16 ans plus tard, la Présence plus urgente que jamais!

Rédaction 100% Humaine.

Si tu me lis depuis un certain temps, tu ne seras pas étonné de savoir que je célèbre aujourd’hui mon 16e anniversaire de blogue. C’est tout de même hallucinant à quel point le temps file. Au 15e anniversaire, j’écrivais l’histoire de mon blogue « Complice de votre Présence » : DEPUIS 15 ANS : LE MONDE BASCULE UNE BIT À LA FOIS! Je n’avais aucune idée de l’aventure qui m’attendait en tapant mon premier billet le 7 décembre 2007.

Dans la dernière année, j’ai ajouté une dizaine de billets à mes 400 billets, j’ai écrit un livre sur les enjeux de l’intelligence artificielle (Souveraineté numérique | Aux frontières du réel et du virtuel), traduit en anglais, en version imprimée, en version e-pub, en version audio et je patauge encore avec les plateformes pour répondre à quelques exigences pour le moins frustrantes pour le rendre disponible sur Audible. Mais, je n’ai pas chômé, et je dirais même que je suis essoufflée. Et je sais que j’essouffle mes fidèles abonnés, mais considérons le tout comme de la stimulation intellectuelle. Aux autres qui préfèrent tourner le regard, je dis dommage. Alors, mettons l’énergie avec toi qui souhaite garder le cap sur la réalité dans laquelle on vit.

Se maintenir à jour : un défi incommensurable encore plus essoufflant

Depuis 2007, j’ai eu l’idée de remettre un peu de perspective dans le chaos engendré par le Web. Parce qu’à l’époque, je voyais bien que les balivernes et les arnaques commençaient déjà. J’ai pris la main des dirigeants d’entreprises et rassuré les usagers sur les bienfaits de ce merveilleux monde qui s’ouvrait à nous. J’ai été une évangélisatrice du monde branché pour un Web axé sur la qualité relationnelle avec les clients. Avec ou sans moi, le vortex numérique aurait aspiré autant de monde, mais j’ai contribué au mieux que j’ai pu.

J’ai parlé de Présence avec un grand « P » justement pour faire du marketing de sens avec la panoplie de moyens pour se rapprocher des clients et non pour s’en éloigner comme beaucoup d’entreprises ont fait. Un marketing qui ne détruit pas les ressources de la terre et qui n’abuse pas de la confiance des clients. Un marketing qui ne cherche pas à combler des besoins inexistants, mais à répondre à des besoins bien réels.

J’ai écrit sur ces enjeux dès le départ de ce blogue. Depuis un an, l’univers numérique a connu un bond quantique avec l’intelligence artificielle générative (IAG). Je parle depuis 2012 de l’IA (en version de super calculateur probabiliste) et de ses pièges algorithmiques. Je me retrouve dans le même état d’esprit qu’en 2007 aux débuts du Web et des médias sociaux. À la différence que maintenant, les enjeux sont cruciaux et pourraient bien mettre à mal l’humanité sans un développement « responsable » de l’IA. Nous n’avons jamais eu autant de moyens de créer du beau comme du très laid.

Avec ChatGPT et ses comparses, la Présence est devenue non seulement urgente, mais elle est en grave danger. L’humain représenté par les créateurs, les entreprises, les travailleurs et tous les contributeurs qui ajoutent de la valeur aux contenus est en voie d’être rayé de l’équation du Web. Tu n’as pas être d’accord, mais si le sujet soulève un intérêt, lis mon livre, tu vas sûrement changer d’idée.

D’ailleurs, l’expression « Intelligence artificielle » est tellement galvaudée et utilisée à chaque occasion que comprendre tout ça est une sacrée bonne idée pour ta culture et pour en discuter en connaissance de cause. J’ai même vu une publicité d’une chaîne d’opticiens se vanter d’ajuster les lunettes avec l’intelligence artificielle!!! Avant, c’était qui et quoi qu’ils nous offraient pour ajuster nos lunettes? Pas un vulgaire humain toujours?!?!

Et tout évolue si vite que mon livre a déjà reçu 17 mises à jour en six mois. Lorsque je parle d’essoufflement, c’est peu dire. Chaque jour, la veille stratégique sur l’IA me prend en moyenne 1.5 h. Je lis tout ce que je peux, je teste des dizaines d’outils IA. Et chaque jour, le fossé se creuse entre ceux qui comprennent ce qui se passe et ceux qui font les autruches consciemment, ou pas.

Il y a tellement d’enjeux dans notre société que je peux comprendre qu’à un moment donné, il faut choisir nos batailles. C’est le pari que prennent les empereurs numériques en misant sur notre passivité habituelle. Tout comme les pollueurs qui jouent le déni scientifique de l’urgence climatique.

  • Il y a le nouveau type « Xavier Dolan » qui jette la serviette et qui préfère aller finir ses jours à la campagne à regarder le monde brûler.
  • Il y a le profil « Greta Thunberg » qui déplace des montagnes dans une quête titanesque de mobiliser le monde aux enjeux climatiques.
  • Il y a les autruches qui ferment les yeux et qui se pincent le nez pour ne pas sentir la puanteur du monde et vivre dans une bulle d’illusions en espérant que leur confort ne sera pas altéré jusqu’à leur mort.

Et probablement, des dizaines de nuances de gris dans cet étalage de pessimistes et d’optimistes qui comprennent tous malgré tout que le statu quo n’est plus une option. Certains négocient avec leur conscience en se disant, si je fais mon recyclage et mon compostage et que je conduis ma nouvelle voiture électrique, ça devrait bien aller.

Les nouvelles générations deviennent « zéro déchet » et boudent la viande. D’autres ajoutent un vote à Québec Solidaire en se disant : eux autres, ils l’ont l’affaire. Chaque pas avec la bonne intention et selon ses convictions, est un pas de plus. Les prises de conscience sont fondamentales pour enclencher le mouvement.

Malheureusement, il y a encore trop à faire au-delà de trier nos déchets et boire avec des pailles en carton. L’effort collectif et international est loin d’être la norme. Il faut plus que tous ces gestes et surtout plus de gens conscients partout sur la planète des enjeux entre l’urgence climatique et les dérives actuelles alimentées par les algorithmes de l’ignorance.

Je ne veux pas être « platte », mais je vais l’être : entre vivre dans le pays des licornes ou vivre dans l’anxiété permanente, y aurait-il moyen de réfléchir collectivement à tout ce qui déroule sous nos yeux de manière mature et constructive? Comprendre serait déjà un pas important. C’est le prélude à l’action.

C’est la littératie numérique qui m’obsède, car elle représente un enjeu majeur compte tenu de toute l’influence qu’elle exerce dans nos vies et des dangers de demeurer dans l’ignorance. L’IA ferait un excellent valet, mais un très mauvais maître. Je parlerai de mes autres obsessions, car j’en ai d’autres. 😉

Avec les robots qui apprennent à penser en humain : les humains doivent apprendre à penser en robot

Ironique n’est-ce pas ce sous-titre? Pourtant, c’est la triste vérité. Après un an à maîtriser les outils IA créés avec l’IAG (l’intelligence artificielle générative) ou si tu préfères, les « ChatGPT » de ce monde, la clé se trouve là.

Peu importe l’angle où je regarde les choses, le point de bascule est arrivé. Les IA ont pris une décennie (4 en fait incluant les hivers IA) à comprendre notre langage et notre mode de pensée, à se nourrir de notre art, notre culture, notre musique, etc.  Tout cela grâce à notre généreuse contribution de contenus 100% humains dans le Web dépourvus de droits aux yeux de ces voleurs.

Sans oublier, aussi grâce aux étiqueteurs (traducteurs d’images et coachs des IA) des pays du tier-monde sous-payés qui enseignent aux IA depuis des années la différence entre une photo de femme ou d’homme, entre un chien et une vache, entre une pomme et une poire et j’en passe. D’ailleurs, c’est grâce à leur travail que les voitures autonomes font leur entrée sur le marché puisqu’ils ont construit un lexique d’images afin que les caméras interprètent de manière humaine la réalité extérieure entre grand-maman qui traverse la rue et un cycliste.

Et ces mêmes IA ont pris moins d’un an à faire en sorte que les utilisateurs enthousiastes du nouveau Klondike IAG apprennent à penser en robot pour accomplir des tâches « humaines ».

Ce que je veux dire est simple : pour tirer le maximum de bénéfices avec ces outils IA, il faut penser en robot et faire les commandes (prompt) d’une manière à se faire comprendre par une intelligence artificielle. Je trouve cela d’une très grande ironie, même si la capacité de l’IAG à comprendre le langage humain est impressionnante. Il y a dorénavant des ingénieurs « Prompt » qui savent comment poser les questions ou plutôt donner des instructions qui peuvent gagner jusqu’à 300 000 US par année. C’est dire. Et je ne compte plus le nombre de merveilleux trucs que je reçois pour apprendre à tirer le maximum de ChatGPT.

Cela me donne à penser au fait que nous avons dû apprendre à communiquer par clavier après avoir connu le téléphone et la voix. Nous avons régressé pour s’ajuster aux ordinateurs et aux bidules électroniques. Nous sommes rendus presque collectivement irrités par un appel si un texto n’a pas prévenu. Maintenant les commandes vocales qui permettent de sauter par-dessus le clavier, mais qui au passage nous espionne sans cesse.

Dire que des chercheurs essaient actuellement de comprendre la façon de raisonner des enfants pour l’enseigner aux IA, car la clé de la créativité se trouverait là. Je crois rêver. En fait, les bébés humains sont les meilleurs apprenants de l’univers », a écrit Gopnik dans un article d’opinion paru en 2019 dans le Wall Street Journal . La quête pour que les robots apprennent se fait à coût de milliards. Mais quel investissement dans l’humain outre les efforts pour le reléguer en citoyen de seconde classe?

La réponse à l’intelligence artificielle : l’intelligence émotionnelle

J’ai fait des rencontres fort prometteuses au cours de l’automne. J’aurai de grandes nouvelles à partager sous peu (mes nouvelles obsessions 😉). Mais, l’une de ses rencontres est particulièrement révélatrice concernant les actions à prendre pour construire un futur qui soit dominé par l’humain pour les générations à venir.

L’OCDE estime qu’il faudra reconvertir professionnellement et améliorer les compétences d’un milliard d’humains d’ici 2030 (c’est dans 6 ans) avec l’arrivée de l’IA qui rendra l’éducation actuelle obsolète, si elle n’évolue pas. La bonne nouvelle est que l’IA ne pourra rivaliser avec le raisonnement complexe ou simple, la perception sensorielle, l’intelligence émotionnelle et sociale et la créativité. Compétences urgentes à développer chez les jeunes. Par exemple, si de grands modèles de langage existaient dans un monde où les seules choses capables de voler étaient des oiseaux, et que vous demandiez à une IA de concevoir une machine volante, ils ne créeraient jamais d’avion.

Cette capture d’écran provient d’une présentation faite par Delphine Le Serre lors du MTL Connecte 2023. Elle est fondatrice de EdHu2050.com qui vise à guider les institutions d’enseignements avec les nouveaux paradigmes des cursus scolaires à considérer. La fondation veut créer des écoles adaptées aux besoins de la nouvelle réalité. À voir. Une conférence éclairante ici.

L’IAG peut donc dire que telle action est socialement acceptable, mais ne peut pas l’expliquer sensiblement autrement que par les définitions apprises dans les données du Web. Ou encore, il lui est impossible de comprendre un comportement qui n’a pas été introduit dans son apprentissage, comme la réalité des non-genrés ou des transgenres.

À partir de quand une IAG sera capable d’absorber tous les courants sociaux et de faire la part des choses? Qui lui enseignera? Et que lui enseignerons-nous? N’oublions pas que les IAG sont des perroquets qui régurgitent tout ce qui est capté dans les milliards de données sur le Web. Nous avons peine à communiquer entre humains, imaginons maintenant que nous introduisons un pirate du langage humain totalement inorganique sans aucun lien avec l’humain dans nos conversions. Scoop : c’est fait!

D’ailleurs, dans mes recommandations en fin de livre, j’endosse la proposition d’interdire l’utilisation du « je », « nous » et « il » ou « elle » à une IAG. C’est une machine qui n’a pas d’existence. C’est une chose. Donc, « IT ». Il faudra inventer un langage épicène de choses : « Ça ou chose ». Hey! Chose! En français, le défi est énorme. Déjà avec le phénomène de l’érobotisme, les hommes ont déjà leur IA féminine en « elle » ou « she » et ils adorent. Imaginons si leur avatar n’avait plus le droit d’être « Elle » ou « she » : Hey Chose, donne-moi l’illusion que tu m’aimes, dis-moi des mots d’amour, ma belle chose.

C’est pourtant vrai, il y a 10 millions de Chinois qui se rabattent sur « chose » pour combler leurs besoins affectifs et érotiques. Ils la modèlent selon leurs fantasmes, les éloignant totalement de la réalité. Ceci s’ajoute à la montée du phénomène « Andrew Tate » qui vise les « incels », les célibataires involontaires.

L’intelligence émotionnelle, malgré les carences de certains humains organiques, est pourtant la seule chose qui pourra nous différencier des « IA ». Et parfois, je me dis que le robot ménager qui fait tout dans la maison avec son microprocesseur bien paramétré avec un joli visage risque de nous donner l’impression d’être plus intelligent émotionnellement que certains personnages qui font honte à l’humanité. D’ailleurs, nous pourrions contester l’idée d’avoir des visages humains qui trompent la mécanique des robots.

La Présence est le seul remède à l’IA

Alors que l’IA continue d’évoluer à une vitesse vertigineuse, et encore plus vite qu’anticipée, la course actuelle est la super intelligence artificielle qui dépassera l’intelligence humaine. Ce qu’on appelle la singularité. Et honnêtement, à mon avis, il faut la redouter même si les experts ne s’entendent pas sur la date de réalisation, ils s’entendent tous pour dire que cela arrivera. Nous sommes bien au-delà de l’arrivée du téléphone intelligent qui a rendu obsolète des outils du quotidien. Nous parlons de la plus grande prise de contrôle du savoir et de l’obsolescence de plus de 300 millions d’emplois.

La course actuelle est la super intelligence artificielle qui dépassera l’intelligence humaine. Ce qu’on appelle la singularité.

La Présence, ici l’intelligence émotionnelle, devra devenir la priorité de chaque instant dans ce monde qui se déshumanise probablement plus vite même que la dégradation de la biosphère. Avec la dégradation des rapports humains qui s’accélére dans ce monde clivé par les algorithmes de l’ignorance, le QE (Quotient Émotionnel) sera critique.

Le sens du « nous » est devenu l’apanage d’une caste d’éveillés spirituellement qui confronte la caste du « je » individualiste et protecteur de ses possessions. Plus l’état du monde va mal, et plus le « je » veux être sécurisé et privilégie le repli sur soi. Pourtant, plus le « nous » est nécessaire pour trouver des solutions pérennes aux enjeux planétaires et au « vivre ensemble ».

Avec les centaines d’emplois abolis dans les médias et ailleurs à cause notamment des revenus publicitaires dérivés à plus de 80% par les empereurs numériques et la cascade d’impacts qui s’en suit, croyez-vous que nous puissions recycler tous les chômeurs pour entrer dans le monde mené par l’IA?

Pour la plupart, ils deviennent obsolètes comme un frigo construit il y a moins de cinq ans ou nos appareils électroniques désuets après 2 ans. Des humains jetables par centaine par laxisme réglementaire auprès des empereurs numériques. Il est beau notre monde mené par les nouveaux maîtres du monde (GAFAM). Ils encaissent tous les profits et n’assument aucune conséquence des dégâts sociaux et économiques qu’ils causent.

Qui va assumer les frais de l’assurance-emploi? Comment allons-nous convertir ces emplois perdus pour créer de nouvelles opportunités d’emploi? Le déséquilibre socio-économique est déjà bien amorcé. Le manque de sens et de sentiment d’utilité conduit à une forme d’apathie et de dépression. Les coûts sociaux de toutes ces pertes d’emploi sont à ajouter dans l’équation. Si au moins, nous pouvions transformer ces pertes d’emplois en embauches dans le secteur de la santé et de l’éducation. Ça serait magique.

La Présence de chacun d’entre nous, incluant les gouvernements et les entreprises, sera la seule voie à suivre pour rester maître de cette transition qui promet du chaos à chaque instant.

16 ans à rapporter l’histoire numérique et l’influence dans la société.

J’ai encore tellement à faire et à dire. Je vais continuer d’écrire pour trouver des pistes de solutions face à l’invasion de l’IA dans nos vies et ses contrecoups. La prochaine année sera axée sur l’action. Je cofonde un OSBL qui permettra de tracer la voie pour ce qui vient devant. Ceux et celles qui me suivent depuis mes débuts auront sûrement entendu parler de l’écohérence.

Je me réserve un billet complet sur ce projet, car j’aurais bien le goût que des personnes allumées rejoignent la communauté d’écohérence. Pourquoi pas toi?

Jusqu’ici, je me suis fait un point d’honneur de ne pas guider qui que ce soit dans l’univers IA. Je ne suis pas encore à l’aise avec l’encadrement déficient et les ravages que l’IAG cause déjà. Pourtant, j’ai déjà des ami.es qui me demandent comment utiliser ChatGPT. Je ne sais pas si c’est une bonne idée de contribuer au chaos. Mon état d’esprit en ce sens est bien différent que l’enthousiasme qui m’animait au début du Web.

Je sais une chose, à force de l’utiliser, il devient difficile de s’en passer. C’est pire qu’une drogue, c’est hautement addictif. Mais l’argument des enthousiastes est le suivant : si tout le monde est drogué, comment pourras-tu suivre si tu ne te drogues pas toi aussi? Évidemment, je caricaturise, mais c’est exactement ça : le dilemme cornélien.

En attendant, je te remercie de me lire et surtout de partager mes billets. Je ne gagne aucun revenu de ce blogue. Ma récompense est de savoir que je gagne une petite bataille pour la littératie numérique. Sans mon lectorat, je me demande bien pourquoi, j’investirais autant d’énergie à écrire ces billets.

Alors, tu as le goût de ne rien manquer?

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Attention !

Je prépare un billet pour la transition vers 2024… Tic tac, le compte à rebours est bien commencé.

PS Je me demande bien où je serai à l’aube de l’année 2040, soit dans le même 16 ans droit devant.

Sylvie Bédard - Mind Drop

3 commentaires sur « 16 ans plus tard, la Présence plus urgente que jamais! »

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