Les 5 C du crédit revisités avec les médiaux sociaux : surveillez vos actions et votre identité numérique!

Ceux qui me connaissent depuis longtemps le savent : je suis une ex-banquière qui connaît très bien le système bancaire canadien. J’ai fait du crédit à une époque où notre « pifomètre » était encore utile pour détecter les comportements de crédits de nos clients. Nous avions des outils aussi, bien sûr, mais notre jugement avait encore de l’importance au final. Un jour, certains futés ont cumulé des millions de données afin de tracer un portrait des habitudes de crédit en fonction des résultats associés aux revenus et pertes sur une très longue période. Le résultat a permis de modifier le pifomètre par des outils informatisés qui se mirent à faire le travail des directeurs de crédit. Ce fut la fin du jugement humain. Si tu es dans les normes jugées acceptables, c’est une approbation illico sinon, un refus irrévocable. Le taux d’intérêt allait aussi être facturé en fonction du risque.

Les 5 « C » du crédit redéfinis avec les médias sociaux

Pour comprendre le nouveau phénomène qui frappe à nos portes, je dois d’abord vous expliquer ce que sont les 5 « C » du crédit. À l’ère du jugement humain, nous avions 5 critères à analyser pour décider de la solvabilité d’un emprunteur potentiel.

  1. Capacité financière (capable de rembourser ou pas)
  2. Caractère ou Comportement de crédit (comprendre ici le profil de l’emprunteur et son historique)
  3. Capital (la part investie par l’emprunteur vs le prêteur)
  4. Collatéral (les garanties à offrir)
  5. Conditions (le point clé selon l’analyse des points 1 à 4 pour déterminer le taux, la durée, etc.)

Or voilà que le phénomène des médias sociaux et des achats virtuels apportent un regard nouveau sur ces 5 « C ». Bill Clerico, le pdg des services de processus de paiement WePay, partage avec nous les résultats de l’analyse de millions de données cumulées à travers Facebook, Instagram et compagnie pour détecter les fraudeurs et les mauvais payeurs. Oui, nous sommes rendus là! Vous pouvez lire l’article complet ici en anglais. Non seulement, les médias sociaux permettent de réduire le risque lorsque les données sont bien utilisées, mais ils permettent d’apporter un nouvel angle à l’analyse du 2e C – Comportement. Les données croisées déjà disponibles pour analyser le crédit pourraient bien un jour se juxtaposer aux données recueillies via les médias sociaux afin de compléter l’analyse du comportement global via le virtuel. Tout cela à des coûts minimes et sans le besoin de demander une enquête de crédit formelle. Très populaire pour ouvrir des comptes marchands en ligne à l’heure actuelle. Nous pouvons imaginer la suite.

L’utilisation des données : la ligne entre capacités technique vs éthique

Au chapitre des chambardements de société, les médias sociaux ont la grosse part. Nul besoin d’élaborer sur ce fait, disons simplement que je résume le tout en disant : dis-moi ce que tu publies et je te dirai qui tu es! Nous ne sommes plus des avatars sur le Web. On se rassure d’ailleurs depuis que les cours de justice abondent dans ce sens en exigeant des propriétaires de réseaux sociaux de dévoiler les informations sur les utilisateurs qui dépassent les bornes (cas Twitter en France et les exemples s’accumulent partout à travers le monde). Dorénavant nous sommes un seul et même individu dans la réalité dite traditionnelle et celle, dite virtuelle. La frontière disparait au même rythme que l’apparition des solutions mobiles. Plus l’accès au Web se démocratise et se simplifie et plus nous abolissons les frontières entre ces deux mondes jadis parallèles.

Il m’apparait donc logique d’utiliser ce savoir qui se cumule afin d’en faire un usage intelligent. Nous parlons d’ailleurs de données intelligentes et les entreprises commencent à comprendre la richesse des applicatifs reliés à cette capacité de mieux comprendre leurs clients. Je suis donc tout à fait d’accord avec un usage au bénéfice collectif et individuel, notamment parce que les fausses identités virtuelles sont une vraie plaie qui mine le développement organisé du Web. Si tu n’as rien à cacher, que tu sois sur le Web ou ailleurs, partout tu exposes ton comportement réel que tu dois assumer. Il ne faut pas confondre avec l’espionnage électronique sur des données acquises contre son gré. Avec le débat actuel sur la vie privée aux É-U. sous prétexte de la protection du pays, j’avoue qu’ils ont franchi la ligne éthique. Le président Obama se veut rassurant, mais le doute persiste. Tout cela soulève donc un débat de société qui incitera chacun de nous à plus de vigilance sur le partage de ses données personnelles et à prendre position sur ce que les autorités morales, les entreprises et autres auront le droit ou pas d’utiliser pour notre « bien » ou le « leur »?! Entre la capacité à recueillir et traiter ces données, il y a la question éthique qui fera couler beaucoup d’encre dans les prochains mois, voire années. Si vous souhaitez mesurer le niveau de protection de votre vie privée en utilisant certains sites comme Facebook : PrivacyScore pourrait vous aider.

Les conditions gagnantes pour des données intelligentes

Pour ma part, je dis que tout est une question de consentement. Ce que je montre volontairement sur les médias sociaux est une chose publique ou semi-privée, mais mes conversations privées et courriels privés sous écoute… inacceptable… au nom de n’importe quel prétexte. Cela étant dit, oui nous payons pour les fraudeurs et abuseurs du système et je dis oui à toutes formes de solutions pouvant permettre de freiner leurs vils desseins, une seule condition : des données qui sont accessibles publiquement ou volontairement. Sinon, il faut un mandat de perquisition.

Soyons « social », mais surtout civilisés afin de laisser des empreintes positives sur notre passage! Votre crédit pourrait un jour en souffrir ou pourriez faire face à la justice pour des propos haineux. Notre identité numérique est tellement importante que les compagnies d’assurances ont commencé à offrir des assurances « vol d’identité » afin de nous protéger de tels préjudices potentiels (avant d’écrire ce blogue, je me suis fait cloner ma carte de guichet et la banque a bloqué ma carte et oublié de m’avertir… Grrr, nous sommes vulnérables).

Et vous, comment voyez-vous cela?

Sylvie Bédard

2 commentaires sur « Les 5 C du crédit revisités avec les médiaux sociaux : surveillez vos actions et votre identité numérique! »

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