Depuis fort longtemps, nous voyons le phénomène de l’économie de collaboration, ou de partage, prendre des racines de plus en plus profondes dans nos habitudes de citoyen du monde. À un point tel, que les Über, AirBnB, Kijiji et compagnie révolutionnent chaque jour la manière dont nous faisons des affaires entre nous, simples citoyens branchés. La force de la collectivité est dorénavant propulsée par l’abolition des barrières à l’entrée et facilitée par les places de marché organisées pour le commun des mortels… par le commun des mortels. Franchement, peu importe notre point de vue, nous serons tous d’accord pour dire : le point de non-retour est arrivé! Maintenant où sera le point d’équilibre?
Les plateformes sociales menacent l’ordre établi
Lorsque j’ai parlé de la face cachée de l’économie darwinienne avec ce billet en novembre 2014, je rappelais que l’économie de partage telle que pensée par ces nouveaux milliardaires du Web n’avait rien d’une économie de partage. En effet, maintenant que nous dérivons tous les revenus dans quelques poches, le partage est pour qui? En fait, en voulant révolutionner le monde, ces jeunes audacieux finissent par devenir exactement ce qu’ils ont combattu : les méchants capitalistes! Au passage, tout est redéfini et des industries complètes sont en chute libre. Les auteurs connaissent une chute drastique de leurs revenus (merci à Amazon), l’hébergement touristique également (merci AirBnB), les chauffeurs de taxi, les chanteurs, les graphistes, les traducteurs, les formateurs, et la liste est aussi longue que les gens qui perdent leur emploi, et leurs revenus avec l’avènement du « collaboratif ». De l’autre côté, il y a ceux qui tirent leur épingle de ce nouvel ordre, et qui profitent largement du nouveau chaos. Les barbares attaquent, comme les créateurs d’une nouvelle génération d’entrepreneurs « TheFamily » le disent si bien. Le dernier barbare en lice Prkair (le AirBnB du stationnement…génial!), vous aide à rentabiliser votre espace lorsque vous n’y êtes pas contre 30% de frais. Le problème est que le système a perdu la boussole, et à la tête de nos systèmes trônent des esprits dépassés et non préparés pour cette révolution numérique. Ça rue dans les brancards, mais les seules solutions imaginées sont des menaces de contrôle, de taxes, de la coercition en résumé. Une recette parfaite pour l’effondrement du système : une fracture entre deux rives. Nous voulons des ponts, pas des chaînes! D’ailleurs, où vous situez-vous dans le spectre du preneur, donneur, ou échangeur?
Redéfinir la vraie collaboration et l’économie de partage
À mon avis, la vraie collaboration s’opère dans un changement complet de mentalité, et d’une attitude totalement ouverte sur le monde qui nous entoure. Dans l’esprit de donner au suivant, de nombreuses initiatives vraiment collaboratives prennent forme partout dans le Web. Je suis abonnée depuis peu, grâce à un article dans La Presse à un groupe Facebook qui s’appelle « As-tu ça toi? ». Chaque publication commence par cette question, ou « veux-tu ça toi? ». L’initiatrice appelle cela une chaîne de dons, et les règles sont strictes : pas d’argent, pas d’échange (sauf si probable), pas de ventes, que de la générosité. Dans ces nouveaux villages numériques érigés sur la prémisse que donner doit être sans attente, et que recevoir gratuitement est encore possible, je suis témoin de choses extraordinaires. Vraiment, j’en suis renversée. Entre les articles que l’un donne, que l’autre demande, il y a aussi ce temps que certains offrent à la demande, et des conseils aussi lorsque le besoin se fait sentir. Osez vous abonner pour voir défiler cette chaîne humaine, et je vous parie que vous ne verrez plus votre quotidien de la même façon et que vous sentirez la valeur de l’esprit d’entraide. C’est fascinant et magique! Un avant-goût de la vie en mode collaboratif, réellement collaboratif et communautaire! Une façon géniale de faire de la réutilisation, et faire plaisir en donnant une 2e vie à vos articles.
L’avenir est collaboratif : cessez de résister et embarquez dans l’esprit du partage
Les égos accumulent des biens, les titres, la reconnaissance et l’argent. L’économie collaborative annonce la fin de la notion de propriété, rien de moins. C’est l’apologie de la vie en tribu! Le nouvel ordre qui s’installe est très inquiétant pour les tenants du « statu quo », et très stimulant pour la génération qui croit que la vie est un peu comme dans les jeux vidéo. Mais au final, l’économie que nous avons construite, même fatiguée et épuisée, est encore la seule que nous ayons. Si nous prenons la voie de changer le système, il faudra aussi assumer qu’il y aura des conséquences sur notre système de valeurs personnelles, et que des sacrifices aussi seront nécessaires dans nos repères sociaux. C’est à peu près comme si l’histoire de Robin des Bois était réécrite… sauf que ce n’est pas un film, c’est la nouvelle réalité. Imaginons que les « pauvres » et les « riches » n’aient plus rien à se voler, mais tout à partager? Préparez-vous à vivre le chaos tant que nous n’aurons pas trouvé un nouvel équilibre dans cette économie fragilisée, et ça commence avec chacun de nous! Un jour, il faudra choisir son camp : défendre le statu quo, ou militer pour une réforme complète du système et participer à le révolutionner. Il est utopique de penser que nous aurons le meilleur des deux mondes… il y en aura un nouveau… tout nouveau, où votre imagination ne peut pas encore vous mener, mais que votre Présence peut préparer!
L’esprit de partage commence par une attitude de soutien à ceux qui osent dire… et faire! Que partagerez-vous aujourd’hui? 😉