C’est reparti! Un nouveau « buzzword » vient de faire son apparition et préparez-vous à l’entendre souvent dans les prochaines années : « Zero Foot Print » (Carbon trail) ou en français Carboneutre (Zéro trace de pas, je préfère!). La bourse du carbone ou climatique, selon le journaliste, entre en force. Nous pourrons dorénavant calculer une valeur « écolodollar » à tous les services et produits que nous consommons. D’abord conçue pour discipliner les gros pollueurs, la bourse climatique permettra aux entreprises polluantes de payer leur surplus d’émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits comme on achète des actions. L’économie de marché de l’« écolodollar » sera possible grâce aux entreprises qui auront réduit leur ou la production d’émissions de gaz à effet de serre qu’elles convertiront en crédits à cette bourse. Avec les « écolodollars » transformés en véritable dollars, ces dernières pourront continuer leurs efforts de réduction en investissant ces dollars à bon escient.
J’applaudis un tel projet, mais j’anticipe déjà que vous et moi, paieront les surplus de coûts engendrés par l’achat de ces crédits. À vos consciences citoyens et citoyennes, car lorsque le prix de notre pollution vient siphonner de l’argent sonnant dans nos poches, l’heure est à la réflexion engagée. Avec la flambée du prix de l’essence en prime, je suis certaine que le visage du parc automobile est destiné à changer profondément dans les prochaines années et notre manière de se déplacer tout autant.
Jusqu’à tout récemment, l’argument de l’économie de temps et d’argent engendrée par le « non déplacement » ne me permettait que rarement de vendre la webdiffusion et la vidéoconférence comme moyen «carboneutre » de communication. À peine un regard songeur de temps à autre pour trahir la conscience écologique de mes prospects, en tout cas certainement pas l’appât de l’économie d’essence. Les choses sont sur le point de changer drastiquement. Je peux vous garantir que la nouvelle notion de « Zero Foot Print » apporte dorénavant un poids considérable à l’argument de l’économie. Imaginons par exemple, que vous ayez le choix entre déplacer tout votre personnel ou déplacer la direction pour un meeting; admettez que le choix logique et sensé serait de ne déplacer personne et faire une webdiffusion ou une vidéoconférence. Votre décision aurait donc le mérite d’être le choix écologique et économique le plus sensé et vous pourriez le justifier à tous égards.
Cette option, rarement considérée jusqu’à maintenant, a toutes les chances de faire une montée spectaculaire dans les prochains mois notamment pour les organisations événementielles qui doivent jongler avec les budgets limités et le coût de l’essence qui monte en flèche. De plus, une pression externe s’ajoutera à leur casse-tête : la pollution de leur activité. Jusqu’ici leur argument massue était la nécessité du contact humain qu’une communication en ligne ne permet pas de manière optimale. Alors le choix qui s’impose depuis toujours consiste à prendre tout le budget pour un seul événement annuel et de recommencer l’année suivante. Dans l’espace temps, les suivis relationnels avec des moyens technologiques plus modestes sont négligés faute de planification en ce sens. Évidemment, il est difficile de s’attendre à ce qu’un organisateur d’événement se fasse « harakiri » ou encore que les membres de la direction qui aiment voyager à travers le monde proposent de faire un choix optimal pour le budget et la planète. Que faire maintenant pour être « politically correct » ou « eco-logique » ?
Une entreprise du nom de « Planétair » apporte une solution aux consciences torturées. Cette entreprise a vu le jour afin de démocratiser le principe d’accès à la bourse du carbone. Ainsi d’autres options « eco-logiques » peuvent faire contrepoids à l’idée de déplacer un petit groupe ou de très grands groupes. Avec un calcul relativement précis du nombre de kilomètres nécessaires au déplacement de tous les participants impliqués et selon le mode de transport choisi, vous pourrez faire amende honorable en achetant des crédits qui annuleront l’effet polluant de votre activité. Ces crédits symboliques ou certifiés, permettent des transactions véritables sur le marché et assurent que les entreprises qui travaillent à la réduction de la pollution soient adéquatement financées. Donc, devant l’impossibilité d’éviter votre déplacement ou vos déplacements, vous pourrez payer votre juste part de droits polluants pour certifier votre événement « Zero Foot Print ». Je parie que ce sceau, cet écologo sera impossible à éviter d’ici peu, car les consciences vertes l’exigeront et vous rappelleront à l’ordre dans vos oublis. De nouvelles options de déplacement devront donc être sérieusement envisagées pour le bien-être du portefeuille et de la planète. L’idée est de trouver la meilleure adéquation selon l’objectif recherché, le budget, le temps disponible, la récurrence anticipée et le comparable des moyens à notre disposition.
Il me semble depuis quelque temps que mon voyage dans le futur commence à atterrir dans le présent. J’aurais aimé avoir accès à ce sceau plus tôt, car toutes les webdiffusions depuis 4 ans auraient pu avoir le sceau « Zero Foot Print » au sens le plus littéraire et le plus pur de l’air et servir de tremplin à cette nouvelle conscience écologique. La bonne nouvelle avec ce nouveau sceau reconnu, c’est que vous pouvez polluer avec en prime la conscience tranquille. Vous paierez plus certes, mais si vous ne pouvez éviter les dits déplacements, vous compenserez vos émissions de gaz à effet de serre. La réflexion s’impose surtout si vous résistez à changer vos habitudes de déplacement et de communication, car ultimement même si ce sceau deviendra le symbole que vous avez réfléchi à vos options de déplacement, votre pollution demeurera bien réelle.
Dans ce même courant de conscience éco-logique, Patagonia, une entreprise totalement innovatrice dans sa façon de faire des affaires, a pris l’initiative de déterminer le nombre de « Foot Print » que chacun de ses vêtements parcourent pour se rendre jusqu’à vous. La Chine s’est pas mal loin quand on compte les pas…Reverrons-nous un mouvement d’achat chez nous? Cela aussi je prédis que oui si nous devons commencer à payer consciemment pour les « Foot Print » de chaque produit ou service. Je dis consciemment, car le transport a toujours été inclus dans le prix sauf que sa pollution n’avait pas de valeur monétaire. L’équation est simple : plus de carburant = plus d’ « écolodollars » pour le consommateur. À tout bien considéré, savoir pourquoi le prix augmente et acheter consciemment est peut-être la meilleure option pour éveiller la conscience collective. Dans ce mouvement, les achats de biens usagés, comme les boîtes en carton usagées deviendront un réflexe, enfin espérons-le!
Encourager le travail à domicile : urgence!
Dans ce « wake-up call » alarmant, le travail à domicile devrait donc être un choix encouragé, tout comme les affaires en ligne. Il y a 9 ans, j’écrivais une réflexion sur le télétravail dans le cadre de mon MBA, une autre vision qui va peut-être apparaître comme une solution logique dans notre nouvelle réalité d’affaires! Les entreprises ont résisté pour moult raisons toutes reliées à la portion contrôle, surtout qu’à l’époque de ma réflexion, il n’y avait pas de moyens technologiques pour palier à ces inquiétudes de proximité. Mon projet de bornes de services vidéo s’inscrit d’ailleurs dans ce courant du travail à domicile qui vise à permettre aux employés clés de répondre aux clients en restant à la maison devant un ordinateur peu importe leur situation géographique. Demandez maintenant aux employés de Bell, qui s’apprêtent à changer d’île, quelle serait leur préférence entre travailler de la maison avec la webcam pour dire « coucou » au patron ou faire un trajet Rive-Sud-Centre-ville, Centre-ville- Ile-des-Sœurs? Pour une entreprise aux moyens technologiques, leur vision de « Zero Foot Print » vient de prendre un rhume, que dis-je le virus d’une île!
En pensant au futur, j’imagine déjà la question du jour pour remplacer l’insipide commentaire sur la température : « Et puis aujourd’hui, t’a laissé combien de trace de pas? ». Je dirais zéro sans compter le lunch livré à ma porte et mes achats du jour et toi?
En attendant le futur, ma réflexion du jour :
À partir de maintenant, je m’efforce de laisser plus de traces positives que de traces de carbone!
Voici deux annonces parue le 6 juin 2008 après la sortie initiale de mon article – quand je dis « buzzword » dans les prochaines années, il aurait fallu lire: dans les prochains jours, mais je me réjouis que la conscience s’éveille! : Le Festival de Jazz de Montréal sera carboneutre – Certifiée « Compagnie carbone zéro », Absolu communication marketing fait un pas de plus dans sa démarche éco-responsable
Sylvie Bédard
Stratège – formatrice – Conférencière
L’univers des e-motions!
Excellent article. En effet, le projet du Campus à l’île est loin de faire des heureux. Il y a aujourd’hui même un « Campus Road Show » pour expliquer aux employés le pourquoi du comment et que sais-je encore sur cette décision.
Côté « trace de carbone » il y en aura épais entre la place Bonaventure et le Campus et je pense que bien des employés vont reconsidérer leur emploi à cause du voyagement excessif.
Je suis certaine que tes solutions technologiques seraient une planche de salut pour tous les employés de Bell. (Sauf peut-être M. Sabia).
A+ C’est toujours intéressant de te lire. 🙂