Décidément, les idées pour ce blogue ne manquent pas. L’actualité est tellement riche qu’il est même parfois difficile de choisir entre plusieurs sujets. Je suis tombée sur deux articles coup sur coup au sujet de Google qui soulevaient deux cas tout à fait opposés. Dans un coin du monde, Google Earth permet de renflouer les coffres de l’état et dans un autre, Google Maps fait l’objet d’une poursuite suite à un accident de la route. Cela m’a fait réfléchir aux modèles d’affaires basés sur la gratuité.
Comment un outil gratuit comme Google Earth peut aider le fisc en Grèce?
Je me rappelle lorsque j’ai écrit au sujet de la crise en Grèce dans le billet »Les descendants d’Épicure ou la descente des épicuriens : y aura-t-il une Grèce 2.0? » , je découvrais au passage les ravages que l’économie au noir créée sur les finances d’un état. Je pense d’ailleurs que l’expression se « grècer la patte » doit venir de la Grèce. À ce niveau, le Québec corrompu n’a rien à envier à la Grèce qui sont champions toutes catégories. Depuis le plan de redressement imposé par les pays sauveteurs, un nouveau héros est né en Grèce : Yannis Kapeleris. Il est dorénavant le percepteur d’impôts le plus redouté des fraudeurs fiscaux et le plus adulé des citoyens qui en ont raz le bol de cette situation. Ce qui est fascinant, c’est la méthode de ce percepteur à la volonté et à l’imagination débordantes. Non seulement a-t-il constitué une escouade spéciale (SDOE) pour récupérer des sommes volées à l’état, mais ce héros des temps modernes utilise des outils gratuits et résolument 2.0 pour l’aider dans sa tâche. Il utilise Google Earth pour localiser les piscines sur les terrains et il s’assure que les taxes sont perçues et ce, pour tout. Le principe est simple, si on possède une piscine c’est probablement parce qu’on a de l’argent. D’autant plus si on cache ce bien pour éviter les taxes, nous sommes face à un profil type de fraudeur fiscal. Que cache-t-il d’autre? Les collectes sont phénoménales paraît-il.
Alors voilà comment Google Earth est maintenant l’arme de prédilection de ce percepteur des temps modernes. À quand les radars pour brouiller les ondes satellites? Ou un partage des profits avec ceux qui fournissent l’arme? Attention « Big Brother is watching »!
Comment un outil gratuit comme Google Maps peut atterir au banc des accusés?
Je vous résume rapidement ce deuxième cas. Une femme utilise la fonction Google Maps à partir de son Blackberry pour trouver l’itinéraire qui mène à sa destination. Or, il appert que les instructions erronées l’ont conduite sur une autoroute qui ne permet pas le passage des piétons de manière sécuritaire. Elle se fait happer par un camion. Elle survit à l’accident, mais elle intente une poursuite à Google pour l’avoir guider dans la mauvaise direction et au conducteur du camion. Un peu comme la cliente qui poursuit McDonald parce qu’elle se brûle avec un café trop chaud, nous voilà devant un autre cas de jurisprudence qui pourrait changer l’orientation des entreprises qui fournissent des outils gratuits au public. Après avoir perdu une première fois en cour, Google doit aller devant la cour suprême des États-Unis pour faire appel d’un jugement à la fois injuste et qui porte atteinte à la notion de « mise en garde » pourtant bien fournie au bas de chaque recherche sur Google Maps.
Il m’est arrivé d’être en retard à cause de mauvaises indications de Google Maps ou de réaliser à temps que tourner à droite était une mauvaise idée de mon GPS, je me suis alors servi de mon GBS (gros bon sens). Mais quelle idée de poursuivre une compagnie qui offre gratuitement ses services? Je suis une entrepreneure et j’avoue que j’imagine mal une cliente me poursuivre pour un conseil payé qui n’a pas donné les résultats escomptés, mais encore moins pour un conseil gratuit qui l’a induite en erreur. Comment trancher la ligne fine entre responsabilité individuelle et corporative? Réponse difficile certes, mais combien cruciale en ces temps où on mélange trop souvent droits et privilèges avec responsabilités et devoirs.
Que de beaux débats à prévoir sur la scène du Web 2.0 qui construit à chaque jour de nouveaux modèles d’affaires et qui crée son histoire au fil de celle des autres. Oui la gratuité vaut de l’or, mais pour qui?
Que pensez-vous de tout cela?
Fascinant cette histoire de percepteur grec. Le Web 2.0 que tant de gens boudent et craignent est le changement de paradigme par excellence qu’il nous fallait pour penser et agir autrement et fait la brillante démonstration de l’intelligence collective à son meilleur. Merci pour ta rigueur de nous en tenir informer semaine après semaine. Ça me permet d’avoir le sentiment de faire partie de cet univers que j’apprivoise en bonne boomer que je suis, jour après jour.