L’arrogance de la sagesse et l’insolence de la jeunesse

D’abord merci toi qui oses prendre quelques instants pour me lire. C’est si rare aujourd’hui. Écrire est devenu presque une perte de temps pour dire franchement. Mais bon, pendant que j’écris, je fais de la place pour d’autres réflexions et pensées dans ma tête qui bouillonne sans cesse.

Aujourd’hui, je ne vais pas te parler de l’IA ou de marketing numérique… je vais te parler de « Testament ». Oui! Oui! Exactement comme le film de Denys Arcand que je viens de voir en ce dimanche après-midi au cinéma. En passant, les critiques de cinéma ont été durs avec ce film, j’ai ri et pleuré aussi.

Je vais donc éviter de me prendre pour une critique de cinéma, mais le sujet m’a interpellé à bien des égards. D’autant que je visionne la série « Corps » sur Netflix qui se passe dans quatre espaces temps bien définis. La vision proposée du futur en 2053 et les propos du film m’inspirent cet article.

Le legs des générations

Lorsque j’avais 16 ans, je rêvais d’un pays bleu. Je rêvais surtout à l’égalité des chances pour les femmes. Cette égalité qui vascille encore et qui soulève les poils de certaines personnes lorsque le mot « féminisme » est évoqué. Peut-être qu’inconsciemment, je croyais que ce pays rêvé allait nous donner de la justice pour tous et de l’amour inconditionnel, peu importe notre sexe, notre orientation, notre couleur, notre origine, et j’en passe. Non, je n’ai pas fait « Woodstock ». Quand même, j’ai l’âge de Mafalda, pas de Betty Boop lol. Mais en réfléchissant au thème du « testament », il m’est difficile de ne pas penser à ce que nous avons à laisser aux générations montantes.

J’imagine que chaque génération se pose les mêmes questions souvent plus tard que tôt. Denys Arcand a été plutôt cinglant dans son film sur le vieillissement, mais particulièrement sur la culture « Woke ». Avant que je poursuive, il serait important de définir ce thème déjà galvaudé et peu compris par une portion de la population. « Woke » est littéralement « Éveillé » et pour souligner l’arrogance des « Wokes », nous pourrions dire « Réveillés ». Donc, ceux et celles qui ne sont pas « Wokes » sont par opposition « Endormis ».

Donc, selon le principe des « Réveillés », l’histoire est parsemée d’erreurs et d’injustices qui ont offensé les femmes et les minorités. C’est vrai. Je confirme. J’approuve. J’endosse. Mais au nom de cette histoire qui est écrite et passée, faut-il réécrire le passé ou écrire le présent? Enseigner les anomalies du passé pour corriger la trajectoire du futur me semble une stratégie plus saine et fondée. En cachant les injustices du passé, on ne les efface pas, nous risquons même de les répéter. L’histoire se répète, paraît-il? Donc, l’insolence de la jeunesse qui veut changer le passé se heurte à l’arrogance de la sagesse qui sait mieux. Qui a tort? Qui a raison?

J’ignore la réponse, mais je sais une chose : nous sommes responsables, jeunes et vieux du futur que nous préparons. À de nombreuses reprises dans le film, le personnage principal, joué par Rémy Girard, répète qu’il a fait son temps. Il est prêt à mourir dans l’oubli. N’ayant pas d’enfants, ni de famille, il est convaincu que sa vie est devenue inutile. Il paie même une personne pour l’écouter. C’est triste de penser que notre temps est fait… mais j’imagine que trop de personnes âgées en arrivent à cette conclusion un jour. On adopte des enfants, pourquoi ne pas adopter une personne âgée qui pense comme ça?

La préparation du futur regarde tout le monde : jeunes et ainés.

Depuis un bon moment, je m’interroge sur mon legs. L’écriture de mon dernier livre « Souveraineté numérique » aurait dû être écrit par un parent ou des grands-parents qui se soucient de la suite des choses.  Mais non, moi qui n’ai pas de progéniture, je suis pourtant très préoccupée par la suite des choses. Je dois admettre que je trouve que les « Wokes » ne combattent pas la bonne cause . Il y a tant à s’occuper dans le présent pour ne pas endommager notre avenir.

Plutôt que de vouloir changer les titres de livres ou jeter aux rebuts les livres bourrés de sexisme et de racisme, il faudrait peut-être en écrire de nouveaux qui soient inclusifs. Les nouvelles séries font très bien à cet égard. Il ne faudrait surtout pas laisser l’intelligence artificielle usurper la créativité humaine. Facile de critiquer le passé, mais pas mal moins facile de s’occuper de l’avenir. L’insolence des jeunes aurait avantage à regarder la vie selon plusieurs points de vue, car rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Quant aux personnes à l’aube de leur vie, l’arrogance de la sagesse ne devrait pas être réservée pour des discussions dans l’écho de leurs propres opinions et perceptions… il faut éviter à tout prix de faire des clans entre jeunesse et vieillesse. Il faut que notre société retrouve le sens du « NOUS » et que nous mettions au menu des discussions entre tous ces groupes d’humains qui se complètent merveilleusement bien. Ne dit-on pas : « Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait ».

Tout est toujours une question de perceptions. Ce n’est qu’en regardant vers l’avant tous ensemble, peu importe le chemin parcouru, ou à parcourir, que nous avancerons dans la même direction.

Le film « Testament » nous rappelle que nous sommes risibles comme société, mais aussi que le fatalisme n’est pas une option.

Pendant que nous nourrissons le clivage dans la société, nous éparpillons la force de notre mobilité collective pour construire ce futur qui requiert urgemment notre attention pour le garder sur les rails de l’humanité.

Parfois, je regarde les « baby-boomers » et leur peur de vieillir et je commence à les comprendre. Il est facile de se sentir exclu dans cette société qui ressemble de moins en moins aux couleurs de nos souvenirs. Difficile de se retrouver dans ce chaos qui préfère jeter les livres à la poubelle pour installer des consoles de jeux vidéo ou nous remplacer par ChatGPT.

Ça prend beaucoup d’ouverture pour accepter certains nouveaux concepts difficiles à comprendre pour une certaine génération comme le concept de non binaire évoqué dans le film. Il est fort possible que plusieurs ne parviennent jamais à adopter le langage épicène (voir mon article sur le sujet). Le formatage d’un cerveau commence dès le jeune âge. Si on demande aux personnes âgées de s’adapter, je pense que le minimum est bien que les jeunes prennent le temps de comprendre que le changement ne convient qu’à ceux qui en profitent et qui ont tout à gagner et rien à perdre.

Notre testament individuel est le premier pas pour un testament collectif! Et il est préférable de décider de son legs pendant qu’on peut encore l’enrichir et y ajouter de la valeur… des valeurs surtout. Nous avons besoin d‘intelligence sociale et de Présence plus que jamais tournés ensemble vers les prochains pas à prendre pour un futur inclusif et à échelle humaine.

Et toi? Que veux-tu léguer?

Réflexions du dimanche… ;)

Sylvie Bédard - Mind Drop

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