Je suis toujours fascinée par le succès en affaires de certains personnages devenus mythiques au fil de l’histoire. Pensons à Richard Branson, Henry Ford ou même en finance, Charles Schwab qui ont révolutionné la manière de faire des affaires à chacun leur époque. Ces trois hommes d’affaires ont en commun, un trouble de dyslexie. Des études sérieuses démontrent une corrélation avec le métier d’entrepreneur et la dyslexie. Il semble qu’un entrepreneur sur trois serait dyslexique aux États-Unis. Je pense que nous pouvons extrapoler ici au Canada et pourquoi pas au Québec.
Think out of the Box : Dyslexie volontaire
Ce qui m’a fasciné dans cette lecture d’un article paru dans la version Web du Magazine INC., c’est ce lien que l’on fait avec le côté visionnaire et le trouble de dyslexie. En effet, je suis toujours moi-même dans cet état de dyslexie volontaire pour me forcer à regarder les choses autrement, le fameux « Think of the Box » ou le « Sortez de la boîte ». Cet état mental permet de regarder tous les angles possibles d’un problème afin d’y trouver une solution originale. La base de la créativité est depuis toujours axée sur la capacité à faire abstraction des paradigmes et des modèles prédéterminés. Ce trouble d’apprentissage favoriserait donc la capacité à voir les choses autrement.
Le décrochage et les entrepreneurs
On peut aussi se demander si le décrochage scolaire qui semble être plus grand chez certains garçons et le nombre d’entrepreneurs plus grand parmi les décrocheurs ne seraient pas expliqués en partie par ce phénomène de dyslexie. En d’autres mots, on pourrait certainement constater que la dyslexie entraîne un désintéressement à l’école et chemin faisant un goût pour l’entrepreneuriat ou est-ce l’inverse? À voir le plus petit nombre d’entrepreneurs per capita au Québec, on pourrait aussi se demander si nous avons moins de troubles de dyslexie que le reste du Canada. Je sais, je pousse un peu loin, mais c’est ça le phénomène de la créativité : envisager des pistes que personne n’avait envisagées auparavant.
C’est ça l’esprit d’un entrepreneur, l’antipode du gestionnaire. Pierre Duhamel a bien résumé cette différence à partir d’une étude américaine dans un article intitulé : Entrepreneur : l’anti-manager! On comprend mieux que le côté spontané de l’entrepreneur, moins cartésien, soit alimenté par une forme de chaos intérieur qui l’approche de la créativité certes et de la vision, mais qui l’éloigne de l’efficacité et la productivité. Une autre raison de voir les entrepreneurs comme des visionnaires qui sont capables d’articuler des idées originales, mais qui doivent s’entourer.
Des affaires qui sortent de la boîte… Saisir imparfaitement l’inconnu!
Les entreprises qui font l’exercice de la « dyslexie volontaire » trouvent parfois des idées originales qui méritent vraiment l’effort de les matérialiser. Mais ce que je constate généralement en consultation, ce sont des idées embryonnaires issues d’un esprit cartésien qui a éliminé toutes les idées qui ne cadraient pas avec les opérations actuelles ou qui allaient demander trop de changements internes. On veut sortir de la boîte, mais pas trop… juste un peu! On appelle cela perfectionner le connu… et non innover! L’innovation, c’est saisir imparfaitement l’inconnu! Pas étonnant que nous soyons en déficit de créativité dans trop d’entreprise, on la tue avant qu’elle émerge! On dessine un éléphant et on finit avec une souris.
Parlez-nous de vos expériences en créativité dans vos entreprises… êtes-vous capable de faire de la dyslexie volontaire?