L’été est bien commencé. Le téléphone sonne moins. Les vacances sont la norme dans mon entourage. Le monde de l’éducation profite de ces semaines de vacances. Bref! Le monde tourne au ralenti. Bien que lentement, il tourne toutefois de manière imprévisible.
Nous savions que la moitié de la population de la planète allait voter en 2024. C’est la montée de la droite partout sur la planète. C’est la montée des couilles en béton, oserais-je dire. Parce qu’il faut bien admettre que devant le chaos, les moutons cherchent un loup qui promet de devenir végétarien une fois élu. Qui veut d’un berger qui dort pendant que le loup est dans la bergerie? Nous sommes dans un clivage idéologique à la hauteur de la bêtise humaine qui a pris par le cou le bon sens.
Dire que des loups aux dents longues promettent le « gros bon sens » serait presque risible si la perspective de leur élection n’était pas si probable.
La France vient d’en faire une démonstration éloquente. Brillant la manœuvre des partis de la gauche d’avoir retiré des candidats du 2e tour afin de ne pas diluer le vote de la gauche au profit de la droite. Je sais une chose, pour avancer dans la vite, il faut mettre un pied devant l’autre, gauche, droite, gauche… ritournelle que j’ai dite à haute voix pendant mes années de marches aux pas cadencés.
Pour avancer en revanche, il faut avoir une direction. Une direction commune et surtout des valeurs communes. Difficile d’aller quelque part si la moitié tourne à gauche et l’autre à droite.
Comment faire pour aligner les valeurs d’une société et choisir une direction commune?
Je rassure immédiatement. Je n’ai pas la réponse à cette question pourtant fondamentale. Mais bien naïvement, je sais que la solution se trouve dans cette réponse : le Yin et le Yang, tu connais? C’est l’histoire de la vie. Le féminin et le masculin. Le bien, le mal. La vérité, le mensonge. Tout vient en paire dans la création. C’est en alliant les forces naturelles de l’équilibre qu’on parvient à créer de grandes choses.
Or, il semble que l’équilibre ne soit plus naturel dans notre société. Tendre vers l’équilibre est dorénavant un exercice qui provoque le chaos. Il faut toujours qu’une force veuille dominer l’autre. On joue sans cesse les équilibristes. Demandez à Macron qui aura à faire le funambule de l’équilibre du pouvoir. Demandez aux Américains qui auront à choisir entre le pire et le moins pire. Éventuellement le Canada, que dis-je, c’est le cas depuis le gouvernement minoritaire libéral.
Le problème est simple et la solution un peu moins : on ne sait plus se parler. On ne sait plus s’écouter. Le système de communication est parasité. On vit dans une chambre d’écho permanente où le disque qui tourne est toujours le même. Si on aime le jazz, c’est tout ce que nous servent les algorithmes. Mais pourquoi compter sur les GAFAM pour nous proposer de la musique alternative?
Après tout, c’est à nous de nous ouvrir et de refuser le sillon de la bêtise asservissante qu’on consomme de façon boulimique et volontaire. J’oserais dire de façon hypnotique. Nous le savons et on n’y échappe pas. Nous aimons les nouvelles pour les chats, écrites par les chats. Donc, si nous sommes un chien, aucune chance de lire des nouvelles de chats dans notre réalité virtuelle qui est dorénavant plus réelle que la réalité.
Nous avons exacerbé notre propension naturelle à entretenir une vision tunnel avec les technologies. Je te « like », tu me « likes », on se « like ». Facebook et ses semblables adorent nous garder dans un cercle restreint d’environ 25 personnes. Je ne t’apprends rien. Pourtant qui fait l’effort d’aller consulter une relation qui semble inactive sur Facebook (ou dans votre réseau social préféré) pour découvrir qu’elle ne l’est pas? Peu, ou personne. Moi, pour valider ces propos 😉.
L’objectivité en mal d’existence
L’objectivité, c’est voir les choses telles qu’elles sont vraiment, sans être influencé par ses opinions ou ses sentiments personnels. Comment peut-on arriver à prendre des décisions objectives dans un monde où nous sommes influencés à chaque détour et pollué par une pensée sclérosée et manipulée?
On dit que l’objectivité, c’est être fidèle à la réalité. Or, qui peut décrire les faits avec exactitude avec des preuves dans un monde où tout le monde a raison et tout le monde a tort?
Par exemple, un reportage objectif sur un événement présenterait les points de vue de toutes les parties prenantes sans favoriser un camp.
En résumé, l’objectivité consiste à être le plus neutre et factuel possible, en évitant de laisser ses opinions personnelles biaiser son jugement.
Jusqu’ici, ç’a toujours été le métier de journaliste qui endossait ce rôle d’observateur et rapporteur objectif. Mais voilà, on ne peut même plus partager de liens dans nos médias sociaux en provenance de la presse canadienne. Voilà que nous régressons dans la quête de développer un sens critique basé sur un effort d’objectivité.
Devant autant de vérités « alternatives », que fait le citoyen? Il fait le choix qui lui apparaît le moins pire et selon ses critères d’objectivité biaisés préalablement bien manipulés.
À quand remonte ta dernière décision d’achat ou électorale basée sur la meilleure option plutôt que la moins « mauvaise » option?
Nous sommes en mal de solutions convenables et de leadership « mobilisateur ». Le pouvoir est appliqué à diviser pour mieux régner.
Les choix politiques, économiques, consuméristes et environnementaux se font toujours pour choisir le moindre mal… jamais pour l’option la plus intéressante à long terme. Toujours la moins pire. Pourquoi? Pour éviter de briser le confort du court-terme.
Nous entendons dorénavant des analystes dire : les électeurs n’ont pas voté pour X, ils ont voté contre Y.
Wow! Ce genre de votes ne fait pas avancer la société. Heureusement, parfois, ça l’empêche de reculer. C’est le pari.
Quel est l’avenir de la démocratie avec des votes « contre »?
Il est souvent dit qu’un achat est un vote. Forcément, lorsque devant les étagères, ou notre écran, nous faisons le choix d’un produit ou d’un service, nous donnons notre argent à ce fournisseur. Nous savons seulement après l’achat, si c’était à la hauteur des attentes et à notre satisfaction. Choisir, c’est aussi savoir renoncer. En faisant le choix du yogourt Siggi’s par exemple, on rejette forcément les autres marques. C’est un vote « pour ». Mais l’avenir ne se dessine pas dans notre pot de yogourt.
Lorsque nous avons des choix importants à faire pour notre avenir en tant que société, serait-il possible d’avoir des choix qui ne sont pas dans la catégorie « moindre mal »? Serait-il possible d’avoir des options qui présentent des choix réfléchis et objectifs? Serait-il possible de voter « pour » une direction claire et comprise? Serait-il possible de voter pour des politiciens qui respectent leur parole?
Chaque jour, l’actualité nous rappelle l’urgence du dialogue collectif. Tout change. Nous ne pouvons plus continuer à nous comporter comme si le passé était garant de l’avenir. C’est la pire posture mentale.
Le 1er ouragan en juin d’une force inouïe démontre que le passé n’est pas garant de l’avenir. C’est peut-être une exception, mais parions que c’est une nouvelle tendance. Les météorologues veulent même ajouter la catégorie 6 pour refléter les nouveaux sommets de force que les ouragans ont atteints. Que dire des multiples événements qui bousculent nos certitudes et deviennent des enjeux de société? Les records de chaleur. Les feux de forêt. Les inondations. Les sécheresses. Les flux migratoires d’humains. La montée de la droite. Le désespoir de la gauche. Les combats des environnementalistes. La désinformation. Le piratage du savoir et de la culture par l’IA. La liste est très longue.
Les défis de notre société ne peuvent pas être résolus avec la pensée qui nous a conduits à l’état actuel des choses. Il faut envisager d’autres scénarios pour le futur.
Tous les peuples indigènes du monde qui tentent de préserver les coutumes ancestrales ont tous en commun de faire confiance à la sagesse des aînés. Le savoir et la conscience de l’autre se transmettent de personne à personne pour ne jamais oublier. Ils n’ont pas besoin de « cloud » pour stocker leur mémoire. C’est presque génétique. Leur ADN se modifie pour emmagasiner l’intuition presque primitive et l’instinct de survie.
N’est-il pas temps d’instaurer un mécanisme de conscience collective pour partager entre nous ce qui importe et donner une direction qui soit commune et explicite?
C’est le projet de l’Institut d’Écohérence : outiller la métamorphose sociale. Nous avons besoin de comprendre avant de trouver des solutions diachylons. Nous avons besoin de prioriser nos défis collectifs et d’exprimer le jugement et les perceptions collectives.
Les solutions seront tellement plus faciles à trouver et surtout l’acceptabilité sociale ne sera pas une quête quasi titanesque après que de mauvaises décisions ou des décisions non endossées soient enfoncées dans la gorge de la population. L’acceptabilité sociale sera implicite lorsque les défis reconnus comme prioritaires collectivement seront partagés et accessibles à tous de façon apolitique avec de la démocratie vivante.
J’aime exprimer ce projet comme le mycélium de la société. Le système de communication entre organismes vivants. La nature se parle via le mycélium des champignons. C’est mesuré et connu, voire fascinant. Quel est notre mycélium collectif pour se comprendre et cesser de voter « contre » la moins « pire » option?
Un jour, je souhaite de tout cœur que nous ayons une direction commune, des rêves communs et que nous cessions d’aller à gauche ou à droite, mais droit devant en n’oubliant pas d’où on vient, mais surtout en sachant où l’on va. Oui, l’agilité pourra exiger de nous de s’ajuster selon les forces dynamiques qui vont en s’intensifiant tant en force qu’en occurrence. C’est le but de la cartographie proposée, une capacité à ajuster les voiles en fonction des vents en temps continu.

J’ai parlé de la raison pour laquelle j’ai cofondé l’Institut d’Écohérence dans ce billet, si jamais ce billet suscite ta curiosité. Ma façon bien concrète de faire en sorte que nous ayons une solution à ce chaos qui s’est installé partout autour de nous.
Soyons résilients certes, mais n’acceptons pas les solutions imbéciles enrobées dans un beau crémage. Exigeons le meilleur de tous ceux qui veulent notre bien et qui le volent à la moindre occasion! Surtout mettons en place les mécanismes de dialogue non biaisés et accessibles pour regarder l’avenir de manière écohérente.
Bon été à vous!



