous ne pourrons pas dire que Zuckerberg ne nous a pas prévenus, il a même renommé son groupe Facebook : Meta. Ses intentions sont énoncées et très claires : dominer la prochaine vague Internet : le métavers. Attachez votre tuque avec de la broche comme on le dit par chez nous!

Oh! Vous ne savez pas ce qu’est le métavers? Disons que nous allons tomber dans une véritable réalité virtuelle qui vivra « réellement » aux côtés de la vie réelle… ou vice et versa. Un peu comme les débuts de Second Life où une certaine folie avait pris les accrocs par la gorge et le portefeuille en s’inventant une vie « virtuelle » inspirée de la réalité. Un jeu de Monopoly virtuel croisé avec le jeu Jour de Paie qui donnait un sens aux vies qui n’en avaient plus. Cette fois-ci, la réalité augmentée atteint un nouveau sommet et soyez assuré que les enfants nés aujourd’hui trouveront ce billet ringard et stupide lorsqu’ils auront 10 ou 15 ans.

Regardez cette vidéo qui explique super bien le phénomène avec une journaliste qui s’est prêtée au jeu du métavers pendant 24 heures consécutives. Hallucinant, mais ça le mérite d’être clair (en anglais, mais super facile à suivre).

Imaginez une année et lorsque les entreprises et gouvernements se prêteront au jeu!!! (Un article assez bien vulgarisé ici)

Revenons aux propos de ce billet. Comment agirons-nous maintenant que nous savons que nous sommes devant une nouvelle menace de notre équilibre mental et sociétal? Nous ne pouvons pas nier que nous le savons, c’est discuté partout. L’adoption est une question de quelques mois ou deux ans tout au plus. Comment allons-nous gérer les métavers comme parent, éducateur, politicien, gestionnaire, entrepreneur, consommateur, etc.?

Nous le savons, il y aura des bienfaits à pouvoir jaser avec notre médecin dans le métavers ou notre banquier et même nos collègues. Il viendra un temps où nous ne bougerons plus jamais de chez nous avec ces lunettes connectées ou lunettes VR (Virtual Reality) dans ces univers du métavers. Blade Runner nous en a donné un aperçu. Des prostituées en 3D, des pushers en 3D, des complotistes en 3D, des bandits en 3D, des clients en 3D… des clients?!? Ah! Ça devient intéressant n’est-ce pas?

Quelles entreprises résisteront à ça? Des clients en 3D et des employés en 3D, une véritable aubaine! Viendront les faux avatars intrusifs qui seront programmés pour nous manipuler comme les algorithmes d’intelligence artificielle le font déjà, mais à un stade plus sophistiqué. Nous aurons un visage connu sur leur corps d’avatar qui nous rappellera un parent ou un ami qui nous offrira un bon conseil ou une belle aubaine. Tout ça selon notre propre volonté, car nul ne pourra plaider l’innocence.

Le marché du métavers est déjà estimé à 1000 milliards et les enchères sur l’acquisition des actifs immobiliers est déjà commencé. Si vous attendez trop, il y aura de l’inflation dans ce monde factice aussi. Sérieusement, n’avons-nous pas mieux à faire comme société?

Nous croyons que tout ça est de la science-fiction, mais non. C’est déjà là. La course aux parts de marché est bien commencée. La nouvelle réalité virtuelle s’installe et les réseaux sociaux étaient simplement une pratique embryonnaire, une introduction aux dangers d’addiction des écrans. C’est dorénavant collé au visage que nous aurons cet « écran ». Un partage volontaire de nos vies depuis deux décennies dorénavant contenues dans de grandes bases de données possédées par les maîtres du Nouveau Monde. Black Mirror attention, vos émissions prospectivistes seront des œuvres d’antiquités sous peu.

En conclusion, si nous apprenions de nos erreurs, elles seraient déjà utiles. Mais encore mieux, si nous évitions d’en faire parce que nous savons, parce que nous les anticipons à la lumière de la lecture de notre environnement. Si les technologies nous étaient utiles pour élaborer des modèles prédictifs qui nous permettraient de ne plus jamais vivre de pandémies, de catastrophes naturelles, de morts précipitées dans les CHSLD, de pénurie de main-d’œuvre, de pertes de nos taxes au profit du GAFAM… ne serait-il pas le temps de se réveiller collectivement et d’exiger mieux de ceux qui doivent savoir et qui ne font rien? Ou pire de ceux qui savent et ne font rien?

Que direz-vous à vos enfants lorsqu’ils vous demanderont, c’était comment le monde réel avant? Celui que nous aurons oublié de préserver. Comme les autochtones le disent si bien : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous empruntons celle de nos enfants! »

Avez-vous le goût d’imaginer un nouveau futur pour votre entreprise? J’adore faire de la prospective avec les visionnaires! Que faire aujourd’hui pour être encore là et au bon endroit dans 3 ou 5 ans?

Je ne dis pas que nous pouvons tout contrôler, mais que pour changer le futur, il faut agir maintenant. Nous ne pouvons peut-être pas contrôler les vents, mais nous pouvons ajuster les voiles. C’est ça être un leader, prévoir l’imprévisible et gérer le prévisible.

Construisons le futur ensemble!

Blogue La Présence des idées

4 commentaires sur « Qui n’aimerait pas voyager dans le temps… de le dire? »

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