Combattre l’allodoxaphobie pour marginaliser les trolls!

Ah!Ha! Mon titre a attiré ton attention. J’adore les gens curieux. Je vais donc tenter de faire du moment que tu prends pour lire ce billet, une occasion d’apprendre et réfléchir à notre société qui souffre d’un sérieux déficit de civilité.

D’abord, réglons un point dès maintenant, mais qu’est-ce que l’allodoxaphobie? C’est un néologisme formé de deux mots grecs : állos, qui signifie « autre » et dóxa, qui signifie « opinion ».

L’allodoxaphobie est donc la peur des opinions. Elle peut se manifester de différentes manières, par exemple par une peur de s’exprimer en public, par une peur de débattre ou par une peur de se confronter à des opinions différentes de la sienne.

En termes simples, l’allodoxaphobie est la peur de la confrontation. Les personnes allodoxaphobes ont peur d’être critiquées, jugées ou rejetées pour leurs opinions. Elles peuvent également avoir peur de perdre le contrôle de la situation ou de se sentir dépassées. Vous ne les verrez jamais donner leur opinion dans un réseau social ou commenter un article de presse.

Présentés ainsi, nous pourrions considérer qu’il s’agit d’un trouble grave qui mérite une visite chez un professionnel de la santé mentale. Mais non, je crois sincèrement que si nous en sommes à vivre dans une société de désinformation, c’est parce que trop de personnes ont peur d’exprimer leurs opinions ouvertement.

Elles préfèrent laisser la place aux allodoxaphiles. Elles croient à tort que leur opinion n’a pas d’importance. Or, peu importe le degré de cette peur, il faut pourtant faire contrepoids dans l’espace public aux attaques sur la démocratie avec la désinformation et les trolls.

Le contraire de l’allodoxaphobie est l’allodoxaphilie qui est l’amour des opinions. Elle se caractérise par une curiosité et une ouverture d’esprit vis-à-vis des opinions différentes de la sienne. Les personnes allodoxaphiles aiment débattre, apprendre de nouvelles choses et découvrir de nouveaux points de vue. Ces personnes respectent l’opinion des autres et participent à la vie démocratique, ce qu’un allodoxaphobe évite.

Et les « trolls » dans tout ça?

Comme l’allodoxaphilie est une attitude positive qui peut contribuer à une société plus ouverte et plus tolérante, elle favorise donc le dialogue et le respect des différences. Les trolls eux font exactement le contraire. En termes simples, un troll est une personne qui cherche à provoquer des réactions négatives chez les autres, par exemple en publiant des messages ou des commentaires offensants, insultants ou dérangeants.

Les trolls peuvent agir pour le plaisir, pour nuire aux autres ou pour promouvoir une cause particulière. Ils ne sont ni allodoxaphiles ni allodoxaphobes, ils sont simplement des provocateurs. Ils adorent jeter de l’huile sur le feu et à ce compte, ils pourraient être qualifiés de pyromanes sociaux ou antisociaux en fait.

À l’instar des voyous de ruelles, les « trolls » attaquent de façon anonyme la démocratie en brisant d’abord des carreaux de fenêtres à répétition jusqu’à ce les victimes finissent par avoir envie de déménager ou fermer leur espace virtuel. Ces trolls sont parfois payer pour le faire par d’obscurs vilains ou le font par conviction envers un gourou tout aussi vilain. Ils peuvent agir en bande organisée ou en loup solitaire.

Ce n’est pas moi qui vais t’apprendre que ce fléau décourage dorénavant de bons candidats en politique à se présenter ou des politiciens à démissionner. Les « trolls » attaquent la démocratie à la racine. Ils donnent la vie dure aux journalistes qui par définition sont allodoxaphiles. Je vois parfois des chicanes virtuelles dans les commentaires de publications qui font honte à l’humanité.

Chaque fois que je vérifie l’auteur d’un commentaire incendiaire (rarement des autrices) c’est « Jo » ou le « Loup » ou « Rambo » n’importe quoi sauf évidemment un vrai profil. Ils agissent systématiquement à visage couvert et brouillent toujours leur véritable identité.

À l’heure des décisions fondamentales pour l’avenir revu et corrigé malgré nous par l’IA, je ne peux pas croire que nous soyons incapables de régler le cas des « trolls ». Et comment peut-on s’ouvrir un compte si facilement? Personnellement, je prône la souveraineté numérique et ça commence par des profils « véridiques ». Avec l’IA si « brillante », les réseaux sociaux qui savent tout sur nous ne peuvent prétendre ignorer qu’un faux profil est abrité dans leur écosystème et crée le chaos dans l’espace social qui n’a rien de virtuel outre le moyen d’expression.

Je ne compte plus le nombre de relations qui se font pirater leur compte Facebook qui permet à ces voyous de semer la zizanie en empruntant un nom réel. Facebook n’aide PERSONNE. Tenter de parler à une personne chez Meta une fois piraté, c’est comme essayer de faire décoller une fusée SpaceX sans qu’elle explose en plein vol.

Une autre de mes recommandations dans le dernier chapitre de mon livre soulève la nécessité d’établir un bureau d’Ombudsman numérique afin que les citoyens confrontés à des problèmes graves de sécurité informatique ou autres enjeux numériques soient en mesure de déposer des plaintes et obtenir des réponses.

Les géants du Web, les empereurs numériques comme je les nomme assez justement, sont tous coupables d’éviter de servir leurs usagers sauf pour nous inciter à dépenser plus de budgets publicitaires. Il serait temps qu’ils soient imputables et forcés d’offrir du service aux usagers qui subissent des fraudes et de l’usurpation d’identité. Dans le monde réel, c’est la police qui gère les criminels. Or, dans le monde virtuel, tout le monde s’en lave les mains sauf si le cas déborde dans l’espace tangible. C’est inacceptable.

Bon j’arrête ici, l’allodoxaphile en moi voudrait tellement que nous soyons plus proactifs à combattre les fléaux qui mettent à mal la démocratie. J’aimerais un antidote aux allodoxaphobes afin qu’ils participent davantage à la démocratie; une baguette magique pour faire disparaître les « trolls »; et un bon coup de pied au … des GAFAM pour qu’ils soient imputables et plus responsables de leur sécurité. Ils investissent des milliards pour nous contrôler avec l’IA et ils ne peuvent même pas gérer les fraudes en ligne et assurer un service aux usagers???? De qui se moque-t-on ici?

Je te recommande donc d’activer urgemment ta double authentification dans tes paramètres de sécurité de Facebook et cie. C’est un minimum à faire pour améliorer ta sécurité virtuelle. Parce que si tu es piraté.e, tu perdras non seulement ton compte, mais ton réseau sera inondé de tentatives d’hameçonnage pour être fraudé à leur tour sous le couvert de ton nom. Et tant qu’à y être, change ton mot de passe et prévient tes proches d’en faire de même.

En passant, Yuval Noah Harari vient de sortir un nouveau livre « Nexus » (anglais seulement) qui traite de la brève histoire des réseaux d’information de l’âge de pierre à l’IA. L’auteur du best-seller international « Sapiens » raconte comment les réseaux d’information ont fait et défait notre monde. Je le cite souvent dans mon livre. J’adore sa façon de présenter notre évolution qui nous ramène à notre régression collective et comment il parle de notre crise existentielle de société. Il est un allodoxaphile de premier ordre pour les débats sur l’IA.

Mais avant de grâce, lis mon livre ou écoute-le, il faut que tout le monde participe à la conversation. Nous devons assumer nos opinions et provoquer les débats civilisés. Je combats l’allodoxaphobie en quelque sorte à visage découvert. Et si tu en souffres, peut-être que tu pourrais commencer par tenter de partager un commentaire dans ce billet ou dans ma publication. Allez! Tu es capable, pas juste capable, ben ben capable! 😉

Sylvie Bédard - Mind Drop

PS Les « trolls » nuisent aux entreprises en faisant des commentaires négatifs. Les vrais commentaires négatifs virulents qui proviennent d’un vrai compte sont à traiter avec tact, mais souvent une exception. La technique de la gestion de la réputation démontre que la meilleure façon est de noyer les avis négatifs avec des avis positifs. D’où mon titre, si nous voulons amoindrir l’effet des « trolls », il faut combattre l’allodoxaphobie afin de diminuer la place occupée par ces fouteurs de trouble. Si nous participons collectivement à la conversation ouverte et civilisée, leur impact sera marginalisé.

2 commentaires sur « Combattre l’allodoxaphobie pour marginaliser les trolls! »

  1. Faisant partie des *philes en tout genre, j’abonde dans le même sens que toi. Avoir le front de ses opinions, ça prend non seulement le courage de ses idées, mais également celui de ne pas être aimé par certains.

    Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai osé verbaliser un malaise ou un désaccord alors que tous restaient silencieux, pour entendre ensuite une, deux, cinq, dix personne lever la main par la suite pour dire : « Oui, je crois ça aussi. »

    Parler, c’est aussi briser la glace pour tous les autres et leur donner le courage d’oser à leur tour.

    1. Merci Nathalie! Oui, il faut parfois ouvrir les sentiers de l’expression. Le leadership de la parole libérée est extraordinaire lorsqu’il est mu par des intentions constructives. Avant nous étions 6 millions fallait se parler… et maintenant nous sommes 8 milliards à vivre dans une chambre d’écho et à laisser la place aux esprits belliqueux. Merci d’être un allodoxaphile… le monde en a grandement besoin! :)

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